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Remaniement ministériel au Gabon: des figures de l’opposition intègrent l’équipe

Les Gabonais l’attendaient depuis cinq jours. Le nouveau gouvernement a été dévoilé, lundi 21 août dans la soirée, à Libreville. L’équipe gouvernementale est ramenée à 38 ministres contre 40 pour l’ancienne équipe. Le grand chamboulement attendu ne s’est pas produit. Plusieurs cadres de l’équipe sortante ont conservé leur portefeuille sinon changé simplement de poste. L’ouverture n’a concerné qu’une partie de l’opposition.

Ils sont 38 y compris le Premier ministre, Emmanuel Issoze-Ngondet, confirmé à son poste.

Les principaux lieutenants du chef de l’Etat conservent leurs postes : la Défense reste entre les mains d’Etienne Massard Makaga et Alain Claude Bilie-By-Nze demeure patron de la Communication. Pascal Houangni Ambourouet conserve le portefeuille du Pétrole. Régis Immongault reste aux Finances. Noël Nelson M’Essone quitte la Direction général du protocole d’Etat pour devenir ministre des Affaires étrangères.

Les sorties les plus inattendues sont celles de la ministre des Sports, Nicole Assélé, cousine d’Ali Bongo. Il y a aussi le ministre de la Justice et celui de l’Education nationale.

Le gouvernement s’est ouvert davantage à l’opposition. Plusieurs nouvelles figures intègrent l’équipe.

Outre la formation du gouvernement, l’opposant Pierre Claver Maganga Moussavou, ancien candidat à l’élection présidentielle, a été promu vice-président de la République. Ce poste était vacant depuis 2009.

René Ndemezo’o Obiang, ancien directeur de campagne de Jean Ping, a pour sa part été nommé président du Conseil économique et social (CES).

Un paysage politique clarifié

Le nouveau gouvernement confirme la fracture du pays en trois principaux camps. Le premier est celui incarné par le Parti démocratique gabonais, le PDG, qui dirige le Gabon depuis près d’un demi-siècle. Le parti, présidé par le chef de l’Etat, Ali Bongo, concentre entre ses mains tous les ministères de souveraineté.

Le second camp est celui de l’opposition radicale dont Jean Ping est le chef de file. Aucun cadre de cette famille politique n’a été débauché. En tout cas, pas un seul fidèle de Jean Ping n’a mordu aux sirènes du pouvoir.

Au milieu, il y a l’opposition dite « responsable » ou de service. Celle-là même qui a participé au dialogue politique organisé par le pouvoir. René Ndemezo’o Obiang et Pierre Claver Maganga Moussavou, figures de proue de cette opposition, ont réussi à faire nommer leurs fidèles au gouvernement.

Ce gouvernement n’a que huit mois pour démontrer sa capacité à juguler la crise qui étrangle le Gabon. Sinon, il sera balayé après les législatives d’avril 2018.

« On ne peut pas parler d’ouverture »

Pour Eric Dodo Bounguendza, secrétaire général du PDG au pouvoir, ce gouvernement reflète les engagements pris par le président Bongo pendant le dialogue. Il salue l’arrivée de « compatriotes de l’opposition ». « C’est un gouvernement qui est ouvert et qui prouve que, nonobstant les bords politiques, les Gabonais peuvent prioriser l’intérêt supérieur de la nation au détriment des intérêts individuels. »

Il pointe aussi la nomination d’un vice-président et du président du Conseil économique et social. « C’est tout un jeu d’institutions qui permettra de mettre en œuvre les décisions consensuelles arrêtées lors du dernier dialogue tant par la société civile que par la classe politique gabonaise », estime-t-il.

De son côté, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de Jean Ping, affirme ne pas voir l’ouverture annoncée.

« Il y a un peu moins d’un an, il y a eu un gouvernement où l’on remerciait les putschistes, là on a un remaniement pour remercier ceux qui ont accompagné le putsch, assène-t-il. Mais parler d’ouverture… On ouvre vers quoi ? Vers rien. On a annoncé des membres de la coalition de Jean Ping dans ce gouvernement, je n’en vois aucun, donc on ne peut pas parler d’ouverture. »

« Là, ce qu’Ali Bongo a réussi à faire, poursuit-il, c’est de compromettre un peu plus de gens dans la classe politique, mais ça c’est leur responsabilité. » Et pour lui, c’est aussi la preuve que la coalition de Jean Ping « continue de tenir ».

Pas de resserrement, selon lui, non plus, de l’équipe gouvernementale, passée « seulement » de 40 à 38 membres (resserrement envisagé dans la lignée des instructions du FMI qui a approuvé en juin un prêt de 642 millions de dollars au Gabon pour relancer son économie, tout en recommandant des mesures d’assainissement budgétaire). « J’en connais à Washington qui vont s’arracher les cheveux », ironise le porte-parole de Jean-Ping.

Publié le 21-08-2017 Modifié le 22-08-2017 à 01:42

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