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Conclusions du dialogue : Pour quelle nouveauté politique ?

Ouvertes fin mars à l’appel d’Ali Bongo Ondimba, les assises du dialogue politique ont pris fin le 26 mai dernier, avec la remise officielle au Chef de l’Etat du rapport final des travaux. Si on note le retour au scrutin à deux tours comme seule réforme majeure pour toutes les élections politiques, la limitation du mandat présidentiel tant rêvée a été rejetée à l’écrasante majorité des parties prenantes. Par conséquent, dans l’opinion, on crie à la trahison des acteurs politiques, notamment ceux de l’opposition, qui semblent avoir fait le jeu du pouvoir.

Ils se ragaillardissent désormais d’avoir contribué à l’élaboration d’un certain nombre de réformes, en prenant part au dialogue appelé par Ali Bongo dans le tourbillon de la crise postélectorale d’août dernier. Les acteurs politiques qui ont participé au dialogue d’Angondjé, majorité comme opposition se targuent, depuis la signature la semaine dernière par les deux parties du rapport final ayant sanctionné les travaux, d’avoir contribué au débat politique national sur l’amélioration de l’environnement politique.

Ils avancent même que c’est un grand pas qui a été franchi dans la gouvernance électorale du pays, qui a longtemps été le théâtre des affrontements post-présidentiels chroniques et mortifères depuis le retour du multipartisme en 1990.

Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer des réformes, qui selon le camp de Jean Ping, ne sont que de réformes de façade, mieux une « plaisanterie », selon les propos de Jean Gaspard Ntoutoum Ayi, le porte-parole du rival d’Ali Bongo.

Un pouvoir sans bornes

Il est vrai qu’en décidant d’écarter d’un revers de la main le principe de limitation du mandat présidentiel, l’âge limite pour être en poste au pouvoir, les participants au dialogue, majorité comme opposition ont décidé là de maintenir tel quel le blocus démocratique en cours depuis dans le pays. Un blocus démocratique qu’ils ont toujours décrié, accusant le Parti démocratique gabonais (PDG) de confisquer le pouvoir depuis des décennies. Or, avec cette frange de l’opposition menée par René Ndemezo’o qui a pris part au dialogue, ce dernier qui avait pourtant claqué la porte du PDG pour défaut de gouvernance politique, on se rend compte, à la surprise générale que l’opposition gabonaise n’est qu’une grosse comédie. A moins que Ndemezo’o, aveuglé certainement par le flot de per diem et de champagne au gosier ait subitement oublié les manœuvres dilatoires de ses anciens copains du PDG.

Surtout lorsqu’il s’agit de tout faire pour confisquer le pouvoir à tout risque. Car même si le camp de l’ancien député de Bitam avance qu’il appartient au peuple de limiter ou non le mandat d’un président, en décidant de le réélire ou de le sanctionner, ce rejet par les acteurs au dialogue de la limitation des mandats, signe pourtant d’une alternance politique sûre, ressemble à bien des égards à un blanc-seing, mieux un boulevard laissé au PDG vers la longévité au pouvoir. Eux qui considèrent encore le pouvoir au Gabon comme une profession où chacun vient faire carrière, comme s’il n’y avait plus une autre vie après, oubliant qu’un pouvoir sans limite est par définition tyrannique. Eux qui n’ont pas compris que dans un système d’alternance verrouillé comme le nôtre, seule la limitation des mandats aurait constitué une chance certaine de voir une autre formation politique aux commandes. Puisque même avec le principe d’une élection à deux tours, rien ne garantit qu’à la prochaine présidentielle, le parti au pouvoir acceptera de partir s’il était battu. C’est encore un rendez-vous manqué.

Charles Nestor NKANY

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