Au Gabon, la mise en service d’un pont bascule le 7 mai dernier pour contrôler et sanctionner les transporteurs routiers dont les camions sont surchargés suscite une vive contestation. Pour le gouvernement, ce contrôle systématique des poids lourds permet de limiter la dégradation de la route. Mais les transporteurs sont en colère à cause des lourdes amendes qui leur sont infligées. La grogne a aussi gagné les marchés.
Ce routier et son chauffeur viennent du Cameroun avec une cargaison de bananes. Ils ont traversé le pont-bascule il y a 10 heures. Impossible de continuer le trajet. Le poids lourd est surchargé : « Normalement, on doit transporter 33 tonnes… Et là on a 48 tonnes. Et ils ont demandé qu’on paie parce que nous sommes en surcharge ».
Mokoyombo est routier depuis 10 ans. Ce pont est devenu pour lui un véritable cauchemar : « Douze tonnes, on paie, treize tonnes, on paie, 40, on paie ! Il n’y a rien d’autre que payer, payer. Mais on ne nous explique rien, mon frère ! Là, je viens de payer 165 000 ».
Jeudi dernier, ce sont les vendeuses du marché banane à Libreville qui sont descendues dans la rue en chantant, « enlevez ce pont-bascule. Il participe à la vie chère ».
Après avoir visité l’infrastructure, le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet a été ferme : « La loi, c’est la loi. Il faut l’appliquer. Le gouvernement a pris une semaine pour sensibiliser, pour que les gens ne soient pas surpris. Nous ne pouvons pas faire preuve de souplesse parce que la détérioration de la route entraîne des manques importants pour l’Etat et nous ne pouvons pas faire autrement que d’appliquer froidement la loi ».
Le ministère des Travaux publics annonce la construction d’ici la fin de l’année de deux autres ponts pour traquer les auteurs de la rapide dégradation des routes.