Des organisations internationales de défense de la liberté de la presse ont critiqué vendredi la décision des autorités gabonaises de suspendre de manière temporaire six journaux pour « manque d’éthique ».
« Alors que le climat est déjà difficile pour la presse gabonaise -certains journalistes se plaignant de pressions et de menaces-« , la décision du Conseil national de la communication (CNC) gabonais est « navrante car elle ne fait que punir des formes d’expression pluraliste », a déclaré l’ONG Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué reçu vendredi par l’AFP.
Le CNC avait annoncé mardi qu’il suspendait pour une durée d’un à trois mois six journaux, en raison notamment d’articles qui « versent dans la division ethnique, l’injure et la calomnie », selon lui. Deux autres publications ont reçu du CNC « des mises en demeure de respecter les règlements ».
« Visiblement, cet organe de régulation, dont l’indépendance vis-à-vis du pouvoir de Libreville est contestée, ne tolère pas que les résultats » de l’élection présidentielle contestée du 30 août et remportée par Ali Bongo, « soient commentés ni que des membres du gouvernement ou du parti au pouvoir soient critiqués », a estimé RSF.
« Avec ces sanctions, certes temporaires, la presse d’opposition, critique ou satirique, est réduite à peau de chagrin », a-t-elle ajouté.
Dans un autre communiqué reçu vendredi par l’AFP, le Comité de protection des journalistes (CPJ), basé à New York, a aussi « condamné » la décision du CNC. « Cette suspension sans précédent est destinée à réduire au silence toute critique potentielle sur le processus électoral », a estimé cette organisation. Le CNC « doit lever immédiatement toutes les suspensions », a-t-elle ajouté.