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Au Gabon, l’armée se déploie dans les rues

Vendredi 23 septembre, les forces de l’ordre gabonaises encerclent le QG de Jean Ping, le principal adversaire du président sortant, Ali Bongo.

« Nous sommes encerclés par les forces de l’ordre. Des soldats. Ils contrôlent les allées et venues. Je ne sais pas ce qui va se passer », témoigne John Nambo, proche collaborateur de Jean Ping, joint par La Croix dans l’après-midi vendredi 23 septembre. Les forces de l’ordre se sont déployées autour du QG de Jean Ping, jeudi 21 septembre alors que la Cour constitutionnelle tarde à rendre son arrêt sur les résultats de l’élection présidentielle.

Mobilisation impressionnante

L’armée, la police, la gendarmerie, la Garde républicaine sont de sortie. La capitale est totalement quadrillée par les forces de l’ordre. « Je n’ai jamais vu ça », constate Marc Ona Essangui, leader de la société civile, « tout est sous contrôle ; les quartiers, les carrefours, les bâtiments publics. Les forces de l’ordre sont partout. Ce déploiement de force vise à nous intimider ». Les éléments les plus dangereux sont ceux de la Garde républicaine. « Ils ont commis les exactions du 31 août et du 1er septembre. Ces hommes sont les plus déterminés à servir le régime d’Ali Bongo », poursuit-il.

Inquiétude de la population

Pour l’heure, la population évite de sortir dans la rue. « Les gens ont fait des provisions : nourriture, eau, argent liquide », dit Marc Ona Essangui. « Le week-end va être long. Nous allons le vivre cloîtrer chez nous. Si la Cour constitutionnelle donne raison à Ali Bongo, les gens ne vont pas se laisser voler une nouvelle fois, la voix des urnes. »

Cafouillage de la Cour constitutionnelle

En principe, la Cour constitutionnelle devait donner son arrêt dans la journée de vendredi 23 septembre. Mais on ne sait pas à quelle heure ! Jeudi 22 septembre, la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, visiblement mal à son aise, avait fait cette annonce : « L’affaire est mise en délibéré. En principe, la décision pourrait être rendue à l’audience du 23 septembre, mais je demande au greffier de communiquer la date exacte, l’heure exacte aux conseils des deux partis. »

Une intervention confuse qui témoigne du trouble de la situation actuelle. Tout indique que le pouvoir s’apprête à reprendre la main au Gabon, avec l’alibi de la Cour constitutionnelle et l’appui des forces de l’ordre.

LAURENT LARCHER

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