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Société équatoriale des mines : L’orpailleur national dans la dèche

Créée en août 2011, cette société publique à gestion privée fait face à de nombreuses difficultés en tête desquelles, des arriérés de salaires. Paradoxe : elle produit de l’or, la richesse par excellence. Malgré tout, comme avec les cowboys de la ruée vers l’Ouest, le climat reste à la gagne.

Incroyable ! Alors qu’elle est censée produire de l’or, symbole indiscutable de la richesse, la Société équatoriale des mines (SEM) est à la peine. Il faut dire, en effet, que dans l’imagerie populaire quelqu’un qui produit et vend de l’or, ne saurait avoir des problèmes financiers. Or, les agents de cette société d’Etat enregistrent des impayés de salaires : 7 mois pour certains, 4 pour d’autres.

Approché à ce sujet, le Directeur général de la structure, ne nie pas la situation. «Il y a eu des retards de paiements en effet. Si certains ont 4 mois et d’autres 7, c’est que j’ai décidé de donner la priorité aux salaires les plus bas, à l’exemple de la technicienne de surface ou du chauffeur, payés en priorité. Tous les directeurs, moi y compris, le secrétaire général et le directeur technique, ne serons payés que si les autres employés sont payés», explique Fabrice Nzé-Békalé qui assure n’avoir pas été rémunéré, lui-même, depuis octobre dernier.

La situation de la SEM, société d’Etat au demeurant, est consécutive à la situation générale du pays, avec les difficultés financières que connait actuellement l’Etat du fait de la baisse du cours du pétrole depuis 2014. Comme les autres sociétés publiques, la SEM dépend de la subvention de l’Etat. Or, celle-ci «a considérablement baissé à un point qui est devenu très difficile pour assurer le fonctionnement de la société dans les conditions normales», explique le Directeur général de la SEM.

Auréolée de son potentiel fort intéressant, la société a pu bénéficier du soutien de quelques banques. «Mais elles ne peuvent pas prêter des milliards sur la base du seul potentiel. Elles nous ont prêté quelques dizaines de millions qui nous ont permis de tenir jusqu’à présent et nous devons continuer de travailler pour générer suffisamment de cash-flow pour pouvoir les rembourser». L’entreprise ne peut donc infiniment s’endetter.

À quelque chose malheur est bon, dit-on. Ce contexte difficile a poussé la direction de la SEM à trouver des solutions palliatives à la baisse de la subvention de l’Etat. Ainsi, depuis 2014, la société s’est résolue à revoir sa stratégie : elle a entrepris de développer des activités devant permettre de générer des fonds. Si, à sa création, elle entendait se lancer dans la production du fer, du manganèse, de l’or et des granulats, elle a maintenant choisi de se concentrer sur l’or. «Parce que des quatre minerais visés au départ, l’or est celui qui peut être mis en production le plus facilement avec, relativement, de moindres moyens.»

La SEM a ainsi obtenu des permis de recherche dont celui de Miamizez, mis en exploitation dans l’Ogooué-Ivindo. L’objectif, explique le patron de la SEM, est «de prendre le temps de bien faire les choses pour qu’au cours des trois quatre prochaines années, nous puissions mettre en exploitation d’autres sites. Mais comme nous avons constaté que nous n’avons pas le luxe du temps et que la situation est très difficile, nous avons décidé, pour accélérer la mise en production des sites, de nous associer avec des partenaires à qui on transfère une grosse partie du risque et qui vont nous payer quelque chose parce qu’ils ont accès à la ressource qui nous appartient.» Des discussions dans ce sens sont en cours autour de plusieurs sites, dont celui de Mavendza près de Lambaréné ou encore celui de Ndangui détenu par Gabon Gold Mining à qui la SEM apporte sa «petite expertise sur la mise en production des sites rapidement», selon les mots de Fabrice Nzé-Békalé. Celui-ci entend multiplier ce genre de partenariats pour augmenter au plus vite la production devant revenir à la SEM, la vendre et générer plus de cash-flow.

Naturellement les fruits de cette réorganisation ne seront pas immédiats. Si bien que la société va encore trainer des arriérés de salaires. Mais, le manager de l’entreprise semble savoir compter sur ses collaborateurs. Ceux-ci «savent que chaque jour on réfléchit aux solutions pour payer régulièrement les salaires chaque fin du mois. Dès qu’on a une petite entrée d’argent, on paye comme je l’ai dit : les plus petits salaires d’abord, puis petit à petit on monte», rappelle-t-il. On comprend donc qu’à la SEM, les directeurs se serrent la ceinture pour les autres agents de la maison. Le projet semble les passionner et comme au temps de la fameuse ruée vers l’Ouest américain, le climat est optimiste.

Auteur : Jean-Timothée Kakanga

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