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Au Gabon, l’adoption de la loi dépénalisant l’homosexualité divise

Le vote par l’Assemblée gabonaise d’une loi dépénalisant l’homosexualité, si elle est une victoire pour les initiateurs du texte, n’est encore qu’une étape. Le texte devra en effet être adopté au Sénat, et les débats s’annoncent âpres.

C’est une victoire pour les partisans de la dépénalisation de l’homosexualité, au premier rang desquels milite la Première dame, Sylvia Bongo Ondimba. Les députés gabonais ont adopté, le 23 juin, le texte annulant un amendement du Code pénal voté un an plus tôt qui condamnait l’homosexualité comme une « atteinte aux mœurs ».

Aimer, librement, sans être condamné

« Le Parlement rétablit un droit humain fondamental pour ses citoyens. Celui d’aimer, librement, sans être condamné. Oui à la dignité, non à la haine » s’est félicitée Sylvia Bongo Ondimba.

Profonde division

En revanche, le résultat du vote montre qu’une profonde division traverse le pays sur cette question. Quarante-huit députés ont voté en faveur du texte, vingt-quatre ont voté contre et vingt-cinq autres se sont abstenus.

Député du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Blaise Louembe assume d’avoir refusé de suivre la consigne de vote de son parti. « Je viens d’exprimer mon vote contre la dépénalisation de l’homosexualité (…) Je suis [néanmoins] solidaire de tout le reste du texte mais mes convictions religieuses, mon attachement à la Constitution et à nos valeurs ancestrales ne me commandent pas d’autoriser ou d’encourager les pratiques homosexuelles », a déclaré le député.

à lire Jeunes, Camerounais et homosexuels : reportage chez les persécutés de l’« autre genre »
Le Gabon devient ainsi l’un des rares pays d’Afrique subsaharienne à dépénaliser l’homosexualité. Mais en dépit des apparences, cette réforme sociétale n’est pas une surprise.

En effet, jusqu’à l’entrée en vigueur en juillet 2019 d’un nouveau Code pénal, l’homosexualité n’était ni autorisée ni interdite au Gabon. Ce vide juridique a engendré une tradition de tolérance à l’égard des préférences sexuelles minoritaires. La réforme du 23 juin consacre donc le retrait de l’alinéa 5 de l’article 402 du Code pénal, en vigueur depuis juillet 2019, condamnant les pratiques homosexuelles.

Prochaine étape au Sénat

Le texte doit désormais être soumis aux sénateurs, à une date qui n’a pas encore été définie. Il est probable que le débat passionné qui s’est joué à l’Assemblée se rejoue en écho au sein de la chambre haute, et que les mêmes lignes de fractures entre « pro » et « anti » se révèlent, au-delà des appartenances partisanes.

Le PDG, bien que majoritaire au sein de la Chambre, devra de nouveau se battre pour imposer la discipline du parti à ses sénateurs réfractaires. Et chaque voix va compter d’autant qu’au sein de l’opposition, le vote « contre » va sans doute l’emporter. Sénateur pour le compte de l’Union nationale (UN, opposition) Jean-Christophe Owono Nguéma annonce la couleur : « Mes convictions religieuses, mon éducation et la vision que j’ai pour mon pays, ne me permettent d’accepter une telle abomination. »

Si le texte est rejeté au Sénat, les deux chambres du Parlement devront se réunir en Congrès pour harmoniser le texte avant le vote définitif.

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