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Un cerveau de la NASA à la tête du gouvernement malien

L'astrophysicien malien Cheick Modibo Diarra, le 13 octobre 2004. | AFP/MAXIMILIEN LAMY
La tâche s’annonce ardue pour Cheick Modibo Diarra. Astrophysicien de renommée mondiale converti à la politique, le nouveau premier ministre malien doit constituer au plus vite un exécutif « d’union nationale » afin de résoudre la crise qui déchire le nord du pays. Compliqué par l’arrestation de plusieurs figures politiques et militaires, les consultations pour la formation du gouvernement piétinent. L’homme qui a piloté pour la NASA le vol vers Mars de la sonde Pathfinder saura-t-il sortir son pays de l’impasse ? Certains observateurs en doutent.

« L’engouement suscité par la propulsion de l’astrophysicien sur la planète primature enrichit la collection d’illusions lyriques dont s’enivre l’Occident dès lors qu’il s’agit de jauger et de juger les élites politiques africaines », observe sur son blog le journaliste Vincent Hugeux. « Cheick Modibo Diarra est-il le bon choix ? », s’interroge également le magazine en ligne Journal du Mali.

Né en 1952 à Nioro-du-Sahel, une ville située près de la frontière mauritanienne, le responsable malien a grandi à Ségou. Enfant de la campagne, comme il aime à le rappeler, il étudie au lycée technique de Bamako avant de partir s’installer en France une fois son baccalauréat en poche. D’abord inscrit en classe préparatoire au lycée de Cachan près de Paris, c’est à l’université Paris-VI que l’étudiant obtient ses licences, ainsi qu’une maîtrise en mécanique des fluides. « La mécanique analytique me passionnait, mais j’aimais bien me balader », se souvient-il.

« NAVIGATEUR INTERPLANÉTAIRE »

Admis en 1979 en tant que boursier à l’université scientifique de Howard, Cheick Modibo Diarra décroche son doctorat en 1987. Il enseigne pendant cinq ans aux Etats-Unis avant d’être repéré par des recruteurs du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, qui le bombardent « navigateur interplanétaire ». Embauché par l’agence spatiale, le scientifique dirige de 1989 à 2002 plusieurs missions d’exploration du système solaire grâce à des sondes équipées de robots : Magellan vers Vénus, Ulysses à destination du soleil, Galileo vers Jupiter et enfin Mars Observer et Mars Pathfinder vers la planète rouge.

C’est lui qui a l’idée, en 1997, de faire suivre en direct sur Internet l’épopée du robot Sojourner sur Mars. La médiatisation de cette mission, cruciale pour la NASA, est un succès planétaire. « Pathfinder a permis à la chaîne CNN de battre de 32 % son record d’audience enregistré pendant la guerre du Golfe. Mais, sur Internet, l’audience a dépassé celle de la télévision », se félicitait Cheick Modibo Diarra à l’époque.

GENDRE DE L’ANCIEN DICTATEUR MOUSSA TRAORÉ

Perçu comme un héros dans son pays d’origine, l’enfant malien devenu citoyen américain s’implique dans les développement du continent. Ambassadeur de bonne volonté auprès de l’Unesco, premier président de l’Université virtuelle africaine (UVA), cofondateur de l’Université numérique francophone mondiale, il devient en 2006 président de Microsoft Africa. Mais le scientifique, marié et père de trois enfants, n’oublie pas le Mali. Dans la perspective de l’élection présidentielle du 29 avril 2012, il fonde en 2011, son propre parti politique, le Rassemblement pour le développement du Mali (RpDM).

Certains le soupçonnent d’être en cheville avec son beau-père, l’ancien président Moussa Traoré, un militaire renversé en 1991 après vingt-trois ans de pouvoir autoritaire. Lui s’en défend. « Je suis revenu au pays cultiver mes champs à Ségou » et « l’une de mes grandes préoccupations est aujourd’hui la promotion du monde rural, le développement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche », peut-on lire sur son site de campagne. « Je tiens de façon particulière au respect de certaines valeurs de notre société : le travail bien fait, l’intégrité, le stoïcisme, le sens de la responsabilité et l’amour de la patrie. »

« La politique ne doit pas seulement être une affaire de professionnels », assurait-il en 2011 lors de la présentation de son parti à Bamako. Les faits pourraient bien lui donner tort. « Dans la conjonction astrale du moment, Bamako a besoin, non d’un oncle d’Amérique, mais d’un stratège aguerri et pugnace, suffisamment roué pour réunifier la patrie et tenir à bout de gaffe une junte avide d’honneurs et de prébendes », note le journaliste Vincent Hugeux.

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