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Gabon : les députés européens votent une résolution envisageant des sanctions ciblées

Le Parlement européen a voté jeudi 14 septembre à Strasbourg une résolution au vitriol sur la situation politique au Gabon, après la réélection controversée du président Ali Bongo en août 2016.

La charge des députés européens est lourde. Adoptée jeudi au Parlement de Strasbourg, une résolution « demande aux autorités gabonaises (…) de mettre un terme à tous les actes de harcèlement, d’intimidation et de persécution contre les opposants, et de prendre des mesures concrètes pour garantir la liberté d’expression ». Parmi les griefs des eurodéputés, le cas du leader de l’opposition Jean Ping, dont l’interdiction temporaire de sortie du territoire (qui a finalement été levée le 8 août, ndlr) est jugée « arbitraire » et « inacceptable ».

À propos du scrutin du 27 août 2016, qui avait conduit à la réélection du président Ali Bongo, les députés invitent « instamment le gouvernement du Gabon à procéder à une réforme approfondie et rapide du cadre électoral », de manière à « l’améliorer et à le rendre totalement transparent et crédible ». Surtout, les parlementaires demandent à la Commission et aux États membres « d’envisager des sanctions ciblées à l’encontre des responsables de la fraude électorale et des actes de violence qui en ont découlé ». Une formulation qui fait écho aux « anomalies » décrites en décembre dernier par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne.

« Et toujours les morts… »

« 2009, 2016 : deux élections truquées, deux élections volées par Ali Bongo, a pour sa part déclaré devant le Parlement l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot. Et toujours les morts, les centaines de victimes. » Des violences de nature, selon la résolution, à « demander la mise en place d’une enquête internationale, sous l’égide des Nations unies, sur les élections et les exactions qui ont été commises depuis ».

Une résolution sur le Gabon avait déjà été votée par les députés européens en février dernier. Celle-ci qualifiait les résultats de la présidentielle « d’extrêmement douteux » et invitait à « mener un dialogue politique amélioré avec les autorités, conformément à l’article 8 de l’accord de Cotonou ». Déjà, les parlementaires européens envisageaient « d’imposer des sanctions ciblées aux responsables des violences post-électorales, des abus des droits de l’homme et du sabotage du processus démocratique dans le pays ».

Depuis, le leader de l’opposition gabonaise Jean Ping s’est lancé dans un véritable marathon diplomatique en France, en Suisse, au Parlement européen et aux États-Unis. Des déplacements destinés selon lui « à faire reconnaître la vérité des urnes ».

Une loi d’amnistie en préparation

De son côté, le gouvernement gabonais a annoncé jeudi « envisager une loi d’amnistie » pour des responsables des violences qui ont suivi l’élection de 2016. Dans une interview accordée à plusieurs médias, le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet a déclaré que cette loi « traiterait au cas par cas certaines situations engageant des personnes qui se seraient rendues coupables » de violences.

« Nous sommes encore en train d’y travailler, précise à Jeune Afrique Alain-Claude Bilié Bi Nzé, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Mais nous savons déjà que le cas par cas se fera par rapport à la gravité des crimes ou des délits commis. Il faudra faire la différence entre ceux qui ont tué ou porté atteinte à l’intégrité physique d’un agent de l’État, et les autres. »

Par Olivier Liffran

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