Signe de refroidissement ? Le Gabon vient de décider d’appliquer la « réciprocité » à la France en reconduisant à la frontière tout ressortissant français qui ne justifie pas d’une carte de séjour. Le 4 mars, un cadre du secteur pétrolier venant de Paris a été refoulé à son arrivée à Libreville. À l’origine de la colère des autorités gabonaises, l’expulsion jugée « abusive et humiliante » par la presse locale de deux étudiants gabonais à dix jours d’intervalle. La première concerne Raissa Mengué Ondo, 29 ans, étudiante en droit à Toulouse (Sud-Ouest) qui s’est vu refuser le renouvellement de son titre de séjour. Les autorités préfectorales françaises lui reprochent « un manque de sérieux dans ses études ».
Malgré la mobilisation de la communauté gabonaise de Toulouse, la jeune femme a été expulsée le 19 février. Idem dix jours plus tard pour Léguy Mbira, 32 ans, étudiant en doctorat à Reims (Nord-Est). À la suite du rejet de sa demande de carte de séjour, ce père d’un enfant né en France a été mis de force dans un avion. Direction Libreville.
Les deux expulsions sont d’autant plus mal perçues que le Gabon s’attendait à un traitement privilégié dans le dispositif migratoire français depuis la signature, en juillet 2007, d’un accord relatif « à la gestion concertée des flux migratoires et au codéveloppement ». Le texte prévoyait de faciliter les déplacements vers la France et les séjours des salariés ou étudiants gabonais. Libreville évoque donc le « principe d’égalité et de respect mutuel entre États » pour justifier son recours à la réciprocité. Selon le ministère gabonais de l’Intérieur, « 5 % à 10 % » des 10 000 Français installés au Gabon ne seraient pas en règle avec la réglementation de leur pays d’accueil… Ce coup de froid intervient quelques jours après la diffusion sur la chaîne de télévision publique France 2 d’un reportage sur les biens immobiliers détenus en France par le chef de l’État Omar Bongo Ondimba. Dans un communiqué publié le 5 mars, le ministère gabonais des Affaires étrangères a affirmé réfléchir « à la suite à donner aux relations franco-gabonaises ».