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Gabon : Qui a peur du vote ethnique ?

A quatre jours du scrutin présidentiel, la question du vote ethnique est plus que d’actualité. Elle cristallise les énergies au sein des Etat-majors des candidats autant qu’elle fait naître dans l’opinion la peur du repli identitaire. Pourtant, même si chaque groupe votait pour son représentant, le poids du vote ethnique serait relatif.

© gaboneco ; Les neuf éthnies du Gabon se métissent à Libreville

Depuis la déclaration de leurs candidatures à la présidentielle du 30 août, les 23 candidats en lice pour ce scrutin dénoncent chacun à sa manière le repli identitaire qui risque de déboucher mécaniquement sur le vote ethnique. Doit-on vraiment avoir peur du vote ethnique ?

C’est un peu étonnant que la question ethnique polarise les débats au cours de cette élection dans la mesure où l’ethnie a toujours été au centre du mode de gestion du pouvoir durant les quarante dernières années, à travers la «géopolitique».

Pour promouvoir les filles et les fils du Gabon sans aucune distinction à caractère ethnique, social ou religieux, le régime s’est appuyé sur le fameux système géopolitique afin que toutes les provinces soient représentées dans les structures du pouvoir.

Cependant, au lieu que cette géopolitique s’appuie sur la méritocratie, la cooptation est vite devenue le mode de sélection pour la circulation de l’élite. La cooptation a très vite donné naissance aux parrains provinciaux, et surtout tribaux qui étaient chargés de choisir les intelligences censées gouverner les différentes parcelles de pouvoir dans la République.

Dès lors il fallait passer par le «parrain» pour avoir une bourse d’études, obtenir une intégration à la fonction publique ou une promotion quelconque. Lorsque que l’on ne faisait pas partie de la cour, il était difficile de faire une carrière normale surtout dans l’administration publique.

Ces parrains provinciaux, ou tribaux, ce sont eux que le président Bongo avait qualifié de roitelets lors de son discours du 1er décembre, à l’occasion du 40e anniversaire de son accession à la magistrature suprême.

«Le gouvernement ne saurait être un rassemblement de roitelets, chacun voulant faire du Ministère dont il a la charge, un gouvernement particulier, commandé par la recherche effrénée d’une position personnelle et par détournement pour soi même d’une part de l’autorité de l’Etat. C’est précisément dans ces comportements que se nichent les fractures de toutes sortes, faussement intellectuelles, politiques ou idéologiques, mais, dans la réalité tribalistes», s’était indigné Omar Bongo Ondimba.

Si l’on doit admettre que des efforts ont été accomplis pour coudre le tissu de l’unité nationale, la confection de celui-ci a été faite avec des fils ethniques. Dès lors les candidats en lice pour cette élection et dont la plupart sont le produit du système en place doivent-ils vraiment avoir peur du vote ethnique ? D’ailleurs si il y’a vote ethnique, à quel groupe profiterait-t-il ?

Sur la base des chiffres du recensement de 1993, qui avait répartis la population gabonaise en neuf groupes ethniques, le groupe Fang vient en première position avec 258 601 personnes, suivi du groupe Eshira-Punu qui compte 241 954 âmes. Le groupe Nzébi-Dyma vient ensuite avec 113 656 sujets, tandis que le groupe Mbédé-Tékés est constitué de 82 890 Hommes, talonné par le groupe Kota-Kélé et ses 71 351 individus.

Le groupe Myéné compte lui 48 767 ressortissants, le groupe Okandé-Tsogho 32 793 individus et les pygmées sont 3 534. Enfin les naturalisés, soit le neuvième groupe ethnique, est composé de 3 229 individus.

Or, sur les 23 candidats en lice, neuf sont fangs. Il s’agit de Jean Eyeghe Ndong, Casimir Oyé Mba, Ernest Tomo, Paul Mba Abessole, André Mba Obame, Bienvenu Mauro Nguema, Luc Bengone Nsi, Jean Ntoutoume Ngwa et Albert Ondo Ossa.

Le groupe Myéné compte sept candidats, à savoir Jules Aristide Bourdès Ogouliguende, Marcel Robert Tchoreret, Jean-Guy Kombeny, Victoire Lasseni Duboze, Yvette Ngwevilo Rekangalt et Medhi Teale.

Le groupe Nzébi est représenté par deux candidats, Zacharie Myboto et Georges Bruno Ngoussi.

Les Punus comptent eux trois candidats. Il s’agit de Pierre Claver Maganga Moussavou, Pierre Manboundou et Bruno Ben Moubamba.

Et enfin le groupe Mbédé-Téké est représenté par Ali Bongo Ondimba et Bernard Oyama.

Même si chaque groupe votait pour son représentant, le poids du vote ethnique serait relatif. Ceux qui veulent voter pour leurs représentant ethnique n’ont qu’à le faire. Mais pour gagner ils doivent convaincre les électeurs des quatre autres groupes qui n’ont pas de candidats à cette élection.

Les chiffres utilisés ici datent certes de 1993, mais ils ne traduisent pas moins la faible incidence du vote ethnique dans le choix du président du Gabon.

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