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Violences au Gabon: « Je crois bien que c’est foutu… »

Les confidences, recueillies dans la nuit, d’un haut-fonctionnaire écoeuré par le hold-up électoral perpétré au profit du président sortant Ali Bongo Ondimba.

Appelons-le Jérémy. C’est un jeune quinquagénaire formé en Europe et bardé de diplômes. Voilà une vingtaine d’années, il a fait le choix de rentrer au pays natal, histoire de contribuer à son hypothétique envol. « Apolitique », ce haut-fonctionnaire a un temps servi à la présidence, dont il connaît les rouages et les travers. Hier samedi, il appelé vers 22h, désemparé. Verbatim:

« Je crois bien que c’est foutu. Ali [Bongo Ondimba, le président sortant « réélu » le 27 août] est sans doute en train de réussir son passage en force. Et nous voilà repartis pour un tour de manège avec le PDG [le Parti démocratique gabonais au pouvoir]. Je me sens écoeuré, dégoûté, au point de n’avoir maintenant qu’une envie: quitter le Gabon. Et je ne suis pas le seul. Car mon pays ne sera plus jamais comme avant. Il s’est fragmenté. Notre prétendue démocratie est malade du mensonge. Ce qui me retient ici, c’est ma mère. A 80 ans, après deux AVC [accidents vasculaires cérébraux), elle est en train de mourir dans un hôpital de banlieue où il n’y a rien. Pas même un médecin à même de renouveler sa perfusion.

« Bien sûr, on évoque maintenant une médiation d’Abdoulaye Bathily [ex-ministre sénégalais, aujourd’hui représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale], voire une résolution de Conseil de sécurité. Mais jamais Ali et les siens ne consentiront à un recomptage des bulletins bureau de vote par bureau de vote dans la province du Haut-Ogooué. D’ailleurs, voyez comme ses fidèles ont vite retrouvé leur arrogance. Ils se comportent comme s’ils avaient vraiment gagné.

Un comble…

« Quelques supermarchés ont rouvert ce matin, mais ici à Libreville, l’approvisionnement demeure aléatoire. L’Internet est toujours coupé. A mon avis, il s’agit d’éviter que circulent les photos de cadavres. Officiellement, on ne dénombre que cinq ou six morts. Mais j’ai la certitude qu’il y en a eu une vingtaine rien que dans quartier-général de [l’opposant et challenger malheureux ] Jean Ping [bâtiment pris d’assaut et saccagé par la Garde républicaine dans la nuit de mercredi à jeudi]. »

Par Vincent Hugeux

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