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Gabon : Paul Mba Abessole, l’indéracinable baobab du RPG

Comme prévu, il a quitté la présidence de son parti. Mais, à 78 ans, l’emblématique dirigeant du Rassemblement pour le Gabon (RPG) n’en a pas pour autant renoncé à tirer les ficelles en coulisses.

On le savait depuis mars. Paul Mba Abessole avait dit qu’il ne briguerait pas une nouvelle fois la présidence de son parti et il a tenu parole. Lors du congrès des 28 et 29 octobre, c’est un quatuor de militants de la première heure qui lui a succédé : le vice-président Jean‑Nestor Nguema Mebane pour 2018, le secrétaire exécutif Célestin Nguema Oyame pour 2019, le président du conseil communal de Libreville Laurent Angue Mezui pour 2020 et l’ancien secrétaire exécutif Benoît Mba Mezui pour 2021.

Pourquoi ce choix d’une présidence tournante ? Les prétendants n’ont pas réussi à se départager, et Mba Abessole, pour éviter l’implosion, a favorisé la collégialité. Car « Mba Abess », qui n’a jamais trouvé de successeur, sait être pragmatique. « Cette solution lui permet de rester le garant de l’unité », croit savoir un connaisseur de l’opposition. À 78 ans, l’ancien prêtre de Makokou ne devrait mettre fin qu’en apparence à une carrière de plus de quarante ans.

Fondateur du Rassemblement pour le Gabon

Chef de l’antenne parisienne du Mouvement de redressement national (Morena) dans les années 1980, le natif de l’Estuaire rentre au Gabon à l’invitation du chef de l’État afin de participer à la conférence nationale de 1990. Refusant d’entrer au gouvernement, il crée le Morena-Bûcherons, devenu Rassemblement national des bûcherons en 1991, dont il est le candidat pour la présidentielle de 1993. Il y arrive deuxième. Douze ans plus tard, Zacharie Myboto, président de l’Union nationale, écrivait encore à son sujet qu’il en était « le vrai vainqueur », ce que répétait Jean Ping en 2014.

Paul Mba Abessole parvient à conquérir la mairie de Libreville en 1996

Fort de meetings géants et d’une position de force aux Accords de Paris de 1994, où il a envoyé ses lieutenants négocier, Paul Mba Abessole parvient à conquérir la mairie de Libreville en 1996. Mais viennent les divisions. Avant la présidentielle de 1998, le premier secrétaire Pierre-André Kombila est exclu du parti.

Ses partisans forment leur faction, le Rassemblement national des bûcherons-démocratique, tandis que Mba Abessole conserve le Rassemblement national des bûcherons-Rassemblement pour le Gabon (RNB-RPG), dont il est le candidat pour la présidentielle. Affaibli, il n’y prend que la troisième place, derrière Omar Bongo Ondimba et Pierre Mamboundou, leader de l’Union du peuple gabonais.

Plusieurs fois ministre

Alors que le RNB-RPG devient Rassemblement pour le Gabon (RPG) en octobre 2000, Mba Abessole se rapproche de la majorité. Élu député à Libreville face à Jean Eyeghé Ndong en 2001, il entre au gouvernement en 2002, en tant que ministre d’État aux Droits de l’homme. Devenu vice-Premier ministre un an plus tard, il enchaîne les strapontins, de l’Agriculture à la Culture en passant par les Transports.

Candidat à la présidentielle de 2009, il se retire en faveur d’André Mba Obame, à qui il propose d’incarner les ambitions du RPG

Ce n’est qu’à la suite du décès d’Omar Bongo Ondimba que Paul Mba Abessole, qui se cherche déjà un successeur, fait un retour dans l’opposition. Candidat à la présidentielle de 2009, il se retire en faveur d’André Mba Obame, à qui il propose d’incarner les ambitions du RPG.

Un homme affaibli

Mais ce dernier refuse, et l’influence de Mba Abessole ne cesse de décroître. Ce n’est que de justesse qu’il est élu député du Komo-Kango en 2011, remportant l’un des trois seuls sièges du parti à l’Assemblée, avec Jean-Marie Nguema Ndong et Marie-Madeleine Nyingone-Anda, et de nombreux cadres du RPG l’abandonnent, comme le maire d’Oyem Vincent Essono Mengué ou Paulin Obiang Ndong.

« Il incarne la trahison du peuple et a perdu tout crédit en préférant la voie du dialogue à celle de la démocratie » estime Jean Gaspard Ntoutoume Ayi

Dernière contre-performance, lors de la présidentielle de 2016, il ne recueille que 0,21 % des voix. Participant au dialogue organisé par Jean Ping, il envoie ensuite Raymond Placide N’Dong Meyo (nommé ministre et exclu du RPG depuis) à celui lancé par Ali Bongo Ondimba. Beaucoup ne lui ont pas pardonné cette décision.

« Il incarne la trahison du peuple et a perdu tout crédit en préférant la voie du dialogue à celle de la démocratie », estime Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de Jean Ping. « Le RPG est une coquille vide », glisse Mike Jocktane, ancien vice-président de l’Union nationale. Une « coquille » que, depuis les coulisses, l’homme au béret aura bien du mal à maintenir en un seul morceau.

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