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Le Soudan et le Soudan du Sud au bord de la guerre

Des soldats soudanais, le 12 avril 2012. (Photo Reuters)
Omar el-Béchir, le président soudanais, compte en découdre avec son pays voisin, qui a conquis une zone frontalière où se trouve un important champ pétrolier la semaine dernière.

Le président soudanais Omar el-Béchir a menacé ce mercredi de renverser le gouvernement du Soudan du Sud, alors que s’accentuent les pressions internationales pour décourager les deux voisins de se lancer dans une nouvelle guerre après l’invasion par le Sud d’une zone pétrolifère.

« Notre principal objectif à partir d’aujourd’hui est de libérer les citoyens du Soudan du Sud du SPLM », a déclaré au siège de son parti Omar el-Béchir, en référence au Mouvement populaire de libération du Soudan au pouvoir à Juba depuis la partition du pays en juillet 2011.

« Nous le considérons comme un insecte (…) cherchant à détruire le Soudan et notre principal but désormais est d’éliminer complètement cet insecte », a-t-il ajouté.

Il s’exprimait à l’occasion d’un meeting de soutien aux troupes soudanaises qui tentent de reconquérir la zone frontalière de Heglig, où se trouve le principal champ pétrolier du pays, tombée aux mains du Soudan du Sud il y a une semaine.

Pas de cohabitation

« Il y a deux options : soit nous finissons à Juba, soit ils finissent à Khartoum. Nous ne pouvons cohabiter au sein des anciennes frontières » du Soudan unifié, a-t-il déclaré, prédisant une victoire rapide.

« Nous ne nous arrêterons pas à Heglig. Nous nous arrêterons à Juba », capitale du Soudan du Sud, a clamé le président soudanais devant 3 000 jeunes reprenant des chants martiaux.

Le Soudan du Sud a réagi en appelant Khartoum à des pourparlers « sous l’égide de l’Union africaine ».

« Nous ne sommes pas entrés au Soudan, et nous n’avons pas de plans pour un changement de régime au Soudan ou pour envahir Khartoum », a déclaré le ministre sud-soudanais de l’Information, Barnaba Marial Benjamin.

Un peu plus tôt, le chef de la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères soudanais, Omar Dahab, avait indiqué que son pays allait reconquérir « de gré ou de force » la région de Heglig, considérée par la communauté internationale comme étant située en territoire soudanais, ce que Juba conteste.

L’armée soudanaise avait annoncé vendredi avoir lancé une contre-attaque pour reprendre Heglig. Le lendemain, elle affirmait que ses forces se trouvaient à quelques kilomètres de la ville d’Heglig. Depuis, elle n’a plus diffusé d’information concrète sur la situation.

Victimes

Un correspondant de l’AFP a constaté que la piste menant à Heglig était jonchée de débris de guerre, et observé des cadavres de soldats soudanais dans la ville.

Les heurts dans cette région ont éclaté en mars et dégénéré, avec des bombardements aériens sur le Sud et la prise de la zone pétrolifère par les forces sud-soudanaises, aidées selon Khartoum par des groupes rebelles du Darfour.

La communauté internationale, notamment les Nations unies, les Etats-Unis et l’Union européenne, ont critiqué l’occupation de Heglig et dénoncé dans le même temps les raids aériens de Khartoum contre son voisin.

Il y a de fortes craintes que ces combats, les plus violents entre les deux voisins depuis l’indépendance du Soudan du Sud en juillet à l’issue de deux décennies de guerre civile, ne fassent tache d’huile.

Sanctions

Le Conseil de sécurité de l’ONU a évoqué mardi l’éventualité de sanctions contre le Soudan et le Soudan du Sud pour les convaincre de sortir de leur « logique de guerre », selon des diplomates.

Ces sanctions sont « injustes » car elles devraient « logiquement viser l’agresseur » (Juba, NDLR), a réagi M. Dahab, estimant que le devoir des Nations unies était « de mettre fin à l’occupation par le Soudan du Sud ».

L’Union africaine a pour sa part demandé aux forces en présence de quitter la région contestée, appelant « les deux pays à prendre des mesures immédiates pour réduire les tensions ».

Les Etats-Unis se sont dits « très préoccupés » des derniers développements. L’émissaire américain pour le Soudan et le Soudan du Sud, Princeton Lyman, était attendu à Khartoum jeudi, après avoir déjà rencontré le président sud-soudanais Salva Kiir à Juba.

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