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Interview Alexandre Barro Chambrier : ‘’Le dialogue est nécessaire pour ramener la sérénité sur la scène politique’’

barro-chambrierQuelque peu en marge depuis le début de la crise sociopolitique gabonaise, le député du 1er siège du 4e arrondissement de Libreville, Alexandre Barro Chambrier a rencontré les populations du quartier Akébé Ndjogou en fin de semaine dernière s’est entretenu avec la rédaction de Gaboneco.com.

Ge : Au cours de votre adresse devant vos électeurs, vous avez longuement parlé de la situation de crise que traverse le Gabon. On sait que vous ne vous êtes pas exprimé depuis lors sur le sujet, est-ce à dire que vous admettez indirectement que le Gabon est réellement en crise ?

ABC : Le Gabon traverse des tensions. Je parlerai même de dégradation du climat politique et social qui nécessite de la part des acteurs de tous bords l’ouverture au dialogue pour essayer d’enrayer ce que nous observons, ramener la sérénité pour que la plupart des protagonistes se retrouvent autour d’une table.

En effet, nous avons toujours su conjuguer nos efforts dans le passé pour laver notre linge sale en famille. Nous sommes un pays, à démographie faible avec moins de deux millions d’habitants. J’estime qu’il n’y a aucune raison que notre pays ne puisse pas rester un havre de paix comme il l’a toujours été. Si la tendance actuelle se poursuit, il est clair que nous allons vers des dérapages, des évènements imprévisibles qui peuvent déboucher sur la violence, le désordre et le chaos. Il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme et d’arrêter de jeter de l’huile sur le feu.

Ge : Comment régler alors cette crise qui suscite de nombreuses inquiétudes auprès des populations ?

ABC : La seule façon de régler ces problèmes est de faire en sorte que les hommes de bonne volonté et connus pour leur modération, leur objectivité, leur sens de l’intérêt général s’interposent afin de renouer les fils du dialogue. Il faut que les gens se parlent, apprennent à se fréquenter, à se respecter mutuellement, à considérer le point de vue des autres.

Le fait d’être en désaccord est quelque chose de naturel et de normal dans une démocratie. En revanche, faire de la surenchère, faire dans l’injure, dans la violence verbale et parfois physique contribue à la déliquescence du climat sociopolitique. Donc, il faut retrouver la voie de la sagesse qui commande de dialoguer parce que nous pensons que l’échange d’arguments, la recherche d’une plus grande compréhension réciproque est également importante en politique. J’appartiens à un parti qui prône le dialogue, la tolérance qui signifie l’acceptation de l’autre dans sa différence, et la paix.

Ge : Selon vous pourquoi y a-t-il ce manque de communication ou de dialogue entre les différents acteurs politiques à propos de l’avenir de notre pays ?

ABC : Les blocages viennent des positions extrêmes de part et d’autre des deux bords qui campent sur leurs positions. Il s’agit souvent de positions tactiques qui nous mènent droit dans le mur. Il faut regarder l’intérêt général et prendre conscience que personne ne pourra construire notre pays dans le chaos, le désordre et l’anarchie mais aussi la peur. D’autant que tous ces comportements suscitent une certaine méfiance de la part des opérateurs économiques qui pourraient être tentés de différer un certain nombre d’investissements dans notre pays.

On peut être déterminé mais sans être pour autant extrémiste. Il faut retrouver le sens de la modération, de la pondération. J’ajoute que notre peuple est suffisamment mûr pour faire la part des choses et se faire une idée sur qui peut faire quoi ou conduire le Gabon dans sa quête du développement. Nous n’allons pas mettre le pays à feu et à sang pour quelques individus.

Avec un certain nombre de personnes nous avons fait des choix, et nous nous sommes engagés en 2009 aux côtés du président Ali Bongo Ondimba avec beaucoup d’autres, certains ont décidé de quitter le PDG, c’est leur droit le plus absolu. Notre choix était dicté par la recherche d’une certaine continuité, d’une certaine stabilité et la capacité du candidat Ali Bongo Ondimba à entraîner le rassemblement et à induire le changement positif en matière économique et social.

Il convient de saluer certaines avancées dans le domaine routier à l’intérieur du pays ainsi qu’au niveau de l’assurance maladie universelle. Si en cours du chemin les choses ne se déroulent pas comme nous l’avons prévu, alors il faut avoir le courage de changer de direction et pourquoi pas de changer les personnes.

Certains proches du Chef de l’Etat devraient comprendre de par eux-mêmes qu’ils sont devenus gênants et en plus si j’en juge par les résultats, ils sont loin d’avoir fait leurs preuves. Ils doivent donc se mettre en retrait comme d’autres personnalités et non des moindres l’ont fait avant eux. En politique à moins de manquer de lucidité, il faut arrêter de jouer aux apprentis pyromanes et avoir le courage de dire la vérité au Chef de l’Etat sinon, c’est le début de la trahison.

Ge : Selon vous, peut-on affirmer que les grèves observées dans l’administration publique prouvent qu’il y a encore des efforts à faire dans la gestion des affaires de l’Etat ?

ABC : Je pense qu’il y a effectivement des efforts à faire dans la gestion des affaires de l’Etat car l’heure est venue pour que chacun prenne ses responsabilités et joue son rôle. J’estime que ce n’est pas un fait nouveau car du temps du feu président Omar Bongo Ondimba, nous l’avons entendu se plaindre de certains responsables qui privilégiaient leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt collectif.

Pour régler tous ces maux, il faut des contrôles et prendre des sanctions car nous ne pouvons pas être une société qui ne récompense pas les comportements vertueux et qui ne sanctionne pas les comportements qui vont dans le sens de la dérive et qui consistent à s’approprier une partie des richesses qui devraient revenir au peuple. Nous savons qu’il y a des phénomènes d’enrichissement de certains individus qui sont connus, il faut sanctionner. La transparence dans la gestion s’impose parce que chaque responsable politique doit pouvoir rendre compte de ses actions. C’est tout à fait possible au Gabon puisque cela se fait ailleurs, alors pourquoi pas dans notre pays ? Il faut un minimum de volonté, s’entourer des personnes à même de faire le travail, expérimentées et ayant un minimum d’éthique dans la gestion des ressources publiques. Il faut tirer les leçons de l’expérience, ne pas occulter l’histoire de notre pays pendant qu’il est encore temps.

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