Le président gabonais doit s’exprimer, le 31 décembre, pour son traditionnel discours des vœux à la nation. Une première prise de parole depuis son hospitalisation que le chef de l’État fignole, selon ses collaborateurs, et qui sera particulièrement scrutée dans l’opposition.
Rarement un discours présidentiel du Nouvel An aura été tant attendu. À quatre jours de la traditionnelle prise de parole du président gabonais, Ali Bongo Ondimba (ABO), les spéculations vont bon train, le chef de l’État ne s’étant pas exprimé publiquement depuis son hospitalisation à Riyad, le 24 octobre, pour un AVC.
En convalescence au Maroc depuis le 29 novembre, ABO sera-t-il en mesure de prononcer cette première allocution officielle ? Sera-t-il filmé en direct, comme habituellement ?
Format habituel
Du côté de la présidence gabonaise, le ton se veut rassurant. « Le discours sera lu par le président lui-même, dans le format habituel. Il y a peu de chance que les choses changent », glisse une source au sein de la présidence, qui explique que le président travaille en ce moment sur le contenu de sa prise de parole, qui sera filmée depuis Rabat.
Dans l’opposition, l’heure reste pourtant à la vigilance. Si quelques images du chef de l’État ont circulé depuis son arrivée à Rabat, notamment une photo avec le roi du Maroc et une vidéo lors de la visite, début décembre, de Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle, en compagnie du Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet et du vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou, les leaders de l’opposition se disent sceptiques.
« Le seul moyen de savoir où en est réellement le chef de l’État »
Dans une lettre commune adressée le 21 décembre au Premier ministre, les dirigeants du Parti des démocrates, de l’Union nationale, du Rassemblement héritage et modernité, de l’Alliance pour la renaissance nationale et du Mouvement pour le changement ont réclamé l’instauration d’une commission médicale pour faire le point sur l’état de santé du président.
« C’est le seul moyen de savoir où en est réellement le chef de l’État. Les gens ont le droit de savoir s’il est réellement capable de diriger le Gabon », estime Alexandre Barro-Chambrier, chef de file du Rassemblement héritage et modernité. « Si le président est assez en forme pour prononcer un discours, pourquoi ne vient-il pas le faire au Gabon et y poursuivre sa rééducation ? » s’interroge-t-il.
« Nous n’avons pas l’habitude d’attendre grand-chose de ce genre de discours mais cette année est particulière, parce que si le président venait à faire ce discours à la nation de la manière la plus vraie qui soit, nous serions alors tous édifiés sur son état de santé et sa capacité à assumer les devoirs de sa charge », ajoute un cadre de l’Union nationale. Preuve qu’au-delà du contenu de l’allocution du président, c’est bel et bien la forme que prendra celle-ci qui sera scrutée.
Mohammed VI à Libreville
Aucune date n’a encore été fixée quant au retour à Libreville d’Ali Bongo Ondimba, qui continue à diriger le pays depuis le Maroc, assure son entourage. Depuis le début de sa convalescence à Rabat, le chef de l’Etat a notamment reçu par deux fois la visite de Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle, venue lui présenter, le 14 décembre, les résultats des législatives – qu’elle devrait proclamer dans les prochains jours. Une fois ces résultats officialisés, le Premier ministre devra remettre la démission de son gouvernement au président, à l’ambassade du Gabon au Maroc.
De son côté, le roi Mohammed VI est arrivé à Libreville le 24 décembre. Selon une note de la présidence, la durée de son séjour au Gabon « n’est pas précisément déterminée » mais une source au sein de la présidence indique que le souverain marocain « devrait y passer les fêtes ». Mohammed VI devrait profiter de l’occasion pour rencontrer les principaux acteurs politiques.
27 décembre 2018 à 14h55 | Par Romain Gras – Mis à jour le 28 décembre 2018 à 09h33