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Ben Moubamba, ce politicien gabonais qui a oublié d’être lui-même

Depuis son arrivée en politique, Bruno Ben Moubamba brille par son manque d’ancrage et de personnalité politiques. Tantôt acteur de la société civile, opposant radical et aujourd’hui allié « amoureux » de son ennemi politique d’antan, il brille par des va-et-vient incessants dans une arène politique qui n’a que trop souffert de politiciens girouettes et sans gouvernail. Tour d’horizon des multiples facettes d’un homme qui est tout à la fois, au gré des péripéties d’une vie politique sens dessus dessous.

Bruno Ben Moubamba aime le Gabon et les Gabonais mais à sa façon. Dès 2008, il s’est opposé à Omar Bongo en tant qu’acteur de la société civile. Puis, voulant incarner le changement qu’il promettait, il s’est lui-même porté candidat à la présidentielle de 2009. Là encore son envie de devenir président n’a pas fait long feu, puisqu’il s’était retiré pour soutenir un autre candidat qui avait véritablement le vent en poupe : André Mba Obame (AMO).

A la recherche d’une maturité politique

Après l’échec de ce nouveau positionnement, puisque AMO n’arriva finalement pas au pouvoir, notre politicien « bi-docteur » après un long passage à vide – il avait pris congé de la politique -, a rebondit en tentant de s’approprier une nouvelle figure tutélaire de la politique gabonaise qu’il avait jusque-là oublié de soutenir : Pierre Mamboundou. Là aussi, la mayonnaise Moubamba s’est heurtée à une fin de non recevoir du redoutable Mathieu Mboumba Nziengui qui après l’y avoir fait entré dans l’Union du peuple Gabonais (UPG), l’a grassement mis à la porte car voulant faire main-basse sur ce parti historique.

Moubamba a fumé le calumet de la paix politique avec Ali Bongo

Face à cet énième échec, Bruno Ben Moubamba doté d’une foi inébranlable sur son avenir promis comme « radieux » en politique, s’est de nouveau mis en quête du pouvoir présidentiel en 2016. Là encore face aux deux grands candidats Jean Ping et Ali Bongo, il ne terminera que 3e avec moins de 0,53% des suffrages soit 2 100 voix sur un collège électoral qui comptait plus de 350.000 électeurs. Cette fois pour le sauver de cette déculottée, c’est Ali Bongo – son jusque-là ennemi politique – qui l’en sortira. En faisant de lui son Vice-Premier ministre dans un contexte politique clairement au rouge pour l’héritier d’Omar Bongo et du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1967).

Une personnalité gouvernementale remerciée

Là encore l’expérience sera de courte durée avant qu’Ali Bongo et son vrai Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet, ayant fait entrer de nouvelles figures de l’opposition dans son gouvernement, statuent sur ses manquements et discipline politiques. Viré nuitamment du gouvernement le 7 septembre, Bruno Ben Moubamba ne décolère pas de toujours avoir encore avenir politique après avoir passé 11 mois au gouvernement avec des résultats à l’Habitat et au Logement qu’il est le seul à voir poindre la réussite.

Depuis son éviction, l’homme qui rêvait de devenir président du Gabon ne cesse de réduire à la baisse ses ambitions politiques. Désormais aux commandes de l’Alliance pour le changement et le renouveau (ACR) qu’il aura finalement réussi à créer après sa nomination au gouvernement, Moubamba jubile. Un parti neuf, sans passé politique et dont il est la seule figure emblématique. Cela n’empêche pas l’ancien ministre d’Ali Bongo de caresser le doux rêve de devenir député de Moabi (Nyanga), c’est-à-dire un élu du peuple dans une province dans laquelle il n’a par ailleurs, jamais milité auparavant.

Le pari de la Nyanga

Un pari hautement risqué pour cet opposant modéré qui discrédite l’action politique d’Ali Bongo mais se vante à la fois d’avoir son soutien. Un mélange à la mesure de l’incohérence du parcours de ce jeune prodige de 50 ans de l’arène politique nationale. Surfant sur tout et la moindre personnalité politique de poigne qu’il connaisse, Bruno Ben Moubamba s’est dit tour à tour l’héritier d’AMO, de Mamboundou et depuis son éviction – régionalisme oblige – de Mavurulu aussi connu sous le nom de Nyonda Makita, un guerrier Punu qui s’était opposé à l’implantation coloniale française au Gabon.

Une sorte de sangsue qui cherche un cap, un hôte et un gîte où habiter. Cherchant à la torche indigène la moindre figure tutélaire sur laquelle s’accrocher pour espérer prospérer. Malgré ses nombreux échecs lancinant, Moubamba continue de croire bon gré malgré à son destin. Profitant de ses déconvenues politiques pour se construire un nouveau rêve, puis un autre encore. Une spirale infernale dans laquelle il semble s’être enfermé, croyant tel un forcené que son heure de gloire arrivera bien un jour. C’est finalement là que repose son identité politique, celle d’un personnage qui n’a pas de visage mais qui croit en avoir.

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