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Le Gabon est-il sorti de l’impasse?

Après un mois de crise, la Cour constitutionnelle gabonaise a validé sans grande surprise la réélection d’Ali Bongo à la présidence du pays. L’ambiance est restée calme mais la situation reste sous tension.

Celle que l’on surnomme au Gabon « la tour de Pise », pour sa propension à toujours pencher du côté du pouvoir, aura finalement tranché, un mois après l’épineux scrutin. La Cour constitutionnelle gabonaise a validé dans la nuit de vendredi à samedi la réélection du président Ali Bongo Ondimba, 57 ans, rejetant l’essentiel du recours de son challenger, Jean Ping, ancien cacique du régime passé dans l’opposition. Selon le nouveau décompte, le président sortant l’emporte avec 50,66% des suffrages et 11.000 voix d’avance, contre moins de 6.000 selon le précédent dépouillement.

Vers un « gouvernement d’ouverture »

Le verdict à peine prononcé, celui que l’on appelle « ABO » ou simplement « Ali », élu en 2009 à la mort de son père, Omar Bongo, a proposé un « dialogue politique à tous ceux qui le voudront ». « L’objectif est d’améliorer la gouvernance du pays sur tous les sujets, confirme au JDD le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie By Nze. Il prêtera serment probablement la semaine prochaine, puis proclamera tout de suite un gouvernement d’ouverture avec des membres de l’opposition, de la société civile, des personnalités indépendantes, ou bien un gouvernement qui préparera cette ouverture. »

Si « ABO » continue de cultiver l’image d’un leader moderne, celle de l’héritier perpétuant une dynastie mise en place par son père en 1967 lui colle toujours à la peau. Les récents soupçons de fraude électorale dans le fief familial du Haut-Ogooué n’ont rien arrangé. « Nous ne sommes pas un royaume! », ont scandé quelques jeunes opposants dans la rue, après l’annonce de la Cour. Mais rien de plus, alors que tous les regards restaient tournés vers eux… L’ambiance calme de samedi contrastait avec les scènes de pillage et les émeutes meurtrières ayant suivi l’annonce de sa victoire, le 31 août, que beaucoup redoutaient à nouveau. La capitale, Libreville, a été quadrillée toute la journée par un important dispositif de sécurité. Les boutiques ont rouvert – comme à Port-Gentil, la capitale économique – mais le QG de Jean Ping et le palais présidentiel restaient sous haute surveillance.

Un « déni de droit » pour Jean Ping

Après avoir gardé le silence pendant de longues heures, Jean Ping a qualifié samedi après-midi cette validation de « déni de droit », dénonçant le « parti pris » de la Cour et assurant qu’il ne « reculerait pas ». Ses proches continuaient de déplorer des pressions et de nouvelles interpellations. Plus de 1.000 personnes ont été arrêtées après le 31 août, la plupart relâchées. L’exécutif a également averti le challenger qu’en cas de défaite devant la justice, il serait arrêté s’il y avait « des violences » et s’il franchissait « la ligne rouge ». « Sauf insurrection armée de l’opposition, le pays restera calme, martelait samedi le porte-parole de campagne d’Ali Bongo.

Le gouvernement a pris des dispositions de sécurité dans toutes les villes. La loi sera respectée. » Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a toutefois regretté samedi soir que l’examen des recours n’ait pas levé « tous les doutes » sur cette réélection.

Camille Neveux – Le Journal du Dimanche

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