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Bébêtes à poil dans la ville : maléfices ou déraillages ?

Le phénomène des malades mentaux, dépressifs profonds et autres délirants mystiques que l'on retrouve errant nus dans les rues est commun à toute l'Afrique centrale (ici au Cameroun).
Ça commencerait presque à donner l’impression d’une mode nouvelle et déjantée, alors qu’il ne s’agit sans doute qu’un regain d’attention sur des pratiques qui oscillent entre dérapages mentaux et exhibitionnismes rituels. Il n’empêche que les témoignages de scènes ahurissantes mêlant nudité et attitudes stupéfiantes se multiplient à Libreville.

On se souvient de cette jeune femme découverte récemment nue sur un toit du quartier Akébé-Frontière, un livre à la main, observée deux heures durant, sans que personne, pas même les forces de l’ordre ou les pompiers, n’interviennent. Une histoire qui a fait couler beaucoup d’encre numérique et de salive.

Au carrefour Sogatol, non loin des quartiers Ozangué et Lalala, c’est une histoire similaire qui est rapportée, dans un style déclamatoire mais imagé, par le journal “la Loupe” : «une superbe jeune dame, habitée certainement par un esprit maléfique, a débarqué d’une imposante bagnole, sous un soleil de plomb. Elle est descendue de sa bagnole imposante puis a ouvert la malle arrière de son bolide, a sorti une espèce de cuvette blanche contenant une potion confectionnée à base de feuillages et autres plantes (SIC)». Sans aucune gène, relève le narrateur, elle a retiré sa robe, s’est enroulée dans un drap blanc et a pris tranquillement son bain rituel, au vu et au su de tout le monde, avant de reprendre le volant de sa voiture enveloppée de son drap, délaissant sa cuvette sur la chaussée, sous l’œil médusé des passants interloqués et vaguement inquiets.

Même dérapage insensé à Charbonnages. Cette fois-ci une femme, disposant elle aussi d’une grosse cylindrée, est sortie nue de son véhicule pour montrer ce qu’elle a de plus intime au public. «Elle est sortie de son véhicule dans la tenue d’Eve, est grimpée sur le capot, a soulevé grandement et très haut ses jambes, puis elle est redescendue, a repris le volant de sa voiture pour s’en aller».

Évidemment, de telles exubérances sont immédiatement commentées, rapportées, déformées d’appels téléphoniques en appels téléphoniques, et ressortent alors les vieux démons de la magie noire, du «rite sorcier», de l’envoutement. Certains autres, plus empreints de religiosité, veulent y coir les signes de la fin des temps apocalyptique prédite par la plupart des mysticismes exacerbés.

Impossible de juger sereinement de l’importance du phénomène tant la moindre anecdote devient un roman homérique au fil des discussions, et faute de statistiques, on peut même dire d’intérêt des services publics, sur le sujet, cela reste du domaine du fait divers croustillant. Pourtant, il faudra bien, un jour ou l’autre, tenir compte de tous ces individus dont la raison s’égare, s’étiole petit à petit, d’autant plus sûrement que rien ni personne ne cherche à soigner les malades avant que leur mal soit irréversible. «Les fous sont nus dans la rue» entend-t-on à demi mot, chuchoté au creux des oreilles. Peut-être faudrait-il enfin le crier haut et fort et demander que des mesures soient prises pour soulager la souffrance des malades et ramener une certaine sérénité dans les esprits ?

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