Le 27 janvier dernier, nous publiions un article sur le rapport 2012 de Freedom House sur la Liberté dans le monde qui depuis 2009, classe le Gabon parmi les pays du monde sous dictature puisque “pas libre” du tout. (voir ce lien: https://www.bdpgabon.org/articles/2012/01/27/le-gabon-classe-non-libre).
Mais il existe une autre publication par le magazine britannique, The Economist, qui chaque année publie un “Indice de la Démocratie” dans le monde. Il se trouve justement que cet indice n’est pas non plus gentil avec le Gabon d’Ali Bongo puisque le Gabon y est classé parmi les régimes dits “autoritaires”.
Selon Wikipédia, The Economist calcule cet indice à partir de 60 critères différents et a réparti les 167 pays étudiés en 4 différents types de régime :
– les démocraties, qui sont les pays qui ont un indice entre 8 et 10.
– les démocraties imparfaites, qui sont les pays qui ont un indice entre 6 et 8.
– les régimes hybrides, qui sont les pays qui ont un indice entre 4 et 6.
– les régimes autoritaires, qui sont les pays qui ont un indice inférieur à 4.
L’indice de démocratie, indique toujours Wikipédia, est basé sur cinq catégories de critères : le processus électoral et le pluralisme, les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique, la culture politique. Elles sont interdépendantes et conçues comme un tout conceptuel cohérent ; les élections libres et justes, la liberté politique sont considérées comme des conditions sine qua non à l’idée de liberté politique. Sont également pris en compte les libertés d’expression, de religion, d’association, et le droit à un procès juste et équitable.
Le Gabon, selon cet indice, était à la 139e place en 2008 avec seulement 3 points, battu même par le Cameroun et le Burkina Faso, qui se situaient respectivement à la 126e place (3,46 points) et à la 122e place (3,60 points). En 2010, le Gabon se situait à la 133e place avec 3,29 points) et en 2011, à la 128e place, avec 3,48 points), c’est-à-dire sans aucun progrès notable puisque la variation ne se joue même pas sur un demi point, le pays ne progressant que de 3 points à 3,48 points. Le déficit démocratique au Gabon est donc si sévère qu’en quatre ans de 2008 à 2012, le pays a été incapable de progresser d’un maigre demi point. Ce n’est donc pas sous Ali Bongo que le Gabon se démocratisera.
Il reste à noter les bons points de 8 pays africains qui apparaissent dans le rang des démocraties reconnues, quoique “imparfaites”, dont le Botswana qui fait presque jeu égale avec la France dans la catégorie des “démocraties imparfaites”, se situant au 33e rang (7,63 points) et et 29e rang (7,77 points) respectivement, l’Afrique du Sud, qui bat la France avec 7.79 points (28e), le Mali (6,36 points, 63e), le Lesotho (64e), la Namibie (68e), la Zambie (71e), le Bénin, 76e et le Ghana (78e).
On ne peut donc plus dire ici qu’il existe de la part des opposants un faux procès d’intention envers les Bongo. Tous les observatoires de démocraties, y compris le rapport annuel du Département d’Etat américain, ne peuvent pas tous se tromper sur le Gabon et arriver aux mêmes conclusions d’autoritarisme! Ils ne peuvent pas tous avoir une dent contre les Bongo non plus au point de vouloir leur faire un faux procès d’intention sur l’état de la démocratie au Gabon. Ils n’en ont rien à cirer, des Bongo, il nous semble. Ils disent ce qui est réel et que les Gabonais subissent tous les jours.
Il faut donc conclure à une seule chose: puisque cela prend un tout petit mois pour démocratiser ou réformer pleinement un pays (c’est le temps que cela avait pris à Omar Bongo pour imposer la dictature dès 1968), le fait que le Gabon soit resté sous dictat pendant les années Omar Bongo (42 ans) et les années Ali Bongo (3 ans bientôt) montre que le Gabon ne sera jamais une démocratie sous les Bongo. Le fait qu’Ali Bongo ait unilatéralement resserré le système électoral par ordonnance en août 2011 pour se garantir des victoires encore plus frauduleuses qu’avant ne doit donc plus étonner les Gabonais. Le Gabon ne changera pas par les urnes.
Le Gabon d’Ali Bongo Ondimba ne s’est donc pas amélioré depuis son arrivée au pouvoir en 2009 puisque le rapport 2011 de Freedeom House comme celui de The Economist confirment le Gabon comme un pays sous dictat.
Malgré le pluralisme politique qui y est observé, le Gabon est, en fait, sous un tel étau dictatorial que ce pluralisme ne se distingue pas du tout, en pratique, d’un système de parti unique où toutes les libertés sont confisquées.
Bilan pathétique donc, qui confirme Ali Bongo comme un semeur d’illusions doublé d’un dictateur, exactement comme son père le fut: les deux ont souvent confondu le développement du Gabon et le bien-être des Gabonais avec la construction d’immeubles, l’organisation de la CAN, stades et ponts réalisés, de surcroit, avec l’argent de la mendicité du Gabon auprès des Chinois. Le Gabon des Bongo Ondimba ayant souvent été incapable de construire quoi que ce soit avec ses fonds propres, on se rend bien vite compte que les Bongo n’ont jamais compris que “rénover” ou faire “émerger” un pays passe obligatoirement par sa démocratisation et la mise en place d’un Etat de droit qui soit, justement, capable de garantir à ses citoyens la compétition politique libre et transparente, un climat où les libertés civiles sont respectées et protégées, une activité civique et des médias indépendants. Même après avoir promis à la CAF de rénover notre propre stade omnisports pour la CAN 2012, Ali Bongo a dû abandonner le projet, l’argent ayant été bouffé.
Et puisque, en fin de compte, cela fait 44 ans que les Gabonais sont incapables d’élire librement leurs dirigeants à cause de l’hégémonie politique du clan des Bongo, un clan où l’on se passe désormais le pouvoir de père en fils, il semble bien que le peuple gabonais n’aura finalement que deux choix: se résigner ou se révolter.
Quel sera le choix des Gabonais, donc?
Dr. Daniel Mengara
Président, BDP-MODWOAM.
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