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Gabon : «Diriger un pays ce n’est pas sur des coups de tête», fustige Mba Obame

Le secrétaire exécutif de l’Union nationale (UN, opposition), André Mba Obame, en séjour depuis plusieurs mois hors du pays, était de retour le 17 mai sur le sol gabonais où il a été accueilli par plusieurs centaines de militants à l’aéroport de Libreville. En prélude à l’élection législative partielle du 9 juin prochain lors de laquelle il tentera de récupérer son siège de Médouneu, celui qui était arrivé second à l’élection présidentielle d’août dernier dresse un bilan amer sur la situation économique et politique du pays. Dans l’interview accordée dès son arrivée que nous publions ci après, André Mba Obame revient également sur les vives polémiques qui secouent l’échiquier politique depuis plusieurs mois.
Comment se fait-il que votre séjour ait duré si longtemps en France ?

« Ca faisait longtemps que je n’avais pas voyagé. Je suis resté plusieurs mois sans passeport. J’avais mis à profit ce temps, ici, à la mise sur pieds de l’Union nationale et dès que j’ai eu la possibilité de sortir je suis allé à l’extérieur pour des raisons familiales, parce que j’ai une partie de ma famille en France, et puis aussi politique puisque j’ai eu plusieurs contacts. Le voyage a été très positif et il y a eu beaucoup de travail.

Que dites vous de l’accueil qui vous a été réservé ce matin à l’aéroport ?

Je suis toujours touché par ces manifestations de soutien, de sympathie. Ceci nous encourage à toujours nous remettre en question, à nous dire qu’il faut tout faire pour mériter la confiance des populations. C’est une lourde responsabilité.

Derrière vous, après plusieurs atermoiements, le ministère de l’Intérieur a finalement délivré le récépissé à l’Union nationale. Votre commentaire.

Force est restée à la loi. On aurait pu éviter beaucoup de louvoiements mais je crois qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Pendant votre séjour en France, il y a eu cette déclaration «si rien n’est fait avant la fin de l’année on va au coup d’Etat à la nigérienne». Une déclaration condamnée par le pouvoir, acceptée par une partie de l’opposition. Est-ce que vous pouvez revenir un peu sur les motivations qui vous on conduit à cette déclaration ?

Vous savez, on dit : « gouverner c’est prévoir ». Il y a un proverbe qui dit : « lorsque le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Je pense que ceux qui se sont beaucoup appesantis, qui ont voulu faire de la surenchère et même de la malveillance sur mes propos, ont regardé le doigt. Moi, j’ai comme responsabilité, en tant qu’acteur politique, de prévenir, d’alerter et c’est tout ce que j’ai fait. Je sais que ceux qui devaient comprendre ont compris.

Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures, dont l’interdiction d’exportation du bois, avec les conséquences économiques que l’on peut imaginer. Votre réaction par rapport à ces décisions.

Ma réaction est conforme à la position de l’Union nationale sur ce dossier. Nous avons dit dès le début que force devait rester à la loi. Il y a le Code forestier qui, lors de sa mise en place, a prévu qu’on laisserait aux exploitants forestiers jusqu’en 2012 pour atteindre le seuil de 75% de transformation au Gabon. 2012 ce n’est pas 2010, ce n’est pas 2009 comme cela a été décidé. Mais mon Dieu, 2012 c’est dans deux ans ! Soyons raisonnables ! Il faut que les uns et les autres comprennent qu’aujourd’hui le Gabon n’est pas un pays que l’on peut gouverner avec des coups de menton et avec des décisions à l’emporte-pièce.

Il faut que le gouvernement respecte la loi. C’est 2012, alors qu’on laisse le temps aux exploitants forestiers de s’organiser. Et aux exploitants forestiers aussi d’accélérer, de comprendre que sur ce dossier là, ils n’ont plus de temps et qu’il faut qu’il fasse le nécessaire pour qu’en 2012 ils atteignent le seuil promis. Donc c’est donnant-donnant. Le gouvernement respecte la loi, laisse le délai nécessaire aux exploitants forestiers, ce qui va nous éviter les fermetures de chantiers, licenciements, pertes financières parce que si on n’exporte pas il y aura un manque à gagner. Or il y a déjà des problèmes financiers, je crois que ce n’est pas sage tout cela. Il faut, comme nous le disons à l’Union nationale, être responsable et laisser les forestiers respecter le calendrier édicté par la loi, qui n’a pas encore été modifié !

Un décret ou une décision en Conseil des ministres ne peut pas se substituer à la loi. Je crois que nous sommes un pays de droit, le gouvernement le rappelle à chaque Conseil des ministres, alors mieux vaut faire que dire. Il faut que le gouvernement respecte la loi.

Au regard de l’élection législative partielle avec quelques irrégularités qui sont encore constatés, notamment à Ntoum où on signale le bourrage des listes, que sera la stratégie de l’UN cette fois-ci pour contourner cette mascarade du pouvoir ?

Ça, c’est la provocation ! Il arrêter la provocation. Les élections partielles doivent se faire sur la base des dernières listes en vigueur, c’est-à-dire sur la base des listes qui ont servi à l’élection présidentielle. Un point, un trait. Rien ne pourrait justifier qu’on ait essayé de rectifier ou de chasser les doublons. On chasse les doublons après une période de révision des listes or, à ma connaissance, depuis l’élection présidentielle, il n’y a jamais eu d’opérations de révision des listes puisque lorsqu’une telle opération est menée, elle se fait avec la participation des principaux partis politiques de la majorité et de l’opposition. Donc les seules listes valables, ce sont celles ayant servi aux présidentielles. Si à Ntoum on a dit qu’il y a 2000 électeurs, il faut qu’on retrouve ces 2000 électeurs, et on vérifiera nom par nom. Evitons le ridicule ! Pourquoi se lancer toujours dans des opérations pour être pris demain la main dans le sac et reculer de manière honteuse. Que la majorité aille aux élections, aille faire campagne, aille expliquer ce qu’elle a fait depuis la présidentielle, et nous aussi on ira dire ce que la majorité n’a pas fait depuis la dernière présidentielle et le peuple tranchera. C’est tout.

Il y a d’autres révélations de la presse ces derniers jours, notamment le journal « Orety » qui met votre famille en cause dans la mort du défunt président Bongo Ondimba, parlant de meurtre de votre nièce. Souhaitez vous réagir sur cette question et quelles suites réservez-vous à cette affaire ?

Il y a un proverbe chez nous qui dit : « Lorsque vous vous lavez et que vous laissez les habits sur le bord de la rivière, si un fou vient et prend vos habits, ne sortez pas de l’eau pour le poursuivre sinon on va dire, voila deux fous qui se poursuivent. » Je ne suivrais pas les fous d’ »Orety ».

Pour revenir sur l’interdiction d’exportation des grumes il y a des mouvements sociaux qui se profilent. Qu’est ce que vous préconisez ?

Je demande au gouvernement d’appliquer la loi. La loi dit 2012. Mon Dieu ! 2012 ce n’est pas 2072, c’est 2012 ! Que le gouvernement applique la loi. Comment le gouvernement peut prendre des dispositions qui vont contre la loi. Que le gouvernement applique la loi et que le gouvernement applique une gestion politique, économique et financière raisonnable. Nous savons qu’aujourd’hui, on ne peut pas arrêter l’exportation des grumes de manière aussi brutale à cause des conséquences que vous connaissez : fermeture de chantiers, cela veut dire licenciements et vous savez qu’en dehors de la Fonction publique, le secteur bois est le plus gros gisement d’emplois et avec la particularité que ce sont des emplois décentralisés, sur l’ensemble du territoire, dans les villages et le reste. Alors on va sacrifier cela parce qu’on nous a dit que si on interdisait l’exportation des grumes, on aurait un bonus hypothétique. Donc on veut lâcher la proie pour l’ombre. Soyons responsables. Diriger un pays c’est être responsable, c’est pas sur des coups de tête, c’est pas des effets d’annonce, c’est pas la politique spectacle ! Il faut qu’on applique la loi, qu’on laisse aux exploitants forestiers jusqu’en 2012, quitte à les mettre en demeure pour qu’ils accélèrent la transformation locale du bois pour qu’en 2012, ils arrivent au moins à 75%. L’arrêter ce n’est pas la meilleure solution.

Le gouvernement dit que ça fait un siècle qu’on exporte des grumes du Gabon, qu’il faut taper du poing sur la table.

Oui, mais c’est le même gouvernement, il y a continuité de l’Etat, qui il y a quelques années, a dit qu’il laisserait aux exploitants forestiers jusqu’en 2012, c’est le même gouvernement ! Les dirigeants actuels siégeaient dans le même gouvernement ! On peut regretter le fait que les exploitants forestiers n’aient pas favorisé la transformation, mais il ne faut pas jouer au casse-cous avec des décisions improvisées, désordonnées. Donc, je pense qu’il faut respecter la loi.

L’Etat gabonais vient de contracter un emprunt aux banques commerciales, ce qui est d’ailleurs nouveau. L’UN est monté au créneau, un commentaire là-dessus ?

Je pense qu’il y a quelques mois, lorsque l’UN, avant cela la coalition des partis politiques de l’opposition, avait fait une déclaration en disant que le budget que le gouvernement proposait était irresponsable, irréaliste, on a dit qu’on était des mauvais joueurs, que nous condamnions tout. Mais, les faits sont en train de nous donner raison. Comment se fait-il que dans la loi de finances, on ait prévu des dispositions et aujourd’hui ces dispositions là ne fonctionnent pas et on est obligé de recourir à des procédures particulières qui sont onéreuses. On avait parlé d’amateurisme et on nous avait dit que nous étions trop sévères mais je crois que les faits nous donnent raison. Et le pire reste à venir.

Le gouvernement dit que cela permet de rembourser la dette intérieure et relancer l’économie…

Aller chercher l’argent dans les banques commerciales !? Au Gabon !? Avec des intérêts de plus de 15% ! Pour rembourser la dette ?! Non, c’est de l’amateurisme. Et nous à l’UN nous allons continuer de dénoncer ce genre de choses. Nous disons même que c’est suspect, qu’il y a anguille sous roche. Mais, nous éclairerons l’opinion publique sur les dysfonctionnements et ce que tout cela cache.

On vous donne gagnant dans votre fief de Medouneu. Mais, certains disent que les autres candidats de l’UN seront mis en difficulté dans leurs fiefs. Qu’est-ce que vous en pensez ?

L’UN va vendre chèrement sa peau. Nous avons quatre députés sortant, nous ferons le maximum pour récupérer nos sièges ».

Exprimez-vous!

  1. je vien ici annoncer au peuple gabonais la doulereuse nouvel de la mort du vice president de l’UN pierre claver zeng ebone survenu hier dans la nuit en france que les anges le reçoive dans le royaume des cieux au nom du peuple gabonais je presente mes condoléance a toute sa famille .source familliale. ali9 a encore fais une victime

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