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Di Ndinge: au Gabon, « le problème de fond c’est l’absence de démocratisation »

Dans une déclaration, vendredi dernier, Jean Ping a lancé un appel solennel à la communauté internationale pour une médiation en vue de rétablir « la vérité » du scrutin de la présidentielle 27 août 2016, une déclaration « du président de la République élu », ce sont ses propres termes. Ali Bongo a organisé un dialogue politique pour sortir de la crise post-électorale mais Jean Ping n’y a pas participé et les réformes décidées sont timides. Dans sa déclaration de vendredi, Jean Ping tire à boulets rouges sur Ali Bongo. Didjob Divungi Di Ndinge, très proche de Jean Ping, ancien vice-président de la République du Gabon quand Omar Bongo était au pouvoir, est l’invité de RFI.

Rfi : Didjob Divungi Di Ndinge, Jean Ping n’a pas de mots assez durs pour Ali Bongo. « Putschiste usurpateur », « dictateur », « monstre ». Reprenez-vous à votre compte ces mots ?

Didjob Divungi Di Ndinge : Peut-être pas dans leur formulation exacte ni dans la tonalité, mais il y a un peu de vrai dans tout cela.

Ce constat de Jean Ping – et là encore, le partagez-vous ? – « Plus rien ne va, les grèves se multiplient, les entreprises ferment, le chômage est galopant, les arrestations arbitraires sont légion, les enlèvements crapuleux se multiplient ».

C’est une réalité vécue par les Gabonais tous les jours.

Jean Ping en appelle une nouvelle fois à une médiation internationale avec pour conclusion : Ali Bongo doit partir. Ce n’est pas à proprement parler ce qu’on pourrait appeler donc une médiation ?

Monsieur Jean Ping a dit ce que nous croyons être la réalité ou le fondement de la crise dans notre pays. Il ne s’agit pas d’un problème de personne à personne. Il ne s’agit pas d’un problème entre Monsieur Jean Ping et Monsieur Ali Bongo Ondimba. Il s’agit en réalité d’un problème qui trouve son fondement bien avant 2016 et je dirais même bien avant 2009.

Je rappelle que vous avez été vice-président de la République de 1997 à 2009.

Exactement. Je voudrais croire à ce que je dis. A savoir qu’avant 2009 le pays était géré comme vous le savez, depuis quarante-deux ans par un seul système, un seul parti, un seul régime, un seul clan, une seule personne. De 2009 à 2016, je crois que le problème c’est simplement parce qu’au lieu de résoudre le problème qui se pose au Gabon depuis des décennies – à savoir la possibilité d’alternance dans notre pays, la possibilité de changement, la possibilité de démocratisation de la gouvernance qui est le problème fondamental – depuis 2009 rien n’a été fait pour éviter à notre pays la situation que nous connaissons aujourd’hui, que ce soit sur le plan politique, institutionnel, économique, social, culturel. Voilà la réalité.

Pour essayer de sortir de cette crise il ne s’agit pas de mettre simplement deux personnes face à face, ni même de faire ce qui vient de se passer au niveau du dialogue d’Ali. Ni même, bien entendu – n’étant pas au pouvoir – ce qui s’est fait au niveau du dialogue national pour l’alternance, organisé sous l’égide de Monsieur Jean Ping. Nous demandons simplement que s’il y a médiation, que cette médiation – premièrement – permette de reconnaître la vérité des urnes et négocie peut-être un départ sans tambour ni trompette de Monsieur Ali Bongo du pouvoir.

Vous avez une grande confiance dans cette communauté internationale ?

Disons que notre cas n’est pas si différent dans le fond de ce qui vient de se passer en Gambie. Notre problème, bien entendu, n’est pas le même que celui qui se pose à la République démocratique du Congo. Si le pouvoir en place refuse le dialogue intensif avec l’Union européenne, nous savons très bien que l’Union européenne peut prendre d’autres dispositions et notamment les sanctions ciblées. Elle vient de le faire en République démocratique du Congo.

Le dialogue autour d’Ali Bongo n’a pas accouché d’une non-limitation des mandats électifs, y compris celui de sept ans du chef de l’Etat. Jean Ping n’a pas participé à ce dialogue. Avec le recul n’était-ce pas une faute politique ?

Vous voulez réitérer là ce qui s’est passé avec le recours que Jean Ping devait impérativement introduire auprès de la Cour constitutionnelle gabonaise, à la demande principalement de la communauté internationale. Jean Ping a introduit le recours. Les résultats, vous les connaissez. Jean-Ping et la coalition qui l’entoure auraient participé au dialogue d’Ali, je pense que rien ne serait sorti de ce dialogue, autrement que ce qui en est sorti, c’est-à-dire rien. Ceux qui y sont allé, qu’est-ce qu’ils ont obtenu ? Voilà la question qui se pose. Les gens se partagent le gâteau. Mais ça fait des décennies que ça dure !

Que dites-vous d’un Casimir Oye-Mba, d’un Guy Nzouba Ndama, qui ont proposé un nouveau dialogue avec Ali Bongo ? Certes ils ont reçu une fin de non-recevoir très claire, mais diriez-vous qu’ils se rapprochent du président Bongo ?

Je n’ai pas de commentaires particuliers à faire personnellement sur les propositions faites par Monsieur Casimir Oye-Mba et Monsieur Guy Nzouba Ndama. Je sais une chose, c’est qu’ils sont membres éminents de la coalition, ils partagent avec nous les mêmes préoccupations. Les analyses qu’ils font avec nous sont les mêmes et je suis convaincu qu’ils partagent la position qu’a donné Monsieur Jean Ping vendredi dernier.

Mais Casimir Oye-Mba dit : « Il faut sortir le pays de l’ornière ».

Il faut sortir le pays de l’ornière. Nous en convenons tous ! Le problème est de savoir quelle est la solution. Je ne peux pas comprendre que ce qui se fait par exemple en Gambie ne peut pas se faire au Gabon. Je ne peux pas comprendre que ce qui se fait actuellement en République démocratique du Congo avec les sanctions ciblées au niveau des dirigeants de la République démocratique du Congo par l’Union européenne et par les Etats-Unis aujourd’hui, ne puisse pas se faire au Gabon.

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