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Quand les crocodiles d’Afrique traversaient l’océan pour peupler l’Amérique

Les analyses d’un squelette âgé de plusieurs millions d’années retrouvé en Libye ont révélé que le « Crocodylus checchiai » serait l’ancêtre du reptile américain.

C’est un simple crâne mais qui en dit long : le fossile d’une espèce de crocodile africain aujourd’hui disparue a révélé une troublante similitude avec ses cousins américains modernes, dont les ancêtres auraient franchi l’océan Atlantique il y a au moins 5 millions d’années, selon une étude parue jeudi 23 juillet.

Les crocodiles américains pourraient tous être les descendants d’une unique femelle enceinte de cette ancienne espèce africaine, qui se serait laissée transporter par les courants de l’océan pour débarquer dans le Nouveau Monde, spéculent les auteurs de cette étude publiée dans la revue Nature Scientific Reports.

Un crâne du crocodile de l’espèce Crocodylus checchiai avait été découvert en 1939 sur le site d’As-Sahabi en Libye, avec quatre autres spécimens identiques malheureusement détruits pendant la seconde guerre mondiale ou perdus. Seul le cinquième a pu être préservé et stocké au Musée des sciences de la terre de l’Université Sapienza de Rome, dans un assez bon état malgré ses 7 millions d’années.

Réexaminé au scanner récemment, le crâne long de près de 50 cm de long a pu être reconstitué en images 3D, et révélé enfin les secrets de son anatomie : « C. checchiai » avait une protrusion au niveau du museau, lui proférant un profil convexe. Une forme qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en Afrique, mais qui rappelle étrangement celle de quatre espèces cousines peuplant aujourd’hui l’Amérique, ainsi que d’anciennes espèces du Venezuela, explique l’étude.

« 500 kilomètres en flottant »

Cette structure squelettique partagée suggère donc une évolution étroite entre Crocodylus checchiai et ces crocodiles américains.

Des analyses morphologiques et moléculaires complémentaires ont permis d’appuyer cette thèse, et conclu que cet ancêtre africain pourrait se trouver à la base de l’arbre phylogénique des crocodiles, et serait le lien manquant entre les lignages africains et américains.

Mais comment les branches se sont-elles mêlées ? L’étude suggère que les gros reptiles auraient migré d’Afrique vers l’Amérique pour se disperser sur le continent, à l’ère du Miocène, il y a entre 11 millions et 5 millions d’années.

Pourtant à cette époque, l’océan Atlantique représentait déjà « une gigantesque barrière paléobiogéographique », explique à l’AFP Massimo Delfino, l’auteur principal de l’étude. Mais la présence de plusieurs courants, notamment le courant nord-équatorial, a probablement facilité la dispersion des crocodiles, développe ce chercheur de l’Université de Turin.

L’espèce disparue Crocodylus checchiai est en effet proche d’une espèce actuelle d’Australasie (une partie de l’Océanie comprenant généralement l’Australie et la Nouvelle-Zélande), qui est « capable de parcourir près de 500 kilomètres en un mois simplement en flottant et se laissant transporter par le courant, comme l’ont montré des images satellites », ajoute-t-il, précisant que des études plus poussées seront nécessaires pour mieux comprendre les modalités de cette dispersion.

Le Monde avec AFP

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