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Omar Bongo, Pierre Mamboundou et les 11 milliards de Ndéndé: Une alliance de fossoyeurs qui consacre la mort de l’état et de la démocratie au Gabon

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Bongo-Mamboundou: Alliance des fossoyeurs
(Montclair, le 11 juin 2007 – BDP-Gabon Nouveau) – Il n’y a rien de plus pathétique qu’un peuple vaincu qui, pour se consoler, s’évertue à transformer en victoire les échecs de ses leaders. Il n’y a rien de plus malheureux que des militants qui, pour masquer leur désarroi, s’exercent désespérément à trouver, dans les trahisons et les compromissions de leurs leaders, les excuses et les palliatifs qui leur permettraient de continuer à justifier leurs engagements et leurs espoirs, même quand les actes de leurs leaders présentent toutes les évidences d’une fin de combat. Et il n’y a rien de plus pitoyable que des intellectuels (exilés et non exilés) qui s’aveuglent et aveuglent les autres en continuant à s’éreinter à vouloir justifier l’injustifiable, à vouloir expliquer l’inexplicable et à vouloir recouvrir de farine démagogique les plaies inguérissables d’un Gabon bongoïsé à outrance, plaies béantes et durablement destructrices que leurs leaders contribuent à multiplier en flagrante complicité avec Omar Bongo et sa troupe d’animaux.

Il en va ainsi, hélas, des rapports entre Pierre Mamboundou et sa base, qu’elle soit intellectuelle ou populaire, exilée ou locale. Ces rapports offrent aujourd’hui le triste spectacle d’une fuite en avant et d’une langue de bois qui en disent long sur la criminalité des uns et la naïveté des autres. Jamais de toute l’histoire du Gabon n’a été vu un tel aveuglement partisan, un tel amour des illusions, surtout de la part d’intellectuels que la perspicacité d’esprit et la capacité d’analyse auraient dû éloigner des prestidigitations qui trompent le peuple et des manigances qui tuent le Gabon. Avant d’être partisan, l’intellectuel se doit avant tout de rester intellectuel et d’assumer le rôle d’arbitre moral qui devrait être le sien quand il en vient à l’affirmation non seulement des institutions démocratiques que les Gabonais veulent, mais aussi des intérêts du peuple au travers d’un état qu’on voudrait au service de la nation et du bien commun.

Il semble, hélas, que l’intellectualisme gabonais se perde de plus en plus dans les méandres de calculs intéressés, surtout chez ces élites qui, à l’UPG comme dans d’autres groupuscules noyés dans la boue des compromissions, voient dans l’égarement de leaders comme Pierre Mamboundou la possibilité pour eux de récolter des postes juteux si jamais leur leader réussissait son  » coup « . Par  » coup  » ici, ils entendent le fait de forcer, par l’invective, le chantage et l’illusion d’un radicalisme sans faille, Omar Bongo à négocier avec eux pour que s’ensuivent des  » accords  » qui ne manqueraient pas de trouver pour chacun une petite place au soleil. Certains continuent ainsi à soutenir aveuglément leur leader et à militer pour des idéologies non existantes, oubliées ou non maîtrisées, car personne ne sait en réalité ce que c’est qu’une idéologie, et pourquoi elle seule doit guider l’action des uns et des autres dès lors qu’ils s’assemblent dans le cadre d’un mouvement ou d’un parti pour soutenir non pas leur leader, mais une idéologie dans laquelle ils se retrouvent. C’est ainsi qu’ils en viennent à confondre fidélité à une idéologie et fidélité à un leader. D’où ce bizarre aveuglement à suivre un leader comme Pierre Mamboundou qui continue honteusement à étaler sur la place publique sa duplicité.

Savoir ce que c’est qu’une idéologie est pourtant une condition sine qua non de l’engagement politique, voire du combat politique. Ne pas le comprendre, c’est nager dans le flou et s’aveugler. Voilà pourquoi il est possible aujourd’hui à Pierre Mamboundou de sortir totalement de l’idéologie pourtant claire de son parti, sans que qui que ce soit parmi l’élite de l’UPG ne s’en offusque.

Or, c’est être un vrai intellectuel que de militer uniquement en fonction de l’idéologie et non de la personne. Quand le parti ou le leader qu’on a soutenu sur la base d’une idéologie précise se retrouve en porte à faux par rapport à cette idéologie, il convient de le quitter ou de le démettre. Par manque de discernement et de convictions claires, ou peut-être par naïveté ou intérêt, nos intellectuels finissent par geler leurs méninges dans l’océan glacial des compromissions qui avancent les individus et non la nation. Quand il y a un tel silence autour d’un leader égaré, c’est peut-être que tous ceux qui gravitent autour de lui trouvent leur compte, non pas dans une idéologie commune qui ne semble point exister ou suivie dans ce cas, mais bel et bien dans les compromissions de leur leader. L’intellectuel gabonais est devenu tellement calculateur, tellement intéressé que son opposition ne dépasse plus jamais le bout de son nez. Avant de poser un pas, il se demande d’abord ce qu’il pourrait récolter comme avancement personnel. Quand Mamboundou rencontre Bongo, ils ne s’offusquent point de voir Mamboundou toujours revenir les mains vides sur le plan des avancées démocratiques. Au contraire, ils s’égayent comme des oisillons dans un nid, clamant à qui veut l’entendre la  » puissance  » de Mamboundou, qui selon leurs analyses, serait en train de faire faire à Bongo des  » choses « .

Mais, quand on creuse un peu, on trouve chacun en train de se caresser la barbichette, parce qu’il sait qu’un jour, leur leader sera capable de tous les positionner à des postes visibles ou, au pire, laisser une partie des milliards récoltés leur revenir. Comme cela, tout le monde est content. On a eu les milliards, c’est bon. La démocratie ? C’est trop dur. Il faut patienter, attendre. Bongo est trop dur à enlever. Mais en réalité, derrière ces aveux d’échec et d’impuissance à peine déguisés, on découvre plutôt qu’il n’y a jamais eu nulle part en eux de convictions véritables. Ce qui les assemble, ce n’est point une idéologie du changement, mais une idéologie de partage du gâteau. Voilà pourquoi ils s’évertuent à lire les rencontres devenues fréquentes entre Bongo et Mamboundou comme des victoires de Mamboundou, au lieu de les voir comme Bongo transformant Mamboundou en un petit toutou dont la queue se trouve désormais entre les pattes, toutou à qui il suffit d’enfoncer quelques milliards dans la gorge pour le voir bégayer d’émotion et se déclarer satisfait non pas des avancées, mais des reculs démocratiques du Gabon.

Voilà pourquoi très peu de gens au sein de l’élite UPG ne s’arrêtent un seul instant pour se dire :  » Mmmnh, attendez une minute, l’action de Mamboundou est-elle compatible avec les principes de transformation du Gabon pour lesquels nous nous battons ? Ses compromis et compromissions avancent-ils réellement le Gabon ? La méthode qu’il utilise, qui a déjà été éprouvée et mise en échec par d’autres avant lui, est-elle vraiment porteuse de changement dans le court terme, ou prolonge-t-elle plutôt l’agonie du Gabon tout en renforçant le régime de Bongo ?  » Ce type de questionnements ne semble nulle part se percevoir chez nos compères. On assiste plutôt à une euphorie béate de la part de l’élite UPG qui semble pointer vers des complicités conformes à une tradition gabonaise bien connue. On ne fait jamais de politique chez nous pour l’intérêt du Gabon. On ne la fait que pour accéder à quelque poste ou à quelque fortune. Et pour cela, on gesticule, on gigote comme des gazelles prises au piège, le temps de se faire remarquer. Et on se berce d’illusions en colportant l’idée erronée selon laquelle on peut changer les choses au Gabon en négociant avec Bongo. Alors que Mamboundou est en position de faiblesse totale, alors même que Mamboundou est devenu un instrument aux mains de Bongo, les upégistes continuent à croire que c’est Mamboundou qui mène le bal. Au moment où seule une cassure totale pourrait sauver le Gabon de Bongo, on se met à croire que c’est en collaborant avec le régime que le Gabon sera sauvé. Ceci faisant, on renforce le régime avec une malice qui sort de l’entendement. Et on oublie que Mba Abessole avait déjà tenté la même stratégie et en a hérité un ventre gros comme une montagne. A la fin, c’est à qui mieux mieux qu’on s’avance, chacun essayant de construire pour lui-même une personnalité visible, de manière à se démarquer de la masse, ce qui depuis toujours ne manque jamais d’attirer les grâces du régime, tellement il est occupé à taire les voix discordantes.

Ceux qui, comme au BDP-Gabon Nouveau, recommandent des actions concertées dans le cadre d’un processus insurrectionnel capable de véritablement libérer le Gabon sont tout de suite traités d’hérétiques et d’irresponsables, non pas parce que le BDP se trompe dans son analyse, mais plutôt parce que faire de la politique radicale ne paie pas. Il faut, selon eux, être radical dans le verbe, mais mou dans l’idéologie, de manière à ne pas rater  » la chance « . Et cette  » chance « , c’est en général une entrevue secrète avec Omar Bongo à l’étranger ou au Bord de mer avec, pour ponctuer le tout, une petite mallette de dollars. Et, de temps à autre, un petit poste de conseiller sans bureau attaché à la Présidence de la république.

Au Gabon, la prostitution des intellectuels a atteint des sommets tellement maladifs que, quand ils découvrent qu’ils se sont engagés avec des extrémistes comme Daniel Mengara qui refusent depuis belle lurette de se compromettre avec Omar Bongo, ils quittent le BDP par bateaux pour aller demander pardon à  » papa  » pour leur égarement. Mengara, pleurnichent-ils souvent, les aurait trompés en voulant les entraîner dans des violences et des coups d’état avec ses complices de la CIA ; eux, professent-ils alors aux oreilles attentives de Bongo, ils ont préféré abandonner ce  » fou  » réfugié derrière son écran d’ordinateur aux Etats-Unis pour aller demander pardon à  » papa « ,  » réintégrer la République  » et faire de la politique responsable sous la haute magnanimité de  » papa  » qui leur donne toujours de bons conseils,  » comme un père « . Il en va ainsi des Siméon Ekoga et des frères Bessacque de ce monde, qui allèrent chèrement vendre la mort du BDP-Gabon Nouveau auprès de Bongo. A leur grand dam, le BDP-Gabon Nouveau est toujours là, décidé à continuer son combat en vue du démantèlement total du régime Bongo par les voies insurrectionnelles. Cet objectif, depuis la création du BDP, est resté le même, tout simplement parce que c’est une idéologie qui n’a jamais, dans ce mouvement, souffert d’aucune entorse, ni par le BDP lui-même, ni par Daniel Mengara son leader. Des opportunistes comme Siméon Ekoga et les frères Bessacque y sont entrés avec l’espoir de pousser le BDP à se vendre à Bongo ; ils en sont ressortis comme des rats. Le BDP et son leader sont restés les mêmes, solidement assemblés autour d’une ligne de pensée simple, mais toujours claire : Rien de bon ne peut plus se passer au Gabon tant que Bongo est au pouvoir ; Bongo doit donc partir, par tous les moyens possibles.

Mais ce discours insurrectionnel, les intellectuels gabonais, surtout ceux de la dispora, ne le comprennent pas encore et le rejettent, parce qu’ils ont peur d’être  » fichés  » comme révolutionnaires, ce qui leur priverait de la possibilité d’aller voir leurs parents au Gabon, de vivre tranquille dans leur coin ou d’espérer un jour, de par leur  » mesure  » et leur caractère  » responsable « , jouer un rôle de poids dans le Gabon bongoïste où les postes se récoltent comme des mangues, dès lors qu’on sait saisir sa  » chance « . Beaucoup en sont même encore à un stade de naïveté tel qu’ils croient encore le changement possible au Gabon par des actions  » concertées  » avec le régime comme celles que mène actuellement Mamboundou. Peu comprennent qu’il n’y a qu’une action insurrectionnelle qui pourrait, en quelques mois seulement, changer radicalement le Gabon là où des actions comme celles de Mamboundou prendraient des décennies. Et comme ils ne savent jamais tirer les leçons de l’histoire, nos intellectuels ne comprennent pas encore que cela fait déjà presque 20 ans depuis 1989 que nous attendons tous la démocratie promise par ceux qui recommandaient des actions pacifiques et qui, paradoxalement, n’ont servi qu’à renforcer le régime Bongo tout en se remplissant les poches. On a tout essayé au Gabon au cours des 20 dernières années. La seule chose à n’avoir jamais été essayée, c’est une insurrection savamment préparée et exécutée. Qu’il n’en déplaise à ces naïfs, voilà la voie choisie par le BDP-Gabon Nouveau et on en verra bientôt les fulgurants résultats. Bongo ne tiendra pas cinq mois au pouvoir avec ce qu’on lui réserve.

Il est vrai que beaucoup au Gabon ne veulent ni la guerre civile, ni la violence. Il est vrai aussi que beaucoup ne veulent pas de sang sur leurs mains et préfèreraient qu’on laisse Bongo mourir tranquillement au pouvoir, parce que Bongo aurait promis un massacre si on le brusquait. Il est donc préférable, selon ces pacifistes, de laisser des milliers d’enfants mourir chaque année de malnutrition, de paludisme et de Sida, car leurs morts miséreuses ne représentent pas le sang gabonais qu’on a peur de verser si on fout Bongo dehors par la violence. Et quand Bongo mourra, il faudra aussi songer à ne pas brusquer son héritier, car lui aussi voudra tout massacrer si on le brusque. Attendons donc 100 ans, pourquoi pas, car nos enfants pourront peut-être à cette époque, trouver une solution. Et ce n’est pas grave qu’entretemps un million de Gabonais nés et non nés soient morts de misère, car mourir de misère tout seul dans son lit n’est pas la même chose que mourir par patriotisme en se battant pour son pays.

Je dis donc, quelle indécence ! 

Quelle indécence de voir ici ou là des compatriotes, dont certains sont de vrais intellectuels, s’essayer à vouloir faire passer les 11 milliards donnés à Mamboundou par Bongo comme un acte positif pour le Gabon, parce que cet acte est supposé aider Ndéndé à  » se développer  » !

Quelle indécence pour ces intellectuels de vouloir continuer à présenter Mamboundou comme autre chose que ce qu’il était déjà depuis au moins cinq ans, c’est-à-dire un complice d’Omar Bongo de la même trempe que Paul Mba Abessole en son temps. Autrement dit, des rustres corrompus et sans scrupules achetés par Bongo pour jouer les épouvantails dans l’opposition, dans le seul but de canaliser vers des culs de sacs politiques les énergies révolutionnaires qui, chaque année depuis 1989, ont risqué de faire basculer un régime vomi par le peuple depuis sa création.

Quelle indécence pour les intellectuels de l’UPG de présenter ces 11 milliards comme une victoire, alors même que cet argent, même aux yeux du paysan, apparaît comme la  » juste  » récompense de Mamboundou pour avoir sauvé le régime Bongo. S’il est vrai que le régime Bongo survécut entre 1967 et 1989 par l’action d’une dictature pure et dure, il est également vrai que la survie de Bongo, de 1990 à 2007, n’a été possible que grâce aux opposants épouvantails, ceux-là même qu’il s’est confectionné sur mesure pour tuer dans l’œuf toutes les possibilités de révolution au Gabon : Mba Abessole de 1989 à 1998, Pierre Mamboundou de 1998 à 2007. La méthode est simple : pendant près de 20 ans, des opposants cousus sur mesure ont fait croire au radicalisme et au changement. Grâce à cela, ils ont entraîné avec eux les foules révolutionnaires. Mais, au dernier moment, ils ont toujours su dégonfler ces énergies en les canalisant vers l’immobilisme découragé, le seul qui profite au régime Bongo.

On se souviendra du simple fait que dans les années Mba Abessole (1989-1998), c’est l’opposant lui-même qui appelait le peuple au calme à chaque fois que le régime était sur le point de basculer. Mba était, soi-disant, partisan de la non-violence. Il citait copieusement Gandhi et l’idéologie de la non-violence, démontrant ainsi les limites de sa connaissance du mouvement de Gandhi. Contrairement à Mba Abessole, qui avait opté pour une non-violence PASSIVE, Gandhi était un apôtre de la non-violence ACTIVE. Mba Abessole n’avait pas compris que Gandhi était foncièrement un homme violent, qui sapait par des actes de défiance généralisée l’autorité coloniale de l’Empire britannique, aboutissant ultimement à une situation d’ingouvernabilité qui sonna le glas du colonialisme britannique en Inde. Gandhi avait acculé, de par ses actions de défiance systématique, les Britanniques à un choix simple : partir ou risquer le chaos total. Aujourd’hui, Mba Abessole, l’homme qui avait menti à Dieu (il est prêtre défroqué) et au peuple gabonais (il fut opposant) arbore un ventre deux fois plus gros que celui qu’il avait ramené de son exil français. Il ne jure plus maintenant que par le nom de Bongo.

Pierre Mamboundou a connu un parcours similaire. Ayant longtemps fait entretenir l’illusion d’être non seulement radical, mais aussi irréductible, l’opposant a montré, à chaque élection, ses limites. Tandis que ses discours faussement révolutionnaires faisaient croire à ses partisans qu’il était prêt à  » gaspiller  » (cf. ses multiples avertissements du style :  » cette fois-ci, nous ne nous laisserons pas voler la victoire « ), on a plutôt vu l’opposant radical se dégonfler comme un tonneau vide le jour où Bongo le bouscula pour la toute première fois en allant investir son siège. Plutôt que de se radicaliser un peu plus et de déclarer la guerre ouverte au régime, l’homme Mamboundou paniqua et se dégonfla. Il n’a jamais été question pour lui de mourir ni pour des convictions inexistantes, ni pour ce peuple pour lequel il prétendait se battre. Sans se faire inviter, il alla unilatéralement quémander la  » normalisation  » chez Bongo, et ressortit de là avec quelques milliards d’acompte, en attendant le pactole de 11 milliards supplémentaires promis par  » papa  » en échange de l’accalmie. Mamboundou n’a, en réalité, jamais inscrit de stratégie de révolte dans son répertoire d’actions politiques possibles, préférant se livrer à des gesticulations juridiques ridicules que tout le monde savait sans lendemain.

Mais ce n’est pas réellement du passé ni des actes de ces messieurs que je veux parler ici. C’est, en réalité, de l’état que je veux parler, spécifiquement des conséquences qu’ont eu les actes des marchands d’illusion que furent Mamboundou et Mba Abessole sur la possibilité d’un état de droit tel qu’on pourrait l’envisager dans le Gabon de demain. Je veux parler de l’état de droit pour faire comprendre aux uns et aux autres les ramifications destructrices qui découlent des actions politiques actuelles d’Omar Bongo et de Pierre Mamboundou, actions qui visiblement se situent désormais dans l’affirmation débridée des valeurs oligarchiques et népotiques qui détruisent le Gabon depuis quarante ans.

Qu’est-ce qu’il y a donc de si grave que cela, me dira-t-on, dans la remise par Bongo de 11 milliards de CFA à Pierre Mamboundou ? N’est-il pas bon que Mamboundou puisse prendre en mains le développement de sa localité ?

Réponse : Le problème n’est pas dans la surface des choses. Le problème est dans les principes d’état et d’état de droit qui se doivent de prévaloir dès lors qu’il s’agit d’une question qui engage la nation tout entière. L’argent donné à Mamboundou n’est ni l’argent personnel d’Omar Bongo, ni l’argent personnel de Pierre Mamboundou, mais bel et bien l’argent de la nation tout entière. Ce fait, à lui tout seul, interpelle car Bongo et Mamboundou se sont, dans cette transaction, rendus coupable d’un népotisme qui, en dernière analyse, tue l’état de droit tout en renforçant les pouvoirs arbitraires du dictateur. Une manière de faire, donc, qui contredit tout le discours politique de Pierre Mamboundou et contribue à la mort prématurée de toute possibilité de démocratie au Gabon.

Nous expliquerons.

Mais avant, épluchons rapidement les questions qui viennent tout de suite à l’esprit et permettons-nous également une pointe de sarcasme.

Pourquoi Ndéndé ? Et Pourquoi Ndéndé uniquement et maintenant ? Ndéndé est-elle la seule localité du Gabon ayant besoin d’un apport de 11 milliards pour se développer ? Et pendant qu’on y est : puisque chaque localité du Gabon dispose d’un député à l’Assemblée nationale, pourquoi ne pas donner tout de suite onze milliards à chacun des 120 députés gabonais pour qu’ils aillent eux aussi  » développer  » eux-mêmes leurs localités ? Pour cela, il ne faudrait qu’un  » petit  » 1320 milliards, l’équivalent de presque tout le budget annuel de l’état. Au moins, par cette méthode de gestion décentralisée, chacun des députés gabonais pourrait sans problème développer sa localité dès cette année, rendant ainsi caduc ce qui est supposé être le gouvernement de la république, dont l’action deviendrait superflue vu que les députés se chargeraient eux-mêmes de propulser leurs villages sur la pente du développement durable. Les députés deviendraient ainsi les gestionnaires directs du pactole national à la place de l’état, ce qui permettrait d’abolir les gouvernorats, les préfectures, les collectivités locales, les ministrons de la république et autres avortons devenus ainsi inutiles. On supprimerait aussi ce Sénat dont les membres seraient sans utilité et Omar Bongo se contenterait alors d’accomplir ses  » Actes pour le Gabon  » par des dons directs de 11 milliards faits chaque année à chaque député du Gabon. Simple, non ?

M’enfin, pour qui Pierre Mamboundou et Omar Bongo prennent-ils les Gabonais ?

Ce qui est frappant dans notre pays, c’est la naïveté avec laquelle les Gabonais de manière générale, mais aussi les intellectuels, prennent des actes comme celui qui vient de se dérouler sous leurs yeux. Que la partie non instruite du peuple s’y trompe et puisse ne pas comprendre ce qui se passe au sein des arcanes du pouvoir est certainement excusable : la masse populaire ne maîtrise pas forcément les mécanismes de gestion d’un état moderne. A ce titre, elle ne peut pas toujours détecter les dangers que représenteraient pour le fonctionnement et l’affirmation de l’état des méthodes de gestion  » à la carte  » et  » au faciès « , telles celles que Bongo et Mamboundou sont actuellement en train de renforcer au Gabon. Par contre, on ne peut pardonner aux intellectuels ni leur naïveté ni leurs complicités morales. Autrement dit, il ne s’agit aucunement ici d’un débat d’idées qui justifierait les approches partisanes, il s’agit d’un débat de fond sur la nature de l’état, ses fonctions et sa finalité. Nos intellectuels, dès lors qu’il s’agit de construire, puis d’affirmer les principes d’état de droit qui intronisent la démocratie, devraient toujours s’accorder sur ces principes et condamner tout acte qui irait à l’encontre de tels principes.  Il leur faut donc toujours avoir les méninges assez aiguisées pour détecter, puis condamner, des pratiques qui tueraient les principes d’état de droit, même quand ces principes sont bafoués par Pierre Mamboundou, l’homme qui jadis prétendit s’en faire le champion. Devant une telle démission intellectuelle de nos compatriotes, surtout ceux de l’UPG, les observateurs avertis que nous sommes ne peuvent que s’inquiéter quant à l’avenir de ce pays que nous aimons tant.

Soyons donc clairs.

Un pays ne peut se gérer de cette façon. Un pays dont l’état se veut moderne et démocratique, donc juste et équitable, ne peut se gérer ni  » à la carte  » ni  » au faciès « . Que Pierre Mamboundou se soit rallié à cette méthode de gestion relève, sincèrement, de la plus grosse aberration de l’histoire politique du Gabon et jette, en fin de compte, le doute sur la capacité de cet homme à pouvoir valablement diriger un pays comme le nôtre. Une chose est de faire de beaux discours moralisateurs sur la gestion familiale qu’Omar Bongo a faite du Gabon pendant 40 ans, une autre est d’oublier, en seulement l’espace de deux ans, qu’on a tenu de tels discours. Les actes de Mamboundou ont montré qu’il ne soufflait que du vent, et rien d’autre. Quelle chance, donc, pour le peuple gabonais que Pierre Mamboundou ne soit jamais devenu président !

Quand on se présente à une élection présidentielle en tant qu’opposant, c’est qu’on veut faire mieux que celui que l’on combat. Quelle serait alors l’utilité de se défaire de Bongo pour ensuite installer à sa place quelqu’un qui gérerait le Gabon de manière aussi despotique, népotique et tribaliste, quelqu’un qui saperait le pouvoir de l’état de droit au lieu de l’affirmer ? En renonçant aux principes de droit pour collaborer avec son ennemi d’hier, Mamboundou ne démontre-t-il pas, finalement, qu’il n’avait pas grand-chose à reprocher à Bongo ? Quand il y a une telle distance entre le discours d’un leader et ses actes, il y a raison de s’inquiéter. En deux ans seulement, Pierre Mamboundou est parti de renoncements en renoncements, de reculs en reculs, entraînant malheureusement le Gabon dans des compromissions qui l’ont ramené vingt ans en arrière en matière d’affirmation démocratique. Mamboundou a d’abord renoncé aux principes de moralité et de probité dont il se prévalait en allant quémander quelques milliards chez Bongo le 19 avril 2006 ; il a ensuite renoncé aux principes de bonne gouvernance qu’il défendait pourtant dans son propre projet de société en acceptant de manière aussi personnelle et arbitraire les 11 milliards de Bongo.

On nous dira que Mamboundou a le droit de faire comme il veut, puisqu’il est libre de ses actes et de ses opinions. Je dis que ceci n’est pas vrai. Dès lors qu’un homme politique, par ses actes, implique toute une nation dans ses compromissions, tout citoyen a le droit de lui reprocher son comportement, surtout quand un tel comportement est criminel. Autrement dit, Mamboundou aurait pu aller, s’il le voulait, adhérer au PDG sans que cela ne m’offusque. Ce serait là son droit. Mais dès lors que des milliards sortis illégalement des coffres de l’état sont impliqués, et que dans ses compromissions avec le régime, Mamboundou s’implique en tant qu’individu représentant l’intérêt du peuple gabonais et parlant pour le peuple tout entier, le citoyen qui ne se reconnaît pas dans ses actes se doit de le dire, de peur de devenir, par son silence, complice des manigances de Mamboundou et d’Omar Bongo.

Alors, de quoi s’agit-il précisément ?

A. Principes de probité morale

Nous ne reviendrons pas longuement sur la probité morale de Mamboundou. Il va de soi que quand un opposant, sans avoir obtenu gain de cause en quoique ce soit dans le cadre de son carnet de revendications démocratiques, renonce aussi légèrement à ses convictions en embrassant comme un ami de longue date un adversaire qu’il a toujours fustigé, le manque de probité morale n’est plus à démontrer. La preuve en est très simple : il n’y a rien que Mamboundou ait obtenu de Bongo qui ait pu justifier un apaisement. Bongo a tout obtenu de Mamboundou, y compris le renforcement de son régime, mais Mamboundou n’a rien obtenu en retour, en dehors des milliards qui ont circulé nuitamment. Aucune avancée constitutionnelle, aucune avancée démocratique, aucune affirmation de l’état de droit. Bien au contraire, en travaillant dans le cadre des institutions bongoïstes, c’est Mamboundou qui est venu les renforcer, les consolider. Grâce à Mamboundou, Bongo est aujourd’hui plus fort qu’il ne l’était il y a deux ans. Comment quelqu’un peut-il faire un tel revirement ? Tout au sein du régime Bongo semble être soudainement redevenu acceptable pour Mamboundou : il a reconnu Bongo comme président légitime du Gabon, est satisfait de l’endettement du pays que Bongo contracte après du FMI au nom des Gabonais, rencontre Bongo tous les jours comme le ferait un Premier ministre, se retrouve à toutes les sauces qui confortent, consolident et affirment le régime Bongo comme un régime acceptable et donc, démocratique. A en croire Mamboundou, il ne resterait plus aujourd’hui aux Gabonais qu’à fêter la démocratie gabonaise puisque Mamboundou semble en être relativement satisfait.

Mais la vérité se trouve ailleurs. S’il y a eu apaisement sans que Mamboundou n’ait rien obtenu de concret en matière de réforme de l’état et d’avancées démocratiques, alors il faut conclure que Mamboundou ne se battait pas pour la réforme de l’état. Il se battait pour son ventre. Ce ventre se retrouve aujourd’hui récompensé de près de 11 milliards, après les deux milliards précédemment promis par Bongo à titre de dédommagement pour les mille préjudices subis par Mamboundou lors de l’invasion par les militaires du siège de son parti en 2006.

Mais laissons de côté l’aspect moral. Regardons maintenant les principes de bonne gouvernance.

B. Principes de bonne gouvernance

Ceci est notre véritable préoccupation dans ce texte.

A peu de choses près et à plusieurs égards, le projet de société de l’UPG ressemblait à celui du BDP-Gabon Nouveau. L’une des plus grandes différences se trouvait dans les moyens de lutte. Le BDP a toujours pensé que seule la révolution pouvait libérer le Gabon et que rien de bon ne pouvait plus se passer au Gabon tant qu’Omar Bongo et sa clique seraient au pouvoir. L’UPG, de son côté, semblait ambigu sur cette question, préférant ce qu’ils appelaient à l’époque la  » légalité républicaine  » dans une république pourtant sans légalité. Ils choisissaient ainsi de caresser le régime dans le sens du poil, oubliant que d’autres avant eux l’avaient essayé, sans succès. Mais pour pas mal d’autres aspects, c’était un projet plus ou moins acceptable, surtout du point de vue des réformes souhaitées par l’UPG, même si leur projet de réformes n’allait pas aussi loin que celui du BDP-Gabon Nouveau. C’est dire, donc, que le programme de l’UPG, comme celui du BDP-Gabon Nouveau, contenait des critères de bonne gouvernance importants qui visaient à une transformation acceptable de l’état de manière à permettre non seulement sa démocratisation, mais aussi la libération des énergies citoyennes en vue du développement durable.

Les principes de bonne gouvernance dont il s’agit ici sont essentiels parce que leur application totale et inconditionnelle aurait eu des effets positifs et galvanisateurs importants sur le Gabon : un pays démocratisé mène forcément à la modernisation du fonctionnement de l’état, y compris aux réformes qui renforcent l’état de droit et éliminent la corruption. Ces réformes auraient défini les normes de fonctionnement qui auraient permis à l’état de se débarrasser non seulement de l’arbitraire et des injustices, mais aussi de se défaire de ses tendances despotico-autocratiques (pouvoir personnel et absolu d’un seul homme), népotiques (favoritisme familial qui réserve les faveurs de l’état aux proches), oligarchiques (pouvoirs détenus par une petite partie de la société), totalitaires (contrôle dogmatique de l’activité de citoyens et de leur pensée, comme sous le parti unique) et tribalistes (gestion à base tribale du pouvoir).

Il est malheureux de constater que les actes de Mamboundou et ses compromissions ont eu pour corollaire de précisément renforcer la nature despotico-autocratique, népotique, oligarchique, totalitaire et tribaliste du régime Bongo. Pire, Mamboundou s’est lui-même, en se faisant partisan d’un développement sectaire qui privilégie Ndéndé aux dépends d’autres localités gabonaises dans le même besoin, lancé tête baissée dans cette manière de gérer l’état, contredisant lui-même les principes de gestion pour lesquels il disait se battre.

Mamboundou, à ce titre, s’est trompé de combat. Il a pris le combat du mauvais côté. Or, dans ce type de combat, il n’y a qu’une seule règle pour le changement : démocratie d’abord, collaboration et réconciliation ensuite. C’est cela la seule voie républicaine. La voie choisie par Mamboundou, qui commence par la collaboration et la réconciliation, aboutit forcément à un cul de sac. Une dictature ne s’écroule jamais d’elle-même. Il faut l’y forcer.

C’est dire que le combat d’un opposant gabonais qui se battrait en vue de l’affirmation des principes de réforme et de démocratisation de l’état au Gabon ne peut s’éloigner des principes de bonne gouvernance sans craindre de condamner le Gabon à une dérive encore plus grave. L’opposition qui se veut responsable a un rôle sacré à jouer. En restant résolument dans l’opposition et en se faisant champion de l’application des principes de bonne gouvernance qui libèrent tout un pays, l’opposant ou le parti d’opposition sert nécessairement de contre-pouvoir et exerce sur le régime qu’il combat une pression morale qui limite les effets pervers des actions néfastes d’un tel régime. Le régime doit faire plus ou moins attention à ce qu’il fait quand l’opposition reste déterminée. Mais quand l’opposition se met en collusion avec le régime, elle fait plus de mal que de bien et cela mène à des dérives totalitaires dans le pays puisque les voix discordantes s’éteignent, laissant libre cours à une mafia d’état agissant en toute impunité. L’opposant qui se veut responsable ne doit donc jamais devenir le complice des dérives d’un régime totalitaire comme celui de Bongo. Et pour ce faire, seuls les objectifs suivants, dans le cadre du Gabon, doivent guider son action. L’opposant doit rechercher leur application par tous les moyens possibles. Il doit chercher à :

1. Imposer la réforme constitutionnelle : Ceci consiste, dans le cadre du Gabon, à forcer, par des actes d’opposition radicale, le régime à totalement refonder la constitution gabonaise de manière à asseoir définitivement une limite de mandat fixées à 5 ans et renouvelable une seule fois, à bloquer par des mécanismes juridiques et constitutionnels toute possibilité de manipuler la constitution au profit d’un individu ou d’une oligarchie, à rendre totalement indépendantes les Commissions et structures de contrôle des opérations électorales, à rendre la Cour constitutionnelle totalement indépendante du pouvoir politique, à limiter de façon radicale les pouvoirs du Président de la république, donc sa capacité de nuisance quelqu’il soit, et redistribuer la majorité de ses pouvoirs au Premier ministre et au parlement, étant entendu dans ce cas que seul le parlement serait habilité à nommer le Premier ministre et non plus le président de la République. Il y a beaucoup plus que l’on pourrait ajouter ici comme paramètres pouvant mener à l’état de droit, mais la vraie question est la suivante : Mamboundou s’est-il, dans ses tractations de palais préoccupé de ce petit minimum ? La réponse est  » non « .

Au contraire, Mamboundou semble continuer à gesticuler en donnant l’illusion à la population que le pays avance dans la bonne direction. Il est ressorti du palais en avril 2006 les mains vides sur le plan des réformes et les poches pleines sur le plan personnel et particulier. Au palais, ce n’est plus le Gabon qui le préoccupait mais bel et bien Pierre Mamboundou. On le voit aujourd’hui utiliser des arguments comme le relèvement du SMIG, les milliards reçus et la gratuité de l’eau, entre autres, pour montrer à la population qu’il est en train de rendre un service important au Gabon et aux Gabonais en négociant avec Bongo. Mais il semble oublier que les observateurs avertis que nous sommes ne voient pas cela de la même manière. Ce que nous voyons, c’est Mamboundou en train de tuer l’état de droit et toute possibilité pour le Gabon de devenir un état de droit et démocratique.

Des mesures ponctuelles et palliatives comme le relèvement du SMIG, les milliards reçus et la gratuité de l’eau ne sont pas ce que les Gabonais attendent. La gestion au  » cas par cas  » du pays est précisément ce qui a fait l’échec du régime Bongo et transformé Omar Bongo en arbitre de tout ce qui se fait au Gabon. Quelqu’un veut se soigner une dent au Gabon, il faut aller voir Bongo. Pour manger, il faut voir Bongo. Pour respirer l’air nauséabond du Gabon, Bongo. Bongo, Bongo, Bongo, même pour des choses qui ne devraient pas l’impliquer. Et voilà comment Bongo a fini par se substituer à l’état. Ce n’est plus le gouvernement qui gère le pays, c’est Bongo. Ce n’est plus l’Assemblée nationale qui légifère, c’est Bongo. Ce n’est plus la Cour constitutionnelle qui décide, mais Bongo. Et pour développer Ndéndé, ce n’est plus l’état, mais Omar Bongo et Pierre Mamboundou. Voilà le Gabon de l’arbitraire que Bongo a créé et que Mamboundou est en train de  renforcer.

L’équation est donc simple : si le Gabon avait été un état de droit, Omar Bongo et Pierre Mamboundou seraient aujourd’hui en prison car ils se seraient rendus coupables de détournements de fonds publics à des fins de corruption politique et d’imposture. Donner 11 milliards à un citoyen privé pour développer sa région en lieu et place de l’état et espérer ainsi calmer ses velléités révolutionnaires, c’est de la corruption politique pure et simple. Contourner le gouvernement pour donner à un individu les prérogatives du gouvernement, c’est de l’imposture. Et surtout, si l’état fonctionnait de manière optimale, il n’appartiendrait ni à Bongo ni à Mamboundou, mais plutôt  à l’Etat lui-même de développer Ndéndé. La solution ne consiste donc pas à donner à Mamboundou les pouvoirs de l’état pour développer Ndéndé, mais plutôt de forcer l’état à se réformer pour qu’il puisse développer non seulement Ndéndé, mais tout le Gabon. Il faut que le Gabon ait la capacité de se doter de capacités permanentes en matière de développement, au lieu de toujours tout attendre de Bongo et de faire les choses au  » cas par cas « .

Ce type de gouvernance ne peut que conduire à l’arbitraire car le développement devient alors quelque chose qu’on peut marchander selon qu’on veut développer telle localité pour faire taire tel opposant ou selon qu’on veut priver telle ou telle autre localité ingrate de développement, parce qu’elle n’a pas voté Bongo aux dernières élections. Il est dommage de constater que Mamboundou se soit aligné sur une manière aussi arbitraire de détruire encore plus un état qui a besoin aujourd’hui qu’on le dote d’une politique permanente de développement qui ne tiendrait pas compte des collusions politiques. Ndéndé n’a pas besoin de Mamboundou pour être développé. Ce dont Ndéndé et tout le Gabon ont besoin, c’est d’un état doté de permanence. Il faut donc commencer, avant tout autre chose, par imposer l’état de droit.

2. Imposer la transparence électorale : Comme condition à toute possibilité d’alternance politique au Gabon, la transparence électorale qui garantit la victoire au candidat choisi par le peuple est au centre des préoccupations des Gabonais. L’opposant doit donc s’assurer que les conditions de la transparence sont remplies avant que de participer à une élection quelconque. Dès lors qu’il constate que les conditions de la transparence ne sont pas remplies, il se doit de les rechercher, puis les imposer, par tous les moyens possibles. Et si le régime en place se refuse à la réforme, l’opposant et son parti se doivent d’adopter une philosophie révolutionnaire qui fait siens les principes de l’article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et des Citoyens française de 1793, qui dit que  » Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré et le plus indispensable des devoirs « .

Or, il semble que Pierre Mamboundou ait oublié ce devoir sacré de l’opposant. Pour que la transparence électorale puisse s’établir au Gabon, ce n’est pas en caressant le régime Bongo dans le sens du poil que les Gabonais éliront démocratiquement leur président ou leurs députés. Et ce n’est pas en participant à des élections perdues d’avance que l’opposant contribuera à l’affirmation de ces principes. C’est encore moins avec 8 maigres députés sur un total de 120 que Mamboundou fera basculer le pouvoir au Gabon. Se dire satisfait d’un tel résultat est donc un signe patent de collusion, quand on sait que dans un Gabon réformé, Omar Bongo ne peut gagner aucune élection. Il y a déjà 17 ans depuis 1990 que les Gabonais aspirent à cette possibilité, sans espoir de jamais y parvenir. Ni les fichiers électoraux, ni les recensements d’électeurs n’ont été jusque-là à la hauteur du minimum de transparence nécessaire. A ces manquements s’ajoutent le contrôle total qu’exerce Omar Bongo sur la Cour constitutionnelle et la Commission électorale, dont l’indépendance reste une cruelle illusion. Mamboundou peut-il aujourd’hui dire que, de par son action associative avec Omar Bongo, ces problèmes ont été résolus et que les prochaines élections au Gabon garantiront la victoire de ceux qui la méritent vraiment ? La réponse est  » non « .

En fait, Mamboundou, sur ce plan, a agi d’une manière tellement légère qu’il en découle une impression de totale incompétence. Il a oublié que pour obtenir la transparence électorale au Gabon, il faudra plus que des discours. Quand on constate que les élections ne peuvent pas être transparentes et donc, ne peuvent garantir la victoire du meilleur, on se doit de tout faire, AVANT les élections, pour forcer cette transparence. Et cela passe par des actes insurrectionnels AVANT, et non après l’élection.

On se souviendra à cet effet que Mamboundou avait été participer aux élections présidentielles de 2005 alors que le BDP-Gabon Nouveau lui disait qu’une telle participation serait de nature non seulement à consolider le régime de Bongo, mais aussi à faire reculer le peu d’avancées démocratiques que le Gabon avait connu depuis 1990. Aujourd’hui, c’est chose faite. La démocratie a reculé au Gabon, à cause de Mamboundou. Bongo a aujourd’hui plus de pouvoir sur le Gabon qu’il n’en avait il y a deux ans.

Un autre exemple de la légèreté de Mamboundou fut le suivant : Au lieu d’organiser la révolte AVANT l’élection et forcer le régime à réformer, Mamboundou laissa de côté cette stratégie et se contenta de gesticulations juridiques au devant de la Cour constitutionnelle et l’Union africaine, APRES l’élection. Et tout cela après avoir intentionnellement démobilisé ses militants au moment même où il avait le plus besoin de les galvaniser en vue de possibles soulèvements pour revendiquer sa victoire. Et il s’étonna par la suite que personne n’ait suivi des appels creux faits beaucoup plus pour amuser la galerie que pour déclencher un mouvement révolutionnaire. Il faut donc être naïf pour croire que, d’une part, la Cour constitutionnelle qui est aux mains de Bongo irait invalider une élection au détriment de Bongo, et que d’autre part, l’Union africaine donnerait gain de cause à quelqu’un qui a lui-même reconnu dans les faits la victoire d’Omar Bongo. Le pire c’est que Mamboundou et sa clique continuent à mentir aux Gabonais en disant que l’Union africaine est encore saisie du dossier électoral gabonais, comme si l’Union africaine allait pouvoir revenir sur un contentieux rendu caduque par Mamboundou lui-même le jour où il est allé s’entendre avec Bongo et qu’il a commencé à l’appeler  » Président de la république « ,  » chef de l’état  » et autres conneries du genre  » chef de l’Exécutif « . En termes juridiques, cela s’appelle une reconnaissance de fait, qui donc prend une connotation  » de juré  » car devenant un accord tacite entre Omar Bongo et Mamboundou. Mamboundou reconnaît Bongo comme  » président  » et le traite en tant que tel, et Bongo fait des aménagements pour sauver la face à Mamboundou désormais trop affaibli.

3. Imposer la réforme de l’état : La réforme du fonctionnement de l’état est également au centre des réformes globales à mener pour la propulsion du Gabon hors de son sous-développement actuel. Dans ce contexte, les 40 ans de gestion arbitraire du Gabon par Omar Bongo ont plus que montré leurs limites. Actuellement, la possibilité de nettoyer l’état de ses maux reste extrêmement limitée à cause de la profonde phagocytation des prérogatives des divers organes de l’état qui a permis à Omar Bongo de faire la pluie et le beau temps en se substituant totalement à l’état. Pour y remédier, il faut une réforme constitutionnelle qui non seulement limite les pouvoirs du Président de la république quel qu’il soit, mais aussi rétablit les divers autres institutions et organes de l’état (Premier minitre et gouvernement, Parlement, Cours constitutionnelle, armée, etc.) dans leurs prérogatives. Sans cela, c’est la porte ouverte de façon permanente à l’arbitraire. C’est à ce titre que l’épisode des 11 milliards donnés à Mamboundou par Bongo se présente comme un épisode foncièrement destructeur non seulement de l’état, mais aussi de toute possibilité de changement des mentalités au Gabon.

Etre leader ne doit pas continuer à devenir un vain mot au Gabon. Etre leader c’est avant tout donner l’exemple de probité morale et idéologique que seules savent affirmer les convictions inspirées par l’altruisme et l’amour de son pays. Quand on aime son pays, il y a des choses qu’on n’est tout simplement pas capable de faire. Quand on aime son pays, il y a des convictions auxquelles on ne peut tout simplement pas renoncer. Et quand on aime son peuple et soi même, il y a des compromissions qu’on ne peut tout simplement pas faire. Tous les chemins mènent à Rome, dit-on souvent. Mais il y a des chemins qu’on peut prendre pour aller à Rome sans vendre son âme et sans causer de dégâts collatéraux évitables. A quoi cela sert-il de caresser Bongo dans le sens du poil et de causer le recul démocratique du Gabon, pour espérer par la suite changer le Gabon dans 100 ans ? Le chemin pris par Mamboundou, et Mba Abessole avant lui, est un chemin maudit, celui-là même qui animalise tout un peuple au profit de quelques-uns. 

Mais encore une fois, le problème que je débats ici est avant tout un problème technique et non moral, même si les deux peuvent être liés. Il s’agit de l’état et de son affirmation démocratique dans un contexte de droit. Ainsi, même si l’on supposait que Mamboundou n’est pas un homme corrompu et que ce qu’il fait, il le fait avec la ferme intention d’aider son peuple sans risque de perdre son âme par la corruption, je m’opposerais toujours à ce qu’Omar Bongo lui donne 11 milliards pour aller lui-même développer Ndéndé.

Pourquoi ? Parce qu’il s’agit avant tout d’un problème technique, qui touche aux principes même du fonctionnement de l’état. Ce problème découle d’un dysfonctionnement inacceptable dans les principes de gouvernance qui doivent être ceux d’un état moderne et qui, même quand ils n’existent pas, doivent être imposés. C’est, en dernière analyse, un débat sur ce qui définit un état de droit et ce qui définit un état arbitraire où règne la loi de la jungle parce qu’on ne sait plus qui fait quoi, qui est président et qui ne l’est pas, qui est Premier ministre et qui ne l’est pas, qui est gouvernement et qui ne l’est pas, qui est parlementaire, ministre, fils, fille, enfant, père, mère, autorité, sujet, etc., et qui ne l’est pas. Le Gabon de Bongo est une vraie jungle et Mamboundou semble désormais avoir rejoint les sauvages et les animaux qui y vivent. Peut-être que Mamboundou était déjà animal vivant dans la jungle, mais il semble que nous nous soyons mépris parce que, en singe bien malin, il avait su imiter les humains en portant des costumes, jusqu’à ce que son pantalon tombe un jour par accident, pour révéler les poils de singe qu’il y avait dessous. Au moins, maintenant qu’il a rejoint son troupeau, on est fixé.

Reprenons donc les problèmes dont je parle un à un, pour montrer à la fois non seulement leur côté nocif vis-à-vis de l’affirmation de l’état de droit au Gabon telle que le peuple la voudrait, mais aussi la surprise qui est la nôtre de voir Pierre Mamboundou devenir le complice de Bongo en matière d’arbitraire et contribuer de manière aussi criarde à la destruction de l’appareil d’état qu’il était censé réformer  :

a. L’action gouvernementale : Dans tout pays qui se respecte, mais aussi dans un pays comme le Gabon, la responsabilité de la gestion quotidienne de l’état et le développement du pays incombe principalement au gouvernement. Le gouvernement fait partie de l’Exécutif, qui se compose du Président de la république et des membres du gouvernement dont le chef est le Premier ministre. Mais, dans notre système comme dans celui de la France, on ne peut confondre Président et Premier ministre au sein de l’Exécutif. Au Gabon, le Président est Chef de l’état, alors que le Premier ministre est Chef du gouvernement. A ce titre, il appartient au Premier ministre, et non au Chef de l’état, de conduire l’action quotidienne de gouvernement dont toute la nation a besoin et ceci, en tenant compte du rôle que joue le corps législatif (parlement) et le corps judiciaire (Cours constitutionnelle et affiliés). Cette distinction entre Président de la République et Premier ministre est d’autant plus forte qu’il peut se produire un jour au Gabon une situation de cohabitation où le Premier ministre serait issue d’une majorité parlementaire non affiliée au Président, ce qui, dans les textes, lui donnerait le pouvoir de véritablement gouverner en fonction du programme de son propre parti et non en fonction des lubies du Président. Dès lors, on comprend que le Premier ministre doit avant tout servir les intérêts du pays avant ceux du Président et ne pas se mettre au service du Président là où les intérêts du peuple sont menacés. Cet équilibre et cette répartition des pouvoirs et des rôles est ce qui assure à l’état moderne qui respecte ces répartitions de fonctions et de rôles un fonctionnement optimal.

Dans le cadre des institutions gabonaises, c’est le gouvernement qui, selon la loi et dans la perspective des besoins de développement généraux définis en collaboration avec l’Assemblée nationale, se doit d’assurer le développement du pays. A ce titre, on ne peut se permettre de sortir arbitrairement du budget national des milliards n’ayant jamais été prévus au budget, et n’ayant aucune autre finalité que de contenter un individu dont on veut s’attirer les faveurs en vue de la subversion même de l’état et de son rôle. En participant à cette farce, Pierre Mamboundou a trahi une finalité sectaire et particulière qui l’éloigne du destin national dont il se revendiquait il y a à peine deux ans. Si l’intention de Bongo était de développer le Gabon, ce n’est pas par des  » dons  » aux individus ou citoyens dérangeants ou capricieux qu’il doit passer. Le rôle de développer le Gabon n’appartient pas à ces individus, mais à l’état dans le cadre des attributions de rôles dont nous avons parlé plus haut. L’état jouit d’un dispositif de structures capables de développer non seulement Ndéndé, mais toutes les autres localités du Gabon qui en ont besoin aujourd’hui. Et l’état dispose pour cela non seulement du Parlement pour décider les besoins généraux et particuliers du pays, mais aussi du Gouvernement et de toutes les structures affiliées comme les gouvernorats, les préfectures et les collectivités locales, qui sont seules habilitées à conduire au nom de l’état la réalisation des projets de développement dans les diverses localités.

Le projet de Ndéndé, notamment la construction d’un complexe sportif et d’un complexe médical, d’un hôtel de ville avec logements des responsables, d’un aéroport, d’un bâtiment du Trésor public, d’une route bitumée qui va ceinturer la ville, d’un lotissement de 42 logements, d’un cimetière municipal, d’une antenne récepteur/diffuseur pour recevoir les programmes des télévisions nationales gabonaises, d’une salle des fêtes pour la mairie, d’un marché municipal, d’une gare routière, d’adduction d’eau dans la municipalité, d’une bibliothèque, de 4 salles de classe ainsi que des travaux de voirie, est tellement banal qu’il aurait dû s’accomplir il y a 30 ans. En fait, toutes les localités du Gabon auraient dû avoir ce type de structures depuis 30 ans et personne n’avait pour cela besoin de devenir opposant pour obtenir 11 milliards de CFA pour sa ville, alors que des milliers de milliards gabonais sont allés financer les mystères 20, yachts de luxe et villas privées des Bongo et de leurs acolytes. Mais ce qui est le plus inquiétant ici c’est cette attitude de Mamboundou qui, au lieu d’aider à affirmer l’état dans un sens qui le mène à plus de droit et à moins d’arbitraire, fonce tête baissée dans une manière de gérer tellement personnalisée qu’on se demande s’il comprend vraiment ce que c’est que l’état et quel genre d’état il aurait créé au Gabon s’il avait pu devenir président !

b. L’action parlementaire : Le parlement est une institution dont le rôle est non seulement de guider, mais aussi de contrôler l’action du gouvernement. Le parlement a ainsi un rôle important à jouer dans l’élaboration d’une politique de développement qui est à la fois nationale et locale. Les députés ont donc à la fois un rôle national et un rôle local à jouer, mais pas comme Omar Bongo et Pierre Mamboundou veulent nous le faire entendre. Le rôle local du député consiste non pas à développer directement lui-même sa localité, mais plutôt à identifier les besoins de sa localité en matière de développement et de répercuter ces besoins au niveau du parlement national de manière à y initier une action parlementaire d’abord, puis gouvernementale ensuite visant à répondre à ces besoins. En cela, le député n’est aucunement un agent de l’état à qui l’on puisse comme cela donner la gestion directe de 11 milliards pour qu’il développe, à la place de l’état, une localité, surtout pour des choses essentielles que l’état se doit de fournir à tous ses citoyens, qu’ils soient de Ndéndé ou d’ailleurs, comme des hôpitaux, des écoles, des routes, et j’en passe. On ne peut donc comme cela donner à un parlementaire de l’argent pour accomplir ce que l’état se doit d’accomplir, sauf si le parlementaire, en tant que citoyen privé, disposait d’une fortune personnelle qui lui permettrait, par pure philanthropie, de doter sa localité de structures contribuant à son épanouissement.

On voit parfois certains intellectuels se livrer à des contorsions légalistes essayant de justifier l’injustifiable pour montrer pourquoi il serait légal et même admissible pour Bongo (un individu) d’allouer à un autre individu (Mamboundou) 11 milliards pour développer une localité comme Ndéndé, en passant outre tout le système d’état tel qu’il existe aujourd’hui. Si Mamboundou est devenu le Premier ministre du Gabon, qu’on nous le dise et qu’on fasse sauter Eyegue Ndong qui, de toute façon se montre aussi léthargique et inexistant, je dirais légumineux, que ses prédécesseurs. A ce moment, on saura également qu’il n’y a plus au Gabon ni gouvernement, ni Assemblée, ni structures d’état autre que Bongo (Président autoproclamé) et Pierre Mamboundou (Premier ministre non proclamé). Dès lors, nous serons au moins fixés sur le fait que Mamboundou est officiellement devenu l’agent de développement de Bongo à Ndéndé (Nouvelle capitale du Gabon et localité symbolisant désormais, à elle toute seule, le Gabon) et que seuls ces deux compères associés représentent aujourd’hui tout l’appareil de l’état, dont l’action est désormais décidée nuitamment à coups de mallettes de milliards passée du bord de mer à Ndéndé.

Un député, encore une fois, n’est pas un agent de l’état, chargé avec des fonds publics qui lui seraient alloués, de développer directement et personnellement sa localité. Un député est un représentant du peuple dont le rôle local (au sein de sa localité) et national (au sein de l’Assemblée) s’articule autour d’une fonction triple: il contrôle et interroge l’action du gouvernement (rôle national), il participe au processus législatif où il contribue à l’élaboration et au vote des projets de loi à l’Assemblée nationale (rôle national) et, en tant qu’élu d’une localité, il s’assure de la satisfaction par l’état des besoins de développement de sa localité. A ce titre, il étudie ces besoins et en transmet les circonstances et les modalités au parlement et au gouvernement, de manière à mener à leur solutionnement effectif (rôle local).

Mais, à aucun moment, il ne doit directement gérer des fonds d’état. A aucun moment la loi ne définit le député comme un agent de l’état avec des budgets lui étant spécialement alloués pour qu’il se substitue à l’état pour accomplir pour l’état des tâches de développement que seul l’état se doit d’accomplir. Autrement et simplement dit, le député doit, par exemple, dire au parlement et au gouvernement qu’il est indigné que sa localité n’ait pas d’hôpitaux et l’état, informé de ce besoin, construit l’hôpital. Voilà. Le député a joué son rôle local. Il s’agit pour l’état de se servir de ses propres outils de fonctionnement (les collectivités locales, le gouverneur, les préfets) pour peaufiner le projet et en assurer la réalisation au travers de contrats signés avec des entreprises capables de réaliser le projet. Le député suit ainsi la réalisation du projet et en adresse satisfécit auprès du gouvernement pour le compte du peuple et auprès du peuple pour le compte du gouvernement. Ceci ne lui interdira cependant pas d’avoir une vision nationale qui fixera, dans le cadre de son travail avec ses collègues à l’Assemblée, les priorités de développement sur le plan national. En clair, le député tout en gardant un œil sur sa localité, devrait s’assurer qu’on fait pour toutes les autres localités ce qu’on a fait pour la sienne. On ne voit nulle part le projet développé par Mamboundou qui montre quand ma petite localité oubliée de Minvoul aura ses 11 milliards.

Mamboundou semble donc, de toute évidence, s’être trompé à la fois de rôle, mais aussi de fonction. En glissant avec son sponsor Omar Bongo dans l’arbitraire qui détruit l’état et sape les principes de bonne gouvernance dont le pays a grandement besoin, Mamboundou est, en complicité avec Bongo, en train d’accomplir quelque chose d’extrêmement préjudiciable pour le Gabon. Pour cela, le bilan de Mamboundou, depuis les présidentielles de 2005, dénote d’une tendance sectaire, arbitraire et népotique qui se dessine de plus en plus clairement. Le seul rôle que Mamboundou a véritablement joué, et ce rôle est exécrable, a consisté à inexorablement renforcer les pouvoirs arbitraires d’Omar Bongo. Les réformes souhaitées par le peuple à ce niveau sont sacrifiées à l’autel des milliards qui défilent aujourd’hui entre le bord de mer et Ndéndé, une localité longtemps ignorée qui devient soudainement la préoccupation principale du régime en matière de développement.

Pire, Mamboundou, comme Bongo, est en train de s’approprier les prérogatives qui devraient être celles du Maire de Ndéndé. Que l’on sache, Mamboundou n’est plus maire de Ndéndé depuis qu’il est devenu député ! Le Gabon disposant actuellement d’une loi qui interdit le cumul des mandats électifs, Mamboundou ne peut dès lors se substituer au Maire de Ndéndé, qui lui, serait le seul habilité à gérer les budgets touchant aux structures pour lesquelles il est responsable. En fait, le rôle de député de Mamboundou ne se limite pas qu’à la ville de Ndéndé. Il se doit de représenter non seulement tous les habitants de sa circonscription qui va bien au-delà de Ndendé, mais aussi de jouer un rôle à l’Assemblée qui viserait à assurer le développement du Gabon de manière générale.  Mais Mamboundou n’est pas un agent de l’état et Bongo ne peut pas lui DONNER 11 milliards pour  » développer Ndéndé « . Bongo et Mamboundou se comportent comme si le développement d’une ville se limitait à y injecter 11 milliards et soudain le plonger dans le développement. Développer une ville, une localité, une région ou un pays est un processus qui s’inscrit dans le temps et dans la durée, mais qui se doit d’être permanent et continuel. On ne doit pas attendre qu’une ville ou une région ait la chance d’avoir un opposant pour soudain se souvenir de cette ville ou de cette région, et y injecter 11 milliards qui seront demain sans lendemain et sans continuité.

En fin de compte, ce que Mamboundou et Bongo font depuis 2005 est extrêmement dangereux. Pour asseoir leur alliance, ils ont rejeté aux calendes grecques toute possibilité de réforme au Gabon, et se livrent maintenant à la tactique de la poudre aux yeux vis-à-vis des Gabonais. En fait, ce qu’ils font, c’est l’organisation de la corruption systématique des populations au cas par cas et par des actions ponctuelles n’ayant derrière elles aucune permanence ni aucune continuité. Et ceci selon le degré de dangerosité de tel ou tel opposant ou le degré d’influence de tel ou tel dignitaire du régime. Autrement dit, au lieu de répondre aux problèmes fondamentaux qui minent le Gabon et qui seuls peuvent assurer la permanence de l’état en matière de développement durable, ils se sont entendus pour donner l’illusion du changement par des mesures ponctuelles  » à la carte  » comme le relèvement du SMIG, la gratuité de l’eau pour les démunis, etc. mesures qui, tout le monde le sait, n’ont aucune nature permanente. C’est tout simplement de la poudre aux yeux pour officialiser la corruption des populations au profit de l’accalmie signée par Bongo et Mamboundou. Ce n’est pas 11 milliards qui développeront Ndéndé, mais la démocratie et la permanence de l’état.

Sur le plan politique, le couple Bongo-Mamboundou s’attarde sur des futilités comme la remise à plat des listes électorales, comme si la disponibilité d’une telle liste était seule capable d’assurer la transparence des élections. Tout le monde sait qu’avec tout le système électoral aux mains de Bongo (une Cour constitutionnelle contrôlée par lui, une Commission électorale lui étant acquise, la mobilisation générale des finances publiques à des fins électorales partisanes, et le contrôle total des médias par le régime), ce n’est pas avec des listes électorales, fussent-elles fiables, que l’on gagne une élection contre une oligarchie. C’est en fait tout le système qu’il faut remettre en cause et réformer de fond en comble.

Bongo et Mamboundou sont donc tout simplement en train d’orchestrer une plus grande mort de l’état par la généralisation d’une politique des  » dons  » qui consacre le fonctionnement non pas d’un état équilibré, mais d’un état arbitraire et oligarchique qui fera des dons à telle ou telle province ou à tel ou tel homme politique pour développer sa province et non à tels ou tels autres, en fonction du positionnement politique de chacun et de sa dangerosité.

Comme avec le principe foncièrement erroné des fêtes tournantes, où des provinces entières devaient attendre 9 ans avant que de voir le développement arriver (développement qui n’arrive d’ailleurs jamais, malgré les milliards donnés aux individus pour  » développer  » leurs provinces du jour au lendemain), la politique des dons  » à la carte  » de Bongo et de Mamboundou promet d’introduire dans l’imbroglio développemental qui est celui de l’état Bongo, le paramètre de la surenchère. Il faudra donc que, pour voir son Minvoul natal se développer, Daniel Mengara monte au créneau, accepte de négocier avec Bongo en un beau jour ensoleillé, et ressorte tout joyeux du bord de mer avec des valises de milliards devant servir à  » développer  » Minvoul. Et comme les bonnes habitudes ne se perdent jamais, une bonne partie de ces milliards s’érodera sur le gravier de routes poussiéreuses avant d’arriver à Minvoul, qui n’en verra alors qu’une miette. Et après Mengara, un autre se lèvera pour faire chanter Bongo, avant lui aussi de se calmer, de normaliser et d’aller au bord de mer d’où il ressortira avec des mallettes milliards, et ainsi de suite.

Et voilà le Gabon développé par la poche d’individus à qui on a en fait donné des milliards pour les faire taire et jouer le jeu de la démocratie conviviale. On se fout pas mal que l’argent arrive à Ndéndé ou pas, car on sait qu’au passage tous ceux qui faisaient du bruit allaient se servir comme des vautours, ce qui les calmera tous et assurera quelques années de plus au régime Bongo.
Est-ce vraiment ceci que nous attendons de l’état au Gabon ? N’y a-t-il plus personne chez nous pour garder la tête froide et rejeter ce type de manières de faire ? N’y a-t-il plus d’intellectuels pour aider le peuple à voir clair dans ce genre de tractations insensées ?

L’UPG, en fin de compte, n’est-il vraiment constituée que d’intellectuels tellement enfoncés dans la partisannerie ou le culte de la personnalité qu’ils n’arrivent plus à voir les graves gestes que pose leur chef, gestes qui compromettent notablement l’avenir du Gabon tout en remettant fondamentalement en cause toute possibilité de changement ? L’UPG va-t-il continuer, de manière aussi béate, à accepter de voir son projet de société systématiquement contredit par les gestes d’un homme qui a opté pour l’élévation personnelle et les complicités qui particularisent le développement ? Quel est, à la fin, la finalité du combat des upégistes ? Se battre pour un Gabon fort ou pour un Bongo fort ? Se battre pour un Gabon fort ou pour un Mamboundou fort ? Car, pour le moment, j’observe un dangereux silence auprès de la base intellectuelle de l’UPG, qui s’évertue à vouloir justifier à longueur de journée les errements de leur leader, ignorant avec une incroyable complaisance les dangers que les gestes de Mamboundou font courir à toute la nation.

Je sais : ils viendront demain, comme à leur habitude, critiquer cet article en arguant que c’est le BDP qui fait le jeu du pouvoir en critiquant Mamboundou, ce qui veut dire que le BDP ne doit pas critiquer l’UPG ou Mamboundou parce qu’ils seraient aussi de l’opposition. Seulement, je voudrais, dès lors, leur poser la question de savoir s’ils savent vraiment la définition du mot  » opposition « , et surtout, s’ils se définissent encore vraiment comme un parti de l’opposition ! Entre leur charte, leur projet de société et le comportement de leur leader aujourd’hui, il y a un tel gouffre qu’on se demande où leur opposition se trouve. Vu que toute la classe upégiste est silencieuse, c’est qu’elle consent à cette manière de faire, et si tel est le cas, qu’ils cessent de se revendiquer de l’opposition. Je ne vois nulle part ni dans l’UPG ni dans Mamboundou quoique ce soit qui me démontre actuellement leur appartenance à l’opposition. Le silence des uns est complice, la naïveté des autres est inexcusable. S’ils soutiennent Mamboundou alors que Mamboundou est en train de bafouer leur charte et leur projet, alors qu’ils rejoignent tout simplement le PDG, ce sera plus simple. 

Mais encore une fois, je ne critique pas Mamboundou ici sur la base des 11 milliards reçus ni même sur la base de ses renoncements moraux. Je le critique parce que je vois en ces milliards annoncés avec fanfare la cause fondamentale de la mort des principes pour lesquels le BDP-Gabon Nouveau se bat. On ne peut pas être intellectuel et ne pas voir que la manière particulière et privée avec laquelle Mamboundou travaille avec Bongo est en train d’asseoir non pas l’état de droit, mais l’arbitraire de l’état que les partisans du changement essaient de détruire depuis 1989. Comment se fait-il que personne n’ait encore compris que l’état au Gabon se meurt spécifiquement à cause de l’arbitraire que Bongo a semé dans sa gestion, une gestion qui détourne les bienfaits de l’état et les individualise ? Cette individualisation des bienfaits est exactement ce qu’on vient de voir avec ces 11 milliards présentés comme un don de Bongo (individu) à Mamboundou (un individu) et non comme une INITIATIVE de l’état (dans son ensemble) à une localité (NDENDE) laissée à la traîne de la nation. Mais, dans ce cas, laquelle des localités gabonaises ne l’est pas ? Tout le Gabon est pourri et en arrière de 50 ans ! Or, on voit clairement ici Mamboundou participer pleinement à la gestion personnalisée de l’état qu’il condamnait pourtant il y a près de deux ans.  Bongo donne, Mamboundou prend, et on n’en parle plus. Demain, Ndéndé pleurera encore ses enfants morts de paludisme parce qu’on aura perdu la trace des 11 milliards de Mamboundou, qui auraient dû construire un hôpital. A-t-on au moins prévu un budget pour les médicaments ?

C’est donc de cette méthode de gestion de l’état que nous nous plaignons ici, et rien d’autre. Contrairement à Mamboundou et à ses partisans fanatisés jusqu’au point de l’aveuglement, le BDP-Gabon Nouveau pense que rien de bon ne peut se passer au Gabon tant que Bongo et son régime sont au pouvoir. Cette vérité étant absolue et linéaire, nous n’anticipons pas qu’elle soit démentie par autre chose qu’une action insurrectionnelle capable de balayer de fond en comble le système mafieux en place au Gabon aujourd’hui. Dans ce type de système, des gens rentrés dans les bonnes grâces du despote Bongo comme Mamboundou récolteront toujours des dons et des bienfaits, non pas gouvernementaux, mais  » présidentiels « , qui serviront à aller  » développer  » leur  » Ndéndé  » natal, et pendant qu’ils feront cela, l’argent se perdra quelque part dans les poches des uns et des autres sans, au final, apporter le développement annoncé aux  » Ndéndé  » du Gabon. Cela fait quarante ans que le même manège perdure et le Gabon, depuis, ne fait que du surplace. On l’a vu lors des fameuses fêtes tournantes. Malgré les milliards débloqués et  » dé-versés « , peu de provinces ou localités du Gabon ont vu le développement arriver. Ceci pour dire que donner 11 milliards à Mamboundou pour développer Ndéndé revient à donner 11 milliards personnels à Mamboundou et à son entourage politique immédiat. L’argent, comme avec les fêtes tournantes, s’évaporera et on en verra à peine le passage, en dehors de quelques petits coups de peinture ici ou là  au départ, qui seront rapidement recouverts par la poussière, et Ndéndé retombera dans son moyen âge habituel.

Non, chers compatriotes, ce n’est pas comme cela qu’on gère un pays. Voir Mamboundou participer de cet arbitraire qu’il fustigeait il y a à peine deux ans est non seulement écœurant, mais également criminel. Comme nous l’avons montré plus haut, le statut légal, professionnel ou social de Mamboundou ne lui permet pas de prendre l’argent de l’état pour développer lui-même sa localité. S’il le faisait comme individu privé avec un capital venu de fortunes privées, oui, ce serait admissible. Mais il ne peut en aucun cas, en tant que député, recevoir 11 milliards de l’état pour se substituer à l’état et prétendre développer Ndéndé à la place de l’état. C’est insensé, criminel, inacceptable et hautement répréhensible. Cette alliance Bongo-Mamboundou, comme hier l’alliance Bongo-Mba Abessole, doit être combattue avec la plus grande verve. Ni Bongo ni Mamboundou ne travaillent actuellement pour le Gabon : aucun ne contribue à l’affirmation de l’état de droit que nous voulons.

L’état de droit est tout, sauf une politique de développement faite de dons à des citoyens privés pour s’occuper du développement du pays. Il y a dans cette histoire comme un goût amer que les Gabonais de bonne foi, ceux qui recherchent pour leur pays autre chose que ces compromissions au rabais, ces arrangements d’arrière-cour et cette gestion familiale du Gabon, se doivent de recracher tout suite. Ils doivent rejeter cela avant que le Gabon ne soit frappé d’un autre hoquet de 40 ans non seulement sous Bongo, mais aussi sous ses complices qui, demain, hériteront du Gabon pour continuer l’œuvre de mort généralisée commencée par le despote Omar Bongo, une œuvre qui est aujourd’hui appuyée par Paul Mba Abessole et Pierre Mamboundou.

Le BDP-Gabon Nouveau ne cessera donc de continuer à appeler les patriotes qui aspirent au changement à se joindre à son action. La logique veut que tout le monde reconnaisse dès aujourd’hui même que rien de bon ne pourra plus se passer au Gabon tant qu’Omar Bongo sera au pouvoir. Ce qui est  » bon  » pour le Gabon, ce n’est pas des mesures palliatives sans permanence comme le relèvement du SMIG, la gratuité de l’eau aux démunis ou 11 milliards donnés à Mamboundou ou à ceux qui, demain, entreront dans la surenchère pour eux aussi obtenir leurs 11 milliards pour développer leur trou oublié depuis 40 ans. Ce qui est  » bon  » pour le Gabon, c’est l’établissement de principes de gestion qui affirment l’état de droit et rendent l’état permanent, de manière à garantir non pas des mesures ponctuelles et palliatives à la carte, mais de vrais programmes de développement durables. Ce que Bongo et Mamboundou font, c’est un peu comme construire une route en gravier en période de saison sèche. Au moment où on vient de les faire, les routes ont l’air acceptable, mais dès que la saison des pluies arrive, la route devient infréquentable et finit par être envahies par la broussaille. C’est ce qu’on appelle le développement provisoire. Le Gabon a besoin de développement durable et soutenu.

Ce dont le Gabon a besoin, en définitive, c’est de patriotes qui, de l’extérieur comme de l’intérieur, s’uniraient pour dire non aux compromissions, tout en se promettant de travailler au démantèlement immédiat du régime Bongo par les voies insurrectionnelles. Ces compatriotes se jureraient de ne pas arrêter tant que le régime Bongo ne serait pas totalement évincé. On ne fait pas du neuf avec du vieux et c’est illusoire de croire que c’est en allant faire les cent pas au palais du bord de mer en compagnie de Bongo que le Gabon changera. Un pays change quand il a une opposition forte, et une opposition n’est forte que si elle se donne les moyens de s’opposer et de provoquer le changement. La première composante de cette force réside dans la conviction inébranlable que les valeurs de démocratie et d’état de droit étant absolues et objectives, elles ne sont pas marchandables. La deuxième est que chaque citoyen gabonais a le devoir de défendre ces valeurs absolues et objectives jusqu’au bout, même au prix de sa vie.

Le BDP-Gabon Nouveau demeure aujourd’hui le seul cadre politique de lutte avec une véritable idéologie de combat et de changement. Le BDP-Gabon Nouveau compte mener jusqu’au bout ce combat pour la dignité et il en appelle à tous ceux qui sont animés par la fibre patriotique de se joindre à lui en vue du combat de libération nationale qui se prépare. Seule une approche insurrectionnelle débarrassera le Gabon du bongoïsme. Le BDP-Gabon Npuveau s’y prépare. Ne laissez pas l’histoire vous faire. Faites l’histoire en compagnie du BDP-Gabon Nouveau, pour l’amour de notre pays.

Vive le Gabon.
Vive la Patrie.
Vive la République.
Dr. Daniel Mengara
Président
BDP-Gabon Nouveau
P.O. Box 3216 TCB
West Orange, New Jersey, 07052, USA

Tel: 973-447-9763 / 973-655-5143
Fax: 973-447-9763 / 973-655-7909
Site: https://www.bdpgabon.org

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Le BDP-Gabon Nouveau (« Bongo Doit Partir, pour la Construction d’un Gabon Nouveau ») est un mouvement politique gabonais de libération nationale en exil dont le siège se trouve dans le New Jersey aux Etats-Unis. Le BDP-Gabon Nouveau (https://www.bdpgabon.org) recherche la suppression du régime Bongo et le départ d’Omar Bongo du pouvoir par tous les moyens possibles. Le Mamba (https://www.lemamba.org) en est la branche armée.

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