Le dialogue politique comme solution à la crise que traverse le Gabon post-présidentielle d’août 2016, proposé par Ali Bongo Ondimba, continue d’alimenter les colonnes des journaux gabonais parus la semaine écoulée.
« Dialogue national ou partage du gâteau ? », s’interroge le journal Moutouki qui poursuit : « empressés d’entrer ou de proposer les leurs au Gouvernement dit d’ouverture qui, par ailleurs, est dans l’incapacité de proposer des solutions idoines aux difficultés ponctuelles et factuelles dont les grèves dans divers secteurs en sont une illustration parfaite. Le dialogue vers lequel courent les traîtres de la République est plus une mise en scène politique pour légitimer le pouvoir usurpé par Ali Bongo que quelque chose d’autre. Attendre une révolution de ce dernier est purement et simplement utopique, car Ali Bongo est un adepte de la démocratie artificielle », s’enflamme le journal.
« Dialogue d’Ali Bongo, échec de partout ! », grogne le journal La Loupe. « C’est inéluctable, poursuit le journal, pour avoir une once de légitimité, Ali Bongo a besoin d’un dialogue national. Ce dialogue, à l’image de la Conférence nationale de 1990, devrait être pour le fils putatif d’Omar Bongo l’occasion de tenter une sorte de réconciliation nationale et de redorer quelque peu son image. Sauf que sur cette question, Ali Bongo est, une fois de plus, en train d’essuyer un échec dans tous les sens du terme. Nul besoin d’énumérer les cadres du Parti démocratique gabonais qui songent plus à négocier les conditions de leur retraite politique qu’à se battre pour la messe de légitimation d’Ali Bongo. Conséquence, Ali Bongo, à défaut d’organiser un grand dialogue national, songe, désormais, à une petite foire de débats où il concédera quelques réformes. Histoire de sauver la face quoi ! », analyse le journal La Loupe.
« Que le dialogue voulu par Ali Bongo soit une mauvaise idée, renchérit le journal L’Aube, c’est un fait. Puisque c’est lui seul qui en tirerait le meilleur parti. Pourtant, quelques faits troublent la compréhension de ce jeu d’échec. Est-il seulement sincère quand il vante les mérites de ce dialogue ? », s’interroge le journal.
« Silencieux depuis le verdict définitif du dernier scrutin présidentiel, le Rassemblement Héritage et Modernité s’est enfin clairement exprimé sur les questions qui font l’actualité nationale en ce moment. Notamment l’appel au dialogue du chef de l’Etat réélu. Emboitant le pas à son président, l’ancien député de Cocobeach a estimé que le camp présidentiel ne faisait rien pour réunir les conditions pour la construction d’un environnement propice au dialogue, avec « la persistance d’un climat de répression jamais égalé dans le pays, des arrestations arbitraires et des assassinats de nombreux compatriotes ». Autant d’éléments qui ne militeraient pas en faveur du dialogue invoqué par le pouvoir dont les opposants de RHM ne reconnaissent pas par ailleurs la légitimité. Dans de telles conditions, un dialogue est impossible avec le président Ali Bongo Ondimba selon les héritiers modernes, sauf si d’après eux un tel forum n’est pas convoqué que pour « rétablir la vérité des urnes » », commente le journal Matin Equatorial.
« Faut-il faire sans Ping ? », s’interroge à son tour le journal La Sagaie. « A suivre le cheminement de l’opposition, du moins celle qui s’exprime ouvertement sur la tenue ou non du dialogue politique national, il se dégage de plus en plus comme une volonté manifeste de blocage. Et la question est de savoir qui réellement en tire profit dans un contexte actuel ? En Afrique, le Gabon n’est pas le seul et unique pays à avoir vécu une crise postélectorale, avec à la clé des violences politiques et matérielles », s’indigne le journal La Sagaie.
L’Agitateur