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Présidentielle au Gabon : un duel de générations

Le patronyme Bongo a, pendant près de cinquante ans, personnifié la présidence de la République du Gabon. Lors des élections qui se tiendront samedi dans ce pays d’Afrique centrale, Ali Bongo, fils de l’ancien président Omar Bongo, se présentera pour un second septennat. Pour l’emporter, il devra battre son rival Jean Ping, favori de l’opposition.

Le scrutin se déroule dans un contexte économique et social difficile. La manne pétrolière, pilier de la dynastie Bongo depuis le début des années 1960, s’est considérablement réduite du fait de la chute des cours. Or, selon les sources officielles, les revenus de l’or noir représenteraient 60 % du budget de l’Etat. Après une croissance de 6 % en moyenne entre 2009 et 2014, le FMI a réduit ses prévisions à seulement 3,2 % cette année. La situation critique à Port-Gentil, symbole de l’âge d’or pétrolier et capitale économique, illustre bien la crise. Les entreprises sur place, contraintes de réduire leur activité, auraient procédé à plusieurs milliers de licenciements.

Les détracteurs d’Ali Bongo dénoncent le manque d’efficacité de ses politiques économiques pour l’amélioration du niveau de vie des Gabonais. « Le Gabon est un pays riche – en pétrole, en manganèse… – et, paradoxalement, la population est très pauvre alors qu’elle ne représente que 1,5 million d’habitants, c’est-à-dire une ville moyenne française », avait critiqué Jean Ping dans une interview sur TV5 Monde en juillet.

Les « barons » du régime

Le Gabonais, de père chinois, affirme s’être présenté pour « mettre fin au régime Bongo ». A la mort d’Omar Bongo, en 2009, Ali avait succédé à son père suite à un scrutin très contesté. Problème, Jean Ping ainsi que les trois autres ex-candidats qui se sont ralliés à sa cause, ont eux-mêmes été des rouages majeurs du système sous Omar Bongo, au sein duquel ils jouissaient de postes à hautes responsabilités.

Ali Bongo, cinquante-sept ans, a pris le contre-pied des accusations de ces « barons » du régime, comme il les appelle, en se présentant comme le seul vrai candidat du changement. L’écart générationnel avec son adversaire Jean Ping, âgé de soixante-quatorze ans, en fait par ailleurs un candidat relativement plus « moderne » qui pourrait séduire la jeunesse. Les moins de vingt-cinq ans représentent plus de 60 % de la population et pourraient bien départager les protagonistes.

Craintes de violences post-électorales

Si Ali Bongo est reconduit, beaucoup craignent des violences post-électorales, comme ce fut le cas en 2009. La France en avait d’ailleurs subi les conséquences. Les médias locaux avaient sévèrement critiqué sa partialité dans l’élection, perçue comme un moyen de s’assurer une continuité dans la défense de ses intérêts sur place en faisant élire un Bongo. « Omar Bongo représentait autrefois la Françafrique et la défense des intérêts français. Aujourd’hui, le pays ayant diversifié ses partenaires, le résultat de l’élection n’est plus un enjeu aussi important d’un point de vue économique », nuance Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris.

J. B., Les Echos

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