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Hollande ferait bien d’oublier Mitterrand

Le culte idolâtre envers l’ancien président ne doit pas occulter une personnalité ambiguë et un bilan très mitigé.

Une rose à la main, François Hollande a sacrifié jeudi 10 mai à la Grande Bibliothèque au culte de son ancien mentor : François Mitterrand. Le ton extatique de certains socialistes quand ils évoquent l’ancien président laisse songeur. À qui rendent-ils hommage ? À l’étudiant maurrassien compagnon de route d’Action française, et flirtant, avant-guerre, avec la Cagoule ? À l’admirateur intéressé du maréchal Pétain décoré de la francisque ?

Au résistant ? À l’ami de René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy avant de se reconvertir dans la banque ? À la figure de la IVe République, onze fois ministre, partisan sans état d’âme du maintien de l’Algérie dans la France ?

Au contempteur du général de Gaulle en qui Mitterrand dans son livre Le coup d’État permanent voyait l’émule de Franco et de Mussolini ?

À celui qui, en 1981, entraîna l’économie au bord du gouffre ou à l’homme d’État clairvoyant qui sut, malgré tout, corriger le tir deux ans plus tard ? Au chantre du tiers-mondisme et au défenseur des damnés de la terre illustré par le discours de Mexico en octobre 1981 ?

À l’ami des Américains qui prôna le déploiement des euromissiles pour contrer les fusées soviétiques ?

Au militant de la réconciliation franco-allemande qui sut bâtir une relation exemplaire avec Helmut Kohl ? Au président qui rata le coche de la réunification allemande en faisant un grotesque voyage en RDA après la chute du Mur ?

Au défenseur des intérêts français en Afrique qui laissa perdurer les réseaux obscurs de la Françafrique ?

Est-ce le Mitterrand de la France agro-pastorale genre « la terre, elle ne ment pas » ou celui de la modernité qui fascine ses adeptes ? Est-ce le Rastignac florentin converti sur le tard au socialisme qui les subjugue ?

Avant de sortir l’auguste dépouille de la naphtaline, ceux-ci feraient bien aussi de garder en mémoire d’autres épisodes. Les écoutes de l’Élysée : des milliers de personnes espionnées à des fins privées pour protéger Mazarine Pingeot et sa mère, les Irlandais de Vincennes, les aventures de Loïk Le Floch-Prigent et de l’affaire Elf, les méandres des circuits de financement du PS, le désastre du Rainbow Warrior, le bateau de Greenpeace plastiqué dans le port d’un pays ami, la Nouvelle-Zélande.

François Mitterrand est un personnage de roman qui appartient plus au XIXe siècle qu’au XXIe. Son bilan est, pour le moins, contrasté. Laissons-le reposer en paix face à l’histoire.

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