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Ali Bongo ira-t-il à l’investiture de Sassou Nguesso, élu dans des conditions controversées ?

Le ministre congolais des Affaires étrangères est venu, en fin de la semaine dernière, porter l’invitation du président Denis Sassou Nguesso à son homologue gabonais en vue de prendre part à son investiture, le 16 avril prochain. Mais le chef de l’Etat gabonais va-t-il s’y rendre, alors que plusieurs quartiers de Brazzaville brûlent, et alors que de nombreuses institutions internationales doutent de la sincérité du scrutin du 20 mars dernier au Congo ?

L’Union Européenne, qui n’a envoyé aucun observateur à l’élection présidentielle du 20 mars dernier au Congo-Brazzaville, a remis en cause la «crédibilité du scrutin» en raison des conditions de son organisation. Pour Bruxelles, le scrutin a été marqué par des atteintes aux droits de l’homme, des arrestations, des brutalités et des intimidations. L’Union africaine quant à elle n’a ni condamné, ni salué la victoire de Denis Sassou Nguesso ; une prudence qui ressemble à un refus de cautionner les résultats de l’élection. Les Etats-Unis remettent en cause tout le processus ayant permis la «victoire» du chef de l’Etat sortant. Pour ce qui est de la France, si l’Elysée n’a officiellement rien dit, le Parti socialiste au pouvoir a, dès la proclamation des résultats, demandé aux partenaires au développement et aux pays amis, de ne pas reconnaître la «victoire» de Sassou Nguesso, mettant ainsi en cause la régularité du scrutin.

Ce scrutin s’est d’ailleurs déroulé «à huis clos», avec peu d’observateurs neutres, et dans un contexte marqué par la suspension des communications téléphoniques et de l’Internet. Depuis l’annonce des résultats provisoires, et leur confirmation et proclamation par la Cour Constitutionnelle, de nombreux morts ont été enregistrés dans les quartiers Sud de Brazzaville, parmi les proches de Frédéric Ntumi, alias Pasteur, qui avait apporté son soutien à Jean-Marie Michel Mokoko qui revendique la victoire, conformément aux résultats compilés par la Commission technique électorale créée par les partis d’opposition. Le sang a donc coulé à Brazzaville et ses environs.

Mais le président Denis Sassou Nguesso, 74 ans, dont 32 au pouvoir, n’en a cure. Il a décidé de prester serment le 16 avril prochain, en dépit de la très forte contestation dont il est l’objet depuis l’annonce des résultats. Les invitations ont été adressées à tous les chefs d’Etat de la sous-région d’Afrique centrale et au-delà. C’est dans ce cadre que le président de la République gabonaise a reçu la sienne des mains du chef de la diplomatie congolaise.

Il est vrai que les chefs d’Etat d’Afrique centrale sont membres du syndicat informel des chefs d’Etat, mais n’y en a-t-il pas un seul pour pouvoir «rappeler à l’ordre» celui d’entre eux qui se serait illustré par des pratiques anti-démocratiques ? Ali Bongo qui a marché pour Charlie Hebdo et donc pour la liberté, va-t-il se rendre à Brazzaville ? Ne craint-il pas que l’on dise qu’il cautionne une élection marquée par tant d’irrégularités, de tâches de sang et du soufre ? Beaucoup d’observateurs lui suggèreraient de se faire représenter par son Premier ministre ou par son ministre des Affaires étrangères, le sang versé dans ce pays étant encore trop chaud…

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