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CONGÉS PAYÉS AU GABON: Du temps libre, rarement des vacances !

Les vacances ne sont pas du luxe, elles sont un droit institué par la loi sur les congés payés. Elles sont souvent associées au repos mais surtout au changement d’air, à la vie “en dehors”. Elles éveillent les curiosités, permettent de s’ouvrir à d’autres horizons, de redécouvrir sa propre famille et surtout de “recharger ses batteries”. Si, ailleurs dans le monde, l’institutionnalisation des vacances a ouvert toutes grandes les vannes du tourisme, ce n’est toujours pas le cas au Gabon. Comment les Gabonais gèrent-ils le surplus d’argent apporté par les congés payés ? Où partent-ils en vacance ? A quoi aff ectent-ils le temps libre des congés ? Petit tour d’horizon qui démontre que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.
Bientôt les vacances. Beaucoup de gens prennent leurs congés payés pendant les grandes vacances scolaires qui, au Gabon, se déroulent sur la période allant de juillet à septembre. De nombreuses entreprises, surtout celles ayant pour promoteurs des Européens qui harmonisent leurs congés avec l’été, choisissent cette période pour procéder à une fermeture annuelle, permettant ainsi à l’ensemble de leur personnel de bénéficier de leurs congés annuels.

Si les congés payés sont apparus en France en 1936, le Gabon, qui a calqué pour l’essentiel son code du travail sur celui de la France, a pris des dispositions concernant le congé payé. Selon l’Article 188 du Code du travail : “L’employeur doit verser au travailleur, durant tout le congé, une allocation au moins égale à la moyenne correspondante des salaires, indemnités, primes et commissions diverses dont le travailleur a bénéficié au cours des 12 mois précédant son départ en congé.” (Cf. encadré en page 16 – Extrait du Code du Travail). De même, selon l’article 59 du Statut général de la fonction publique “l’agent public a droit aux congés payés dans les conditions fixées par la loi.” L’organisation des congés des agents publics relève de chaque administration.

De l’argent en plus

Le paiement des congés est perçu en général comme un mois de salaire supplémentaire. Certains l’appellent treizième mois alors même que ce dernier correspond à une prime particulière contenue dans certaines conventions collectives.

En effet, en gestion des ressources humaines, une prime est une somme distincte qui vient en supplément du salaire habituel. Elle a souvent pour objet de récompenser le salarié pour avoir accompli une performance jugée satisfaisante (prime de mérite, prime de présence, prime de budget) ou pour compenser une difficulté particulière des fonctions dévolues à ce salarié (prime de risque ou prime de sujétions particulières). Le treizième mois a donc un caractère relativement exceptionnel, même si sa périodicité peut être annuelle et que, dans les conventions collectives qui le prévoient, il est généralement payé en fin d’année.

Le congé payé est bien différent du treizième mois. La notion se compose de deux termes : “Congé” et “Payé”. Le Congé est une autorisation donnée à un employé de cesser temporairement son travail. On parle par exemple de congé maladie. Dans un second sens, Congé signifie Vacances, courte période durant laquelle on ne travaille pas. Il est donc aisé de comprendre que les congés payés correspondent à des vacances annuelles accordées à tous les employés, pendant lesquelles ils continuent à être rémunérés.

Si, en principe, les travailleurs continuent d’être rémunérés durant cette période, dans les faits ils reçoivent souvent ce paiement au début des vacances accordées. Le travailleur se retrouve donc avec un supplément d’argent qui généralement correspond à un mois de salaire. Ainsi, s’il touche 200 000 F CFA par mois, il se retrouve avec 400 000 F CFA au départ de ses congés payés. Selon ses promoteurs, les congés payés permettent d’améliorer les conditions de vie des salariés et à faciliter l’accès des masses populaires au tourisme, aux sports et de manière générale aux loisirs. Dans les pays industrialisés, les congés payés ont entraîné le développement soudain de tout un secteur économique, le tourisme de masse. Evidemment, les entreprises répercutent le coût des congés payés et autres acquis sociaux sur les prix, ce qui a parfois entraîné de graves difficultés économiques.

L’inflation consécutive à l’augmentation momentanée de la masse salariale due aux congés payés ou à l’arrivée soudaine de vacanciers, n’est pas le lot des seuls pays occidentaux. Abel Boussiengui, un père de famille qui a pris l’habitude de se rendre dans la ville de Mbigou durant ses congés, explique : “Les commerçants de Mbigou ont pris l’habitude d’augmenter les prix durant la période des grandes vacances scolaires. Ils savent que la population de la ville augmente durant cette période et ils pensent que les parents ont plus d’argent à dépenser à cause du système des congés payés.” De même, Ornélia, une barmaid travaillant habituellement à Libreville mais résidant à Koltang (à 30 Km de Libreville) se plaint : “Je paye 500 francs tous les jours sur ce trajet. Mais quand les vacances arrivent, de nombreux taxis-brousse doublent les tarifs parce qu’ils croient que tout le monde part en congé avec beaucoup d’argent.”

Effectivement, ceux qui bénéficient de leurs congés payés voient le volume de leur salaire passer du simple au double. Ce qui amène à s’intéresser à la destination de cet argent. Autrement dit, à la manière dont les Gabonais dépensent de ce surplus d’argent. Car si on touchait 500 000 francs CFA par mois on se retrouve avec un million de francs auxquels il faut ajouter une bonne partie de l’épargne réalisée tout au long de l’année de travail. Mais, selon l’ancienneté dans une entreprise ou selon qu’on n’a pas pris de congés depuis plus d’un an, on peut avoir beaucoup plus d’argent que le double de son salaire.

Entre parcimonie et boulimie dépensière

On ne dispose d’aucune statistique sur le budget moyen dépensé par les Gabonais durant leurs vacances. La catégorie socioprofessionnelle joue certainement un rôle sur le montant alloué aux vacances. Selon une observation empirique, les professions libérales (médecins, avocats, consultants divers) et les commerçants seraient ceux qui dépensent le plus durant leurs congés. Ils seraient suivis par les cadres tandis que les ouvriers et employés auraient le budget le plus faible. L’affectation de ce budget dépend également de la catégorie sociale.
Seuls les cadres dirigeants ou ceux des Gabonais qui travaillent dans des secteurs fortement rémunérés, se permettent de partir en voyage à l’étranger.

Laurent O., cadre dans une compagnie pétrolière, raconte : “De tradition, je m’arrange pour voyager avec l’argent des congés payés. Je vais rendre visite à des amis qui sont à l’étranger ou je visite des pays qui m’étaient inconnus. En 2003, par exemple, je suis parti à New York sans y connaître personne.”

Ginette M., responsable commerciale dans une agence de publicité : “J’utilise l’essentiel de mon congé payé aux loisirs. Bien entendu, je prends des précautions pour qu’au moment de la reprise du travail, je ne me retrouve pas complètement fauchée. Quand je dis loisirs, cela peut être un voyage. Mais celui-ci dépend des économies que j’aurais faites avant. Cela détermine si je pars pour un pays étranger, si je vais me contenter de l’intérieur du Gabon ou simplement de quelques allers-retours à la Pointe-Denis. Il faut dire qu’un voyage se prépare. Si je veux partir en vacance en Angleterre par exemple, je fais un calcul sur la base de l’argent que j’aurais avec mon congé payé et je décide d’une épargne mensuelle pour boucler le budget nécessaire à ce voyage. Il arrive parfois des imprévus qui vont m’empêcher de réunir l’argent qu’il faut pour partir loin. Alors, si je n’ai strictement que l’argent des congés payés, je vais me contenter de loisirs plus économiques comme m’acheter des livres que j’ai toujours voulu lire, me permettre quelques mondanités, etc.”
Mais l’argent des congés payés ne sert pas seulement aux loisirs. Certains s’en servent pour s’équiper ou accélérer leur accession à l’immobilier. Rodrigue M., aide-comptable dans une entreprise de BTP, explique : “Il m’est arrivé de m’offrir, avec l’argent des congés, des produits que je n’ai pas pu m’offrir avec mon seul salaire. L’année dernière j’ai acheté une télévision à écran plasma. Cette année, j’économise pour qu’au moment où mes congés me seront payés, je puisse m’offrir une voiture d’occasion.” Jean-Claude A., employé dans une entreprise de pêche industrielle, a en effet préféré acheter des matériaux de construction : “Avec mes congés payés perçus il y a trois ans, j’ai démarré la construction de ma maison. Tout au long de l’année, j’y consacre une part de mon salaire. Mais chaque fois qu’on me paye mes congés, j’en profite pour faire avancer considérablement les travaux. Surtout que j’ai du temps libre à ce moment là, j’en profite pour superviser l’avancement de mon chantier.” De nombreux Gabonais préfèrent en effet prendre leur congés au moment des vacances scolaires qui correspond à la saison sèche et qui est une période propice aux travaux de construction. C’est à cet effet que plutôt que d’être consacré au farniente, la période des congés est souvent mise à profit pour retaper une habitation ou construire.

L’habitation ou plutôt le logement, reste un problème des plus sérieux pour les travailleurs qui résident dans les grands centres urbains. Rémi B., maçon dans une entreprise de construction, justifie son calcul économique : “Je ne gagne pas beaucoup d’argent et comme je suis locataire. Je sais qu’au bout d’un mois de congés, j’aurais des difficultés à m’acquitter de mon loyer. Donc, quand on me paye mes congés, je paye d’avance deux mois de loyer. Le reste me permet d’assurer mes besoins et mes petits loisirs durant cette période. Les congés ne me permettent vraiment que de me reposer et de voir un peu plus ceux de ma famille qui vivent à Libreville comme moi. Parfois, je ne me repose même pas ! J’en profite pour travailler un peu à mon compte en faisant des petits travaux de maçonnerie ici et là lorsqu’on me sollicite.”

D’autres travailleurs aux revenus modestes préfèrent néanmoins quitter les agglomérations urbaines, Libreville notamment, ainsi qu’en témoigne Edmond O., superviseur dans une entreprise de gardiennage : “Je profite toujours des congés payés pour aller, avec ma petite famille dans mon village dans le Woleu-Ntem. La vie est trop chère à Libreville. Ce qui est le contraire au village. Et on a presque gratuitement certaines choses : le gibier en faisant des pièges, le poisson en allant à la pêche, les produits agricoles dans les plantations des parents ou les potagers situés derrière les maisons, etc. L’argent des congés me permet de payer le transport aller-retour et des choses de la ville dont on a besoin au village : machettes, haches, lampes tempête, sacs de riz, bidons d’huile, vêtements, etc.»

Le coût de la vie et la modicité des moyens de nombreux Gabonais freinent l’accès à de nombreuses activités auxquelles ils pourraient s’adonner durant cette période. Organiser un pique-nique avec sa petite famille a un certain coût lorsqu’on ne dispose pas d’une automobile. Dans un pays disposant de 800 kilomètres de plage, il est en effet étonnant que celles-ci ne soient pas bondées. Sans doute la météo y est-elle pour quelque chose. En vérité, la plage est un loisir nouveau. En témoigne la tranche d’âge qui s’y rend tous les week-end : essentiellement les jeunes.

Petits métiers et congés non payés

Il existe au Gabon et même ailleurs, une catégorie de travailleurs que l’on pourrait qualifier d’informels. Ces “travailleurs pauvres” interviennent notamment dans des petits métiers tels que taximan, tâcheron à titre personnel, travailleur au noir ou encore gardien, cuisiner, femme de ménage chez des particuliers. Généralement, ces travailleurs ne bénéficient pas des avantages sociaux prévus dans le code du travail. Aussi, dans la plupart des cas, leurs congés ne sont pas payés. Nombreux sont ceux qui pensent d’ailleurs que cette catégorie ne prend jamais de congés. Pourtant, ainsi que l’affirme Jean-Robert M., journaliste, “ils partent en congés. C’est ce qui se passe lorsqu’ils se font remplacer durant un mois ou deux par un cousin ou un ami. Mais ils ne doivent, en général, compter que sur leurs économies, sauf dans les rares cas où leur employeur leur octroie une prime ou un supplément de salaire. Rien de garanti en tout cas !”

Ces travailleurs informels se payent donc leurs vacances avec leurs économies. C’est à cet effet que la périodicité de leurs départs en congés est très étalée. Payés le plus souvent au SMIG, parfois moins, ils ont tout le mal du monde à dégager une épargne. Aussi doivent-ils sévèrement se priver pour se payer des congés. Étant, dans la majorité des cas expatriés, prendre des congés signifie pour eux partir en voyage dans leur pays d’origine. Ce qui n’est pas toujours évident avec leurs niveaux de revenus. Sissoko, gardien de nationalité guinéenne auprès d’un grand restaurateur de Libreville témoigne : “Je ne touche que 80 000 francs par mois. Souvent, on me paye en deux tranches. C’est dur de faire des économies, même si j’ai un petit job de jour. Il n’y a pas très longtemps mon père est mort au pays. Il fallait vraiment que je voyage, parce que depuis cinq ans je ne suis pas retourné en Guinée. Mais, je n’avais pas les moyens pour faire le déplacement. J’ai du emprunter, et maintenant je ne risque pas de prendre de congés avant 3 ou 4 ans.”

Si rentrer dans un village de l’arrière-pays Gabonais ne coûte pas plus de 30 000 francs CFA, partir pour Bamako coûte au bas mot 10 fois plus. Et encore faut-il effectuer ce voyage avec un bon butin dans les bagages. Les parents restés au village ne comprendraient qu’on rentre bredouille. Se payer des congés peut donc prendre de nombreuses années de travail. Ce qui explique sans doute pourquoi, lorsqu’ils partent en vacances, ce n’est jamais pour moins de deux mois et ces congés peuvent se prolonger durant une année.

Le tableau n’est pas toujours aussi sombre, car il existe des particuliers qui payent relativement bien leur personnel de maison et qui assurent les avantages sociaux prévus par la loi, notamment les congés payés. Et, dans ces cas, ces travailleurs dits informels affectent leurs congés payés aux mêmes choses que les autres travailleurs du secteur formel ayant le même niveau de revenus. Bien entendu, à ce niveau de revenus, utiliser ses congés payés pour partir à Ouagadougou ou à Niamey n’a aucune commune mesure avec un voyage à Bitam ou à Mayumba.

Du temps libre, avant tout

D’une manière générale, les congés payés au Gabon correspondent à quatre ou cinq semaines de repos. Ils ne dépassent que très rarement 30 jours ouvrables, sauf dans les cas où le travailleur n’a pas pris de congés depuis plus d’une année ou qu’il est un cadre bénéficiant de traitements ou d’avantages sociaux particuliers.

S’il est entendu que durant les congés le travailleur se repose, il ne faut pas pour autant penser qu’il ne fait que dormir. Si, ainsi qu’on l’a vu, en Occident l’institution des congés payés a ouvert les vannes du tourisme de masse, ce n’est pas vraiment le cas en Afrique et particulièrement au Gabon.

Dans ce pays, les cadres et professions libérales s’offrent, dans certains cas aux voyages durant leurs congés payés mais on ne saurait parler de tourisme à proprement parler. Ceux de ces catégories professionnelles qui voyagent sont généralement des célibataires ou des gens ayant une toute petite famille. La plupart du temps, ils partent en Europe, principalement en France, ou dans des pays d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Sénégal) On notera qu’après la France, l’Afrique du sud et Dubaï sont les destinations de prédilection des Gabonais de la “bonne société”.

Le Gabonais reste très attaché à sa province d’origine et partant à son village. Ce qui explique que durant ce qu’on appelle les grandes vacances, la capitale Gabonaise se vide. Ceci se constate aisément dans les transports en commun et la circulation routière : les taxis sont quasi vides et les embouteillages diminuent considérablement. Et, lorsqu’ils sont au village, les Gabonais occupent leur temps libre à la participation des travaux villageois : agriculture, chasse et pêche. Un bon nombre d’entre eux profitent des congés pour entreprendre la construction de leur maison secondaire ou plutôt maison de retraite. Ceux d’entre eux qui restent en ville s’adonnent aux mondanités, constituées pour l’essentiel au night-clubbing. Il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à faire dans une capitale Gabonaise pauvre en activités culturelles ou distractives.

Sans doute est-ce la condition de “pays en développement” du Gabon et la cherté du coût de la vie qui ne favorisent pas la prise de vacances ainsi qu’on l’entend sous d’autres cieux, notamment dans les pays industriels. Les besoins primaires étant encore loin d’être satisfaits par le plus grand nombre, on comprendra aisément que l’argent des congés payés soit pour l’essentiel affecté à autre chose que de s’offrir des vrais vacances.

LES BIENFAITS DES VACANCES

Il existe plusieurs raisons de prendre des vacances. Elles procurent de nombreux bienfaits aux travailleurs. En voici quelques-uns :

Repos, relaxation… et vitalité sexuelle. Même si les vacances ne constituent pas une panacée pour tous les maux dont on souffre, elles calment le stress mental et physique. On a démontré que les vacances diminuaient la fatigue, les problèmes digestifs, les insomnies et que, par ailleurs, elles augmentaient le désir de faire l’amour qui s’était émoussé de 50 pour cent. Les maux de tête qui avaient atteint 21 pour cent avant les vacances, chutaient à 3 pour cent.

Se retrouver en famille. Pourquoi ne pas prendre des vacances pour apprendre à mieux connaître vos enfants, pour rendre visite à des amis ou parents’ Quand les deux conjoints travaillent et que la famille est disséminée un peu partout à travers le pays, les vacances constituent parfois le seul moyen pour que les proches se retrouvent pendant suffisamment de temps. Les expériences et les aventures, même difficiles, que l’on partage, deviennent alors des souvenirs que l’on chérit et créent des liens véritables.
Rencontrer de nouvelles têtes. C’est en voyageant, que ce soit dans un pays lointain ou tout près de chez-soi, qu’on a l’occasion de rencontrer des gens nouveaux et différents, ce qui élargit notre horizon et remet en question nos habitudes, croyances et valeurs. Il arrive aussi que des rencontres inattendues se transforment en amitiés durables.

Se faire plaisir. C’est peut-être parce que nous avons le désir de nous gâter un peu que nous avons tellement envie de prendre des vacances. La plupart des gens qui travaillent beaucoup vivent simplement. Pourtant nous méritons tous de goûter aux fruits de notre travail en dépensant de l’argent joyeusement. Cela donne l’impression de bien vivre, de réaliser certains rêves, en étant bien traités et en se donnant de l’importance. Pour certains cela représente un voyage féerique dans un lieu luxueux ou on peut se laisser aller à toutes sortes de caprices et pour d’autres, une orgie d’emplettes à Paris, Johannesburg ou du marchandage dans quelques souks de Dubaï. Malheureusement, beaucoup de gens voyagent sans jouir de leur escapade, ne voyant que son aspect “utilitaire”.

EXTRAIT DU CODE DU TRAVAIL PORTANT SUR LES CONGÉS

Article 185. Sauf dispositions contractuelles plus favorables, le travailleur acquiert droit au congé à la charge de l’employeur, à raison de deux jours ouvrables par mois de service effectif. Les travailleurs âgés de moins de 18 ans ont droit à deux jours et demi ouvrables.

Article 186. Sont réputés jours ouvrables pour la détermination au congé, tous les jours autres que le dimanche et ceux qui, en vertu de la loi, des règlements, des conventions collectives et des usages, sont fériés et chômés.

Sont assimilées à un mois de travail effectif pour le calcul de la durée du congé, les périodes équivalentes à quatre semaines ou vingt quatre jours de travail.

La durée du congé est augmentée en considération de l’ancienneté dans l’entreprise. Elle est fixée par les règlements en vigueur ou les dispositions des conventions collectives.

Les mères de famille ont droit à un jour de congé supplémentaire par an pour chaque enfant à charge de moins de 16 ans.

Pour le calcul de la durée du congé acquis, ne seront pas déduites les absences pour accidents du travail ou maladies professionnelles, les périodes de repos des femmes en couches prévues à l’article 171 ci-dessus et, dans une limite de six mois, les absences pour maladies dûment constatées par un médecin.

Seront également décomptés sur les bases indiquées ci-dessus les services effectués, sans congé correspondant, pour le compte du même employeur, quel que soit le lieu d’emploi.

Dans la limite de dix jours, ne peuvent être déduites de la durée du congé acquis, les permissions exceptionnelles qui auraient été accordées au travailleur à l’occasion d’événements familiaux. Par contre, les congés spéciaux accordés en sus des jours fériés peuvent être déduits s’ils n’ont pas fait l’objet d’une récupération.

Article 187. Le droit au congé est acquis après une durée de services égale à un an.
En cas de rupture ou d’expiration du contrat avant que le travailleur ait acquis droit au congé, une indemnité calculée sur la base des droits acquis, d’après l’article 185, doit être accordée à la place du congé.

En dehors de ce cas, est nulle et de nul effet toute convention prévoyant l’octroi d’une indemnité compensatrice à la place du congé.

Article 188. L’employeur doit verser au travailleur, durant tout le congé, une allocation au moins égale à la moyenne correspondante des salaires, indemnités, primes et commissions diverses dont le travailleur a bénéficié au cours des douze mois précédant son départ en congé.

Peuvent être exclus de l’allocation de congé, les primes liées au rendement, ou à l’assiduité, les indemnités représentatives des risques ou d’inconvénients professionnels et les indemnités représentatives de frais autres que ceux inhérents à l’obligation du logement.

L’allocation de congé doit être versée intégralement au travailleur avant son départ en congé.

Pour les travailleurs recrutés hors du lieu d’emploi la durée du congé est augmentée des délais de route pour se rendre au lieu d’engagement spécifié au contrat et vice versa.

L’action en demande de congé se prescrit dans un délai de deux ans à compter de la date où la durée maximale des services ouvre droit au congé, sauf en cas de force majeure ou de faute de l’employeur.

L’employeur doit inscrire sur registre approuvé par l’inspecteur du travail:

a) la date d’entrée en service des personnes employées par lui et la durée du congé annuel auquel chacune d’elle a droit ;

b) les dates auxquelles le congé annuel payé de chaque personne est pris ;

c) la rémunération reçue par chaque personne pour la durée de son congé annuel payé.

PETITE HISTOIRE DES CONGÉS PAYÉS

L’idée de vacances payées naquit en France dans les années 1920. L’expérience initiée au sein du journal “L’information”, (quotidien politique économique et financier parisien) est à l’origine de son institutionnalisation : son directeur technique, J.J. Durand, syndiqué de longue date, obtenait de l’administration du journal, dès 1922, l’octroi de vacances payées au personnel, démontrant que la solution était avantageuse pour tout le monde. Léon Blum, futur dirigeant socialiste lors du Front Populaire, écrivait alors des articles pour “L’Information” et découvrit cette initiative qui l’intéressa vivement. La victoire du Front populaire aux élections législatives du 3 mai 1936 provoqua un élan de revendications chez les travailleurs. Ils lancèrent un mouvement de grève et d’occupation d’usines à travers toute la France, impliquant près de 2 millions de travailleurs. Ces grèves, paralysant tout le pays, entraînèrent l’ouverture de négociations avec le patronat sous la tutelle du nouveau gouvernement. Elles aboutirent tout d’abord aux Accords de Matignon, puis à la création des congés payés.

Fixés à quinze jours à l’origine, les congés payés minimum obligatoires en France n’ont cessé de s’allonger par l’action législative : de deux semaines en 1936, ils passent à 3 en 1956, puis à 4 en 1969 et enfin à 5 semaines en 1982.

Au niveau mondial les congés payés bénéficient à un nombre croissant de personnes puisque, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), on comptait 3,5 milliards de bénéficiaires à la fin des années 1980 et 4 milliards à la fin du deuxième millénaire.

En Chine, les congés payés sont récents, une première semaine a été octroyée en 1992. Le gouvernement communiste a accordé une semaine de vacances supplémentaire en 1999 ; aujourd’hui, les Chinois disposent de trois semaines de congés payés par an. Cependant, 76 % des paysans-ouvriers travaillant dans les usines et les chantiers ne profitent pas de ces congés payés. Le tourisme et la consommation ont fortement augmenté dans le pays : en 2003, on estime que plus de 100 millions de Chinois ont parcouru et visité leur pays.

La généralisation des congés payés dans de nombreux pays industrialisés a fortement contribué à la montée de ce que l’on appelle le tourisme de masse.

L’existence des congés payés a également enclenché progressivement une série de mesures sociales ou d’initiatives privées visant à les favoriser :
è généralisation des réductions annuelles sur les chemins de fer ;
è création d’un ministère du Tourisme ;
è création d’organisations culturelles populaires ;
è promotion des colonies de vacances par les entreprises ;
è développement des bains de mer.

LES DIFFÉRENTES FORMES DE TOURISME

De nombreuses expressions sont utilisées pour définir les activités touristiques. Malheureusement, elles sont souvent utilisées de façon impropre ou progressivement détournées à des fins publicitaires, et ne correspondent plus aux concepts ou aux expériences qui ont été à l’origine de leur utilisation. Nous rendons ici à ces mots leur signification exacte.

Le Tourisme intégré concernait à l’origine les formes de tourisme expérimentées en Casamance (Sénégal, Afrique) dans les années 70. Les activités touristiques sont “intégrées” à la vie locale et mises au service du développement, contrairement aux pratiques courantes où les communautés locales sont mises au service du tourisme. Précurseur du “tourisme durable”, il s’oppose au Tourisme enclavé, lequel est plaqué sur un environnement préexistant qu’il détruit parfois complètement, et dont le tourisme balnéaire et les stations de ski sont les exemples courants.

Le Tourisme individuel peut être organisé par une agence de voyage ou élaboré au jour le jour à la fantaisie du voyageur. Il n’est porteur que des valeurs de celui qui le pratique. Il utilise fréquemment les mêmes structures que le tourisme de masse. On dit que “25 touristes individuels font plus de dégâts qu’un groupe de 25 touristes”.

Tourisme de masse. Cette expression ne concerne pas une pratique du tourisme, mais l’utilisation d’infrastructures lourdes (aéroports, réseaux routiers, parcs hôteliers, complexes de loisirs) dont l’impact est irréversible sur la région concernée. Il entraîne des effets en chaîne : urbanisation, afflux de populations pauvres, désocialisation, délinquance, prostitution. Les intérêts commerciaux des uns et les plaisirs des autres priment sur la protection de l’environnement et sur l’intérêt à long terme des populations locales. Le touriste le mieux intentionné peut rarement éviter de faire appel aux structures du tourisme de masse pour une partie au moins de son voyage.

Le Tourisme social, quasiment inexistant au Gabon, s’est surtout développé en Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale, pour permettre au plus grand nombre de prendre des vacances, puis de voyager. Colonies, centres de vacances, il s’est à son tour intégré au tourisme de masse. Porteur à l’origine de valeurs respectueuses des lieux d’accueil, son concept, antérieur au développement massif du tourisme à l’étranger, ne manifeste qu’occasionnellement le souci de former les voyageurs en citoyens du monde.

Le Tourisme d’aventure utilise des circuits peu fréquentés et se pratique en groupes restreints dans des conditions rudimentaires, mais protégées. C’est un tourisme onéreux.

Le Tourisme culturel se limite trop souvent à privilégier les images ou les récits du passé par rapport à la dynamique du présent, en isolant les faits et les lieux de l’actualité vécue par les populations, réduites alors souvent à des objets de consommation.

L’écotourisme, lui aussi, privilégie trop souvent l’observation de la nature dans des complexes touristiques qui ne respectent pas toujours l’environnement, et met trop souvent les populations locales à son service.

Le Tourisme durable (expression née à la suite du Sommet de Rio en 1992) prône un tourisme qui contribue à un développement respectueux de l’équilibre environnemental et humain, pour assurer dans le temps la “durabilité” du milieu et de ses ressources, en étroite collaboration avec les populations locales, et dans l’intérêt des générations à venir. Ce terme tend à être récupéré à des fins publicitaires.

Le Tourisme équitable est un concept plus récent, qui se réfère à celui du “commerce équitable” où une relation s’établit entre le producteur et le consommateur, de telle sorte que les intermédiaires restent sous la vigilance de réseaux. Il permet ainsi une rémunération équitable du producteur (l’hôte du pays d’accueil), et est censé réduire les aléas du commerce entre régions consommatrices riches et productrices pauvres et dépendantes. L’adaptation de la notion d’équitabilité au tourisme reste délicate à cause de la complexité du marché touristique, qui n’est pas réductible à une simple transaction entre producteurs et consommateurs. Le “produit touristique” (qui n’est parfois qu’un paysage gratuit ou un loisir importé) est lui-même complexe.

source: Business Gabon

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