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Gabon: Pahé, caricaturiste né sous Omar Bongo, va se "lâcher avec le fils"

Auteur de bandes dessinées, caricaturiste, dessinateur de presse, Patrick Essono, dit « Pahé », n’a pas son crayon dans sa poche sur la situation politique du Gabon.

« Certains s’étonnent que je sois opposant. Ca me paraît évident. Je suis né sous (Omar) Bongo, j’ai grandi sous Bongo, je ne veux pas mourir sous un Bongo. Le Gabon est devenue une monarchie, une société anonyme propriété des Bongo. C’est Gabon S.A. », affirme à l’AFP Pahé, 36 ans, à propos de l’élection présidentielle gabonaise qui a vu Ali Bongo, le fils d’Omar Bongo décédé en juin, succéder à son père.

Un de ses dessins montre Ali Bongo, mal rasé et bedonnant, en train de « corriger » la « faute » dans la phrase « Vives la démocratie gabonaise ». Le dessin suivant, Ali a écrit « Vives la Maunarchi gabonaise ».

Pahé, qui souffre du même embonpoint que sa principale victime, avoue sans ambages: « Je vais me lâcher avec le fils ». Et, au fil de ses caricatures, il n’hésite pas à aborder tous les reproches que peuvent faire les Gabonais au président élu avec 41,73% des suffrages, mais dont l’élection est contestée, l’opposition criant à la fraude.

« Tous les candidats ont triché, c’est le meilleur qui a gagné. Ceux qui ont des oreilles comprendront », lance le caricaturiste.

Rumeurs sur l’adoption et les origines nigérianes d’Ali ou sur ses accès de violence, railleries sur ses difficultés d’expression ou « capacités limitées »: Pahé fait feu de tout bois. « C’est de bonne guerre », affirme-t-il, « ici, les hommes politiques aiment bien rire du Canard Enchaîné ou de Charlie hebdo, mais ils n’aiment pas quand on rit d’eux ».

Et l’artiste, qui adore parler de lui à la 3e personne, de se mettre en scène: « Comment ça Pahé tu abuses, voilà-t-il pas qu’après le père, tu oses dessiner le fils? » Réponse: « Le Ali, il n’avait qu’à pas accepter de devenir patron! ».

« Quand on me dit que je suis +subversif+ ou +irrévérencieux+, je le prends comme un compliment. Ca prouve que je dérange, que quelque part je fais quelque chose qui les gêne », dit-il.

« Mais, ce qui m’énerve le plus c’est qu’ici, personne n’ose dénoncer, aucun artiste ou presque ne s’est engagé », ajoute Pahé, qui a longtemps été dessinateur de presse et à la télévision TV+, une chaîne privée appartenant au candidat André Mba Obame, arrivé 2e de la présidentielle. « Je n’ai pas voté et je ne voterai pas », précise-t-il aussitôt.

Le dessinateur, qui manie l’ironie grinçante mais parfois aussi la provocation grossière et directe, affirme qu’il ne peut plus aujourd’hui travailler pour un journal: « Ils appartiennent tous à quelqu’un. Un journal indépendant au Gabon? Pour combien de temps? Au moins sur mon blog (https://dipoula.paquet.li) je fais ce que je veux ».

Sur le blog, on peut voir un dessin qui lui a valu 36 heures de prison la semaine dernière lorsqu’il a croqué deux gendarmes dont un en uniforme en train de boire dans un bar.

Pahé, qui vit entre sa ville natale de Bitam (nord) et Paris, a signé plusieurs livres dont « Gabonais, Gabonaises » (recueil de dessins de presse), « Dipoula » (une BD qui raconte la vie d’un jeune Albinos) mais surtout « La vie de Pahé » (deux tomes), son autobiographie qui est portée à l’écran. « Je ne suis pas encore un +bankable+, et on fait un film sur moi. Pourquoi faire des chichis? ».

Il sort ces jours-ci un livre de caricatures, « Ces bouilles célèbres de Gabao », où figure notamment un Français « gaspillé » (installé depuis longtemps au Gabon) en maillot de bain tricolore, bouteille de champagne à la main qui ne veut pas revenir en métropole par peur d’être au chômage.

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