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Gabon : Ali Bongo juge biaisées les critiques de l’UE sur le scrutin

Il n’y aura de recomptage des voix de l’élection présidentielle au Gabon qu’en cas de saisine de la Cour constitutionnelle, a déclaré Ali Bongo. Il a également accusé les observateurs de l’UE d’avoir outrepassé leur mission, ce que dément l’Europe.

Dans un entretien accordé à la radio française RTL, Ali Bongo, dont la réélection à la présidence du Gabon est contestée par l’opposition, a affirmé mercredi 7 septembre qu’il n’y aurait de nouveau décompte des suffrages qu’en cas de saisine de la Cour constitutionnelle. Ce recomptage est réclamé par l’opposition – qui affirme que la Cour est totalement inféodée à la présidence – mais aussi par la France, notamment par la voix du Premier ministre Manuel Valls.

Mais Ali Bongo a dit et répété qu’une telle disposition n’était pas prévue par la loi électorale et relevait exclusivement d’une décision de la Cour constitutionnelle. « Nous avons une loi qui a été votée en 1996 et qui régit tout le processus électoral, je ne peux pas, moi, violer la loi », a déclaré Ali Bongo lors d’un entretien réalisé dans la nuit par RTL. « En ce qui concerne le recomptage, cela est prévu dans le cadre de la loi et se fait au niveau de la Cour constitutionnelle », a-t-il ajouté.

Jean Ping, principal opposant à Ali Bongo qui revendique aussi la victoire, n’avait pas annoncé mercredi matin s’il avait décidé ou non de saisir la justice. Il a jusqu’à jeudi 8 septembre, 16 h, pour le faire. Jean Ping affirme que la participation dans la province du Haut-Ogooué, dans le sud-est du pays, a été gonflée pour assurer la victoire d’Ali Bongo, dont la famille règne sur le pays depuis près de 50 ans.

Conflit avec l’UE

Ali Bongo a également renvoyé dans les cordes les observateurs de l’Union européenne (UE) qui ont fait état mardi d’une « anomalie évidente » dans les résultats, jugeant que « certains [d’entre eux] ont outrepassé leur mission ». Sur l’antenne de France 24 le 6 septembre, le porte-parole du gouvernement gabonais, Alain Claude Bilie-By-Nze, avait déjà accusé les observateurs d’être « partie prenante ». « La première anomalie, c’est que les observateurs européens ont passé du temps avec l’opposition. Ils ont voulu transporter des urnes et participer au décompte, ce qui n’était pas prévu dans le contrat avec l’État gabonais », a déclaré M. Bilie-By-Nze.

Également interrogée sur France 24, Mariya Gabriel, chef de la mission d’observation électorale de l’UE, dément toute connivence de ses équipes avec un parti ou l’autre et assure que les observateurs sont toujours « restés dans le cadre de leur mission ». « Depuis le début du processus, nous rencontrons tous les acteurs du processus électoral, nous discutons avec toutes les parties prenantes. […] Chacun des membres de la mission a signé un code de conduite et l’a respecté », a déclaré Mariya Gabriel. « Nous avons respecté notre accord d’observer et non pas d’intervenir », insiste-t-elle.

Une série d’anomalies

C’est dans le cadre strict de cette mission d’observation que des anomalies ont pu être observées, ajoute néanmoins l’observatrice. « Dans la province de Haut-Ogooué, lorsqu’on prend en compte les non-votants, les bulletins blancs et nuls, nous avons relevé une anomalie évidente », détaille-t-elle. « Et dans l’une des provinces, le nombre de non votants est supérieur à celui ensuite annoncé par la Cenap [Commission électorale nationale autonome et permanente] ».

Autre anomalie relevée : les équipes européennes n’ont pas eu accès à toutes les provinces. « Non conformément au protocole d’accord signé entre la république gabonaise et l’UE, nos observateurs n’ont pas eu accès à toutes les commissions locales et provinciales. Nous avons pu observer sept des neuf provinces et constaté, dans la province Haut-Ogooué, que les résultats n’ont pas été annoncés publiquement », poursuit Mariya Gabrielle.

Malgré les accusations du pouvoir, la mission va se poursuivre, « en toute neutralité et impartialité comme le travail fait jusqu’ici », assure-t-elle. Les équipes européennes vont ainsi continuer à observer jusqu’au jeudi 8 septembre, 16 heures, heure butoir pour que l’opposition saisisse la Cour constitutionnelle et, le cas échéant, pendant les 15 jours de gestion du contentieux électoral par la Cour constitutionnelle. « C’est par la voie légale que la confiance des Gabonais dans ce processus électoral pourra être restaurée », assure-t-elle.

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