Alors que le scrutin est prévu pour « fin avril », aucune communication des autorités n’en a officialisé la date. Et les candidats de la majorité sont en ordre de bataille, les anciens soutiens de Jean Ping sont loin de présenter un front uni.
Jean Ping, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle gabonaise de 2016, participera-t-il aux élections législatives, annoncées pour la fin du mois et qui constitueront la première échéance politique majeure au Gabon depuis cette date ? Selon un de ses proches, il n’y serait en tout cas « pas opposé », rapporte l’AFP. Trois autres de ses soutiens, Alexandre Barro Chambrier, président du nouveau parti Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), Zacharie Myboto du premier parti d’opposition l’Union nationale (UN), et Guy Nzouba-Ndama du parti Les Démocrates, ont d’ores et déjà annoncé leur candidature.
Pourtant, certains s’interrogent : « comment peut-il y aller, alors que ce sont les mêmes institutions qui ont validé son échec à l’élection de 2016 ? », a ainsi confié l’AFP Wilson-André Ndombet, enseignant à l’Université Omar Bongo de Libreville. Un boycott « réduirait au silence tous ceux qui ont massivement apporté leurs suffrages à Jean Ping » estime de son côté Alexandre Barro Chambrier, fervent soutien de Ping et président du nouveau parti Rassemblement Héritage et Modernité (RHM). En 2011, le boycott par l’opposition des précédentes élections législatives avait laissé les coudées franches au parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), fort d’une majorité de 114 sièges sur 120.
Depuis 2016, le rassemblement de l’opposition qui avait soutenu la candidature de Jean Ping s’est délité. Certains se sont rapprochés du pouvoir et ont glané des postes ministériels ou à responsabilité, comme Pierre-Claver Maganga Moussavou, devenu vice-président au gouvernement sous la bannière de l’opposition, ou encore René N’Demezo Obiang, promu un temps président du Conseil économique et social.
Vers un nouveau report ?
De leur côté, les candidats de la majorité sont en ordre de bataille, selon le secrétaire général du PDG, Éric Dodo Bounguendza, qui revendique 200 000 militants et « une dizaine » de partis alliés.
Une autre incertitude – de taille – réside dans la tenue ou non du scrutin, déjà reporté deux fois depuis 2016, à la fin du mois. Si la date du 28 avril circule, rien n’est encore officiel. En effet, le Centre gabonais des élections (CGE), créé en 2017 suite aux résolutions d’un « dialogue politique » boycotté par une partie de l’opposition et chargé de l’organisation des législatives, tarde à se mettre en place. L’opposition devait y être représentée à travers une liste unie pour cinq représentants (cinq autres membres devant représenter le pouvoir). Vendredi, quatre rassemblements de l’opposition ont présenté quatre listes différentes, comprenant aussi l’opposition modérée.
Or, sans représentants reconnus, l’organe ne pourra fixer la date des élections, qui pourraient de fait être une nouvelle fois reportées, selon plusieurs observateurs. Lundi, le ministère de l’Intérieur « a tranché », selon son porte-parole Jean-Eric Nziengui Mangala, en faveur de l’élection des membres d’une commission ad hoc chargée d’examiner les candidatures et ceux d’un collège spécial pour élire le président du CGE.
Par Jeune Afrique avec AFP
17 avril 2018 à 13h31 — Mis à jour le 18 avril 2018 à 08h57