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Convocation au B2 du Directeur d’Échos du Nord : Comme une entorse aux dispositions légales

Secoué depuis plusieurs semaines aux fins de déférer à une convocation de la direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire, communément appelée B2, le patron du journal «Échos du Nord», sous le conseil des membres de l’Organisation patronale des médias (Opam), a répondu le 28 juillet à ladite assignation, au terme de laquelle il a rejoint son domicile.

Bien que jugée non conforme à la légalité par les patrons de presse membres de l’Opam qui lui ont tout de même conseillé de se présenter, le directeur du journal Échos du Nord a déféré, le 28 juillet à 9h, à la convocation la direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire, le fameux B2. Il devait y être entendu par la direction des investigations judiciaires.

Désiré Ename était tout de même réconforté par le soutien des autres patrons de presse ayant observé un piquet en face du bâtiment du B2. Ils entendaient marquer leur indignation quant à la pratique, devenue courante, de convoquer des prévenus de droit commun au B2, d’autant plus que la dépénalisation du délit de presse a été consacrée au Gabon en 2019, à la faveur d’une modification par ordonnance du Code la communication.

Interrogé pendant près de deux heures sur des griefs non mentionnés sur la convocation, Désiré Ename s’est refusé à l’ouverture d’une procédure judiciaire par les services du renseignement militaire, basant sa posture sur la «dépénalisation du délit de presse», notion souffrant d’une méconnaissance ou d’un dédain des autorités judiciaires et politiques.

«Le nouveau Code de la communication en République gabonaise consacre la dépénalisation du délit de presse. En terme simple, le délit de presse ne relève plus du pénal, mais du civil. Même en cas de délit pénal, au Gabon, le délit de presse ne repose pas sur le régime de l’enquête, mais celui de la preuve», rappelait l’Opam la veille. Le patron du journal privé Echos du Nord s’en est tenu là avec les enquêteurs, refusant d’être entendu par la contre-ingérence militaire en l’occurrence, insistant sur le fait que le tribunal de Libreville a bel et bien les dispositions idoines pour instruire et conduire tout type d’affaire au civil comme au pénal.

Pourquoi le procureur de la République a-t-il préféré s’attacher les services de la direction générale de contre-ingérence et de la sécurité militaire, en lieu et place de ses services ? Pourquoi les services du B2, n’ont-ils pas précisé au préalable la raison de sa convocation ainsi que le nom et l’adresse du plaignant ? Autant de zones d’ombre qui participent à crédibiliser l’idée de Reporters sans Frontières selon lequel l’État serait le véritable «bourreau de la presse» au Gabon.

Le patron d’Échos du Nord a regagné son domicile en attendant un nouvel appel du B2 à la faveur duquel il devra contresigner le procès-verbal de son audition. L’affaire n’est cependant pas close.

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