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Madagscar: l’opposition presse le chef d’Etat de démissionner

Le leader de l’opposition, Andry Rajoelina, et le «premier ministre» de la «Haute autorité de transition», Roindefo Zafitsimivalo Monja, samedi, à Antananarivo.
Son jeune leader et maire de la capitale a affirmé qu’il assumait désormais les pouvoirs présidentiels. Mais en dépit d’un ultimatum lancé par Andry Rajoelina, le président n’entend pas démissionner pour le moment.

La crise qui oppose depuis décembre le président de Madagascar au maire de la capitale semble prendre un tournant décisif. Samedi, l’opposition a affirmé avoir pris le pouvoir sur l’île et «commander» l’armée, réclamant la démission du chef d’Etat, Marc Ravalomanana.

Peu après la prise de contrôle sans violence des bureaux du chef du gouvernement du président, le jeune leader de l’opposition Andry Rajoelina est apparu publiquement entouré de militaires devant ses partisans, pour demander au président «de quitter humblement le pouvoir dans les 4 prochaines heures», tout en se disant «prêt à une passation de pouvoir démocratique». Le chef d’Etat a répondu que le pouvoir restait entre ses mains. «Ils ont pris la Primature (bureaux du premier ministre), mais ils n’ont pas le pouvoir que donne le peuple par des élections démocratiques», affirmait un communiqué de la présidence et du gouvernement. «Ce mouvement est, et reste jusqu’à maintenant, une manifestation de rue, qui utilise la terreur et la répression pour survivre. Une auto-proclamation ne donne pas de pouvoir légal.»

Ce à quoi Rajoelina lui a répondu : «C’est moi qui commande l’armée aujourd’hui.» Ajoutant cependant : «nous ne voulons pas la violence. M. Ravalomanana sera amené devant un tribunal (…) par rapport aux actes qu’il a commis.»

Alors que l’ONU appelait samedi après-midi les Malgaches «à trouver un compromis préservant la stabilité», environ un millier de personnes ont érigé un barrage filtrant à proximité du palais d’Etat où se trouverait l’actuel président. «On est venus protéger le président ; dans le monde entier, on dit qu’on ne transige pas avec les mercenaires, alors pourquoi on veut parler avec bRajoelina qui est un mercenaire», a lancé l’un d’eux.

L’ex-premier ministre aux côtés de Rajoelina

L’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien premier ministre, Jacques Sylla, figurait aux côtés d’Andry Rajoelina samedi midi, lors du lancement de l’ultimatum de ce dernier au président Ravalomanana. Tout comme Roindefo Zafitsimivalo Monja, «premier ministre» de la «Haute autorité de transition» remplaçant le gouvernement actuel selon l’opposition, qui a déclaré que «le président de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat, et le gouvernement (étaient) déchus de leurs fonctions».

Il était entouré des autres «ministres» nommés par l’opposition et d’une trentaine de militaires, dans la primature désertée par les représentants du gouvernement Ravalomanana. Lisant un texte de Andry Rajoelina, il a indiqué que l’opposition prenait «l’engagement d’organiser les élections présidentielle, législatives, communales dans un délai qui ne peut dépasser 24 mois».

«La Haute autorité de transition présidée par Andry Rajoelina assure désormais les attributions dévolues au président de la République par la Constitution et le gouvernement de transition exerce immédiatement ses fonctions», a-t-il ajouté.

La Commission européenne préoccupée

Cette semaine, l’armée, la gendarmerie et la police ont basculé dans la défiance au président, affirmant vouloir préserver l’unité et l’indépendance des forces armées de Madagascar. Alors que la question d’un coup d’Etat rampant a pu se poser, le nouveau chef d’état-major de l’armée, le colonel André Andriarijaona, a déclaré qu’il n’y avait pas lieu de déployer l’armée vers le palais présidentiel. Il s’est toutefois dit prêt à soutenir l’opposition «si ça peut ramener le calme».

Madagascar est plongé dans sa pire crise politique depuis l’avènement au pouvoir de Marc Ravalomanan. Plus d’une centaine de personnes sont mortes depuis décembre et l’île tourne depuis au ralenti.

Selon l’opposition, Marc Ravalomanana «a manqué à ses obligations constitutionnelles et a commis des actes rentrant en violation du serment prêté devant la Nation», citant notamment «la tuerie contre des manifestants le 7 février» et «l’utilisation de prérogative de puissance publique au profit d’intérêts purement privés et personnels». Au moins 28 personnes avaient été tuées ce jour-là lorsque la garde présidentielle avait tiré sans sommation sur une foule de partisans de l’opposition.

A Bruxelles, la Commission européenne s’est déclarée «sérieusement préoccupée» par la crise, qui met selon elle «en péril la stabilité du pays».

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