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CAN 2017 : Aubameyang, une histoire gabonaise

Qui se cache derrière le capitaine des Panthères du Gabon ? Comment s’est construite son extraordinaire trajectoire ? Les secrets de la réussite de PEA.

Derrière Pierre-Emerick Aubameyang (PEA), capitaine de l’équipe du Gabon et goleador en chef de Dortmund en Bundesliga, le championnat allemand, il y a la présence rassurante de son père, Pierre, le chef du clan Aubame. Ancien grand pro et capitaine de la sélection, le « sonneur de charges » encadre aujourd’hui avec bienveillance et justesse son fils. Est-ce là le secret de la réussite extraordinaire de PEA ?

Son père, Pierre, un historique du foot gabonais

Une chose est sûre. Parce qu’on l’a bien connu, tout au long de son parcours professionnel de joueur, en France comme avec l’Azingo – le premier nom des Panthères du Gabon – et que quelques années nous séparent l’un de l’autre, Pierre Aubame a toujours tenu une place à part. D’abord, parce qu’au début des années 90, les Gabonais pros en France se comptaient sur les doigts d’une main : à ses côtés, Placide Nyangala, Guy-Roger Nzamba et Régis Manon complétaient un groupe pour le moins symbolique !

Nous étions présents au stade El-Menzah de Tunis lorsque l’Azingo a effectué ses grands débuts en phase finale de CAN, l’après-midi du 26 mars 1994. Face à Aubame et ses frères, le Nigeria, futur vainqueur du tournoi. Score sans appel (3-0). Quarante-huit heures plus tard, le Gabon du Belge Jean Thissen quittait l’épreuve après avoir été sévèrement giflé par l’Égypte (4-0) au Zouiten, le deuxième stade de Tunis à cette époque. Aubame avait disputé les deux matches dans leur intégralité. Deux ans plus tard, l’Azingo remettait ça en Afrique du Sud. Avec un groupe rajeuni, mais toujours avec le père Aubame. Battu par le Liberia (2-1) mais vainqueur de la RDC (2-0), l’Azingo filait tout droit en quart. Titulaire, Pierrot a affronté la Tunisie à Durban, le 28 janvier 1996. Remplacé en prolongation, le chef de clan a vu son pays, coaché par Alain Da Costa Soares, se faire sortir aux tirs au but. Son 5e et dernier match en phase finale d’une CAN, à 31 ans. Une carrière internationale de plus de 80 capes, terminée en 1998.

Pierre-Emerick, un destin gabonais…

Né à Laval en 1989 (où évolua son père pendant quelques saisons) et cadet d’une jolie fratrie de footeux, Pierre-Emerick Aubameyang était donc encore minot quand son papa a joué son tout dernier match de CAN. Mais il conserve certainement le souvenir ému d’un « sonneur de charges » – un surnom que j’ai très vite attribué à son père, en raison de son volume de jeu et de ses qualités de contre-attaquant – très compétitif. International français espoirs, Pierre-Emerick a lié son destin au Gabon à partir de 2009. Des débuts tonitruants face au Maroc avec un but à la clé et une victoire (2-1). En 2012, chez lui, il termine co-meilleur buteur de la compétition (3 buts) mais précipite l’élimination en quart contre le Mali, à l’issue des tirs au but, puisqu’il rate sa tentative…

… conjugué avec son père

Quelques jours auparavant à Libreville, j’avais retrouvé Pierrot, qui faisait partie du staff de la sélection, en compagnie de son fils à l’hôtel de la délégation gabonaise. Casquettes vissées sur la tête, inséparables. Deux hommes extrêmement proches, ainsi que me l’a encore confié PEA lorsque je me suis déplacé à Dortmund en mars dernier pour rencontrer celui qui venait d’être désigné Meilleur joueur africain de l’année 2015. Intarissable quand il s’agit d’évoquer son père, Aubameyang confiait : « Il est mon guide, c’est comme ça que je le surnomme ! Mon père vient de très loin. Je sais ce qu’il a enduré depuis tout petit. Il est parti de rien à la base, et son père ne voulait pas qu’il joue au foot, plutôt qu’il soit militaire ou quelque chose comme ça. C’est sa maman qui lui a permis de venir à Paris où il a joué dans les petits clubs. Puis à Malakoff et Laval. Il a du charisme, et le temps lui donne toujours raison ! Il a toujours essayé de me parler à travers des paraboles, donc ce n’était pas toujours évident de capter le message. Plus jeune, je le respectais autant que je le craignais. Maintenant, il est comme mon meilleur pote, et je respecte infiniment l’homme qu’il est. Je l’ai vu travailler seul pendant des mois avant de signer dans son dernier club, à Rouen en 2001. Il m’a expliqué qu’il a toujours avancé comme ça. J’ai pris ça de lui, parmi mes traits de caractère. »

Le souvenir du trophée de Meilleur joueur africain

PEA m’avait également conté dans quelles circonstances il avait quitté Abuja (Nigeria) où il venait de recevoir son trophée, pour venir le présenter à Libreville. Instants inoubliables de communion avec son père et ses proches. « Après la cérémonie, mon père a reçu un appel du chef de l’État, Ali Bongo, qui nous a envoyé son avion personnel pour nous ramener au Gabon. Arrivés à l’aéroport, on a fait le tour de la capitale avec une voiture cabriolet, que conduisait mon père, pour présenter le trophée aux Gabonais, tout le monde était dans la rue. Jusqu’à la gare routière, le quartier de bandits ! C’était de la folie. Ensuite, on a filé vers le stade de Nzeng Ayong où nous attendait une estrade. Y a pas eu de larmes, je suis resté solide. Mon père était super ému mais il n’a rien lâché. Il s’est contenu, le sonneur de charges ! Ses paroles, en privé, quand on est un enfant qui a grandi auprès de lui… Là, tu as envie de pleurer… »

Pour cette CAN 2017, les précieux conseils de Pierre Aubame

Dans quelques jours, Pierre sera encore là, dans l’ombre le plus souvent, pour conseiller, corriger qui sait, tempérer sûrement, encourager toujours, ce fils adoré par tout un peuple (et apprécié partout en Europe et en Afrique) qui a repris le flambeau pour tenter de conduire pour la première fois le Gabon dans le dernier carré d’une Coupe d’Afrique des nations. La pression populaire est importante, les derniers résultats en demi-teinte ont conduit à la mise à l’écart du sélectionneur portugais Jorge Costa et à la nomination, courant décembre, de l’Espagnol José Camacho. Sans jamais se départir de son sourire désarmant, PEA s’emploiera à conduire les Panthères vers de nouveaux sommets. Cela commence ce 14 janvier au stade d’Angondjé, avec un match d’ouverture inédit contre les Djurtus de Guinée Bissau, invités surprises de cette 31e édition de la CAN. Et si sa quatrième CAN était la bonne ?

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