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Gabon – Opposition: Quand on sait ce qu’on veut, on se donne les moyens de l’obtenir

Ce samedi, le parti « Union Nationale » a organisé un meeting à son siège. Nous en parlions dans notre dernier billet et nous nous prononcions pour la nécessité d’un message clair à toutes les composantes du changement au Gabon; que le départ du pouvoir d’Ali Bongo était le seul objectif acceptable pour la majorité du peuple gabonais. Plusieurs lecteurs ont envoyé des messages pour nous faire valoir que nous n’aurions pas dû écrire un billet aussi strident, parce que l’opposition peut avoir toutes les meilleures intentions du monde et la ferme volonté de détrôner Ali Bongo; mais malheureusement, les forces de l’opposition pourraient ne pas avoir les moyens de mener cette logique à son terme. Pour ces lecteurs, nous disons que si l’opposition, la société civile libre et certains syndicats parlent de confronter le régime, ils doivent être prêts et disposés à faire tout ce qu’il faut et qui est nécessaire, pour accomplir cette mission. Ils doivent tout consacrer à cette tâche. Il ne peut y avoir d’autres motivations et ils ne peuvent pas dire qu’ils essaient d’atteindre le but, mais qu’ils n’ont pas les moyens d’être plus performant, car quand on sait que ce que l’on veut faire, on trouve les moyens d’accomplir la tâche.

Chers lecteurs, nous allons vous donner un exemple simple qui pourrait facilement s’appliquer au contexte de ce qui se passe actuellement au Gabon. Cet exemple montre comment, quand on veut réussir et qu’on sache ce qu’on veut, on se donne les moyens et l’organisation pour accomplir la tâche. Pour ceux qui savent ce qu’ils veulent, l’échec n’est jamais une option. L’exemple que nous voudrions donner est d’examiner comment l’Afrique du Sud a réussi à déloger Jean Ping et conquérir la présidence de la Commission de l’Union Africaine. La séquence des événements fut comme suit:

1. Thabo Mbeki, se heurte à des problèmes en Côte d’Ivoire et en Libye et se rend compte que l’Union africaine est contrôlée par des puissances étrangères à l’Afrique

En 2011, l’ancien président d’Afrique du Sud a exprimé publiquement son insatisfaction à l’égard des actions en Afrique de l’OTAN, de l’Occident et du Conseil de Sécurité de l’ONU. En fait, Thabo Mbeki a déclaré ce qui suit: «Des gouvernements de gangsters noirs parrainés par des puissances asiatiques ou occidentales intéressées, pourraient devenir la norme du 21e siècle en Afrique ». Mbeki a été particulièrement irrité par le manque de capacité de l’Union Africaine à s’affirmer, au lieu juste d’obéir aux desideratas des puissances occidentales.

2. L’Afrique du Sud décide de se saisir de l’Union Africaine afin d’en corriger les lacunes

Thabo Mbeki a poussé l’Afrique du Sud à prendre en charge l’organisation continentale et Jacob Zuma a désigné Nkosazana Dlamini-Zuma, pour se présenter contre Jean Ping dont la réélection était soutenue à la fois par la France et les Etats-Unis. Mais ces soutiens solides de Ping à Paris et Washington ne dissuadèrent pas l’Afrique du Sud, qui décida de tout mettre en œuvre pour la prise de la présidence de la Commission.

3. Afrique du Sud constitue un comité fort pour l’élection de Mme Dlamini-Zuma

Sachant que la bataille serait rude, l’Afrique du Sud organise la Southern African Development Community (SADC) pour former un comité fort dirigé par le ministre sud-africain des relations internationales, Maite Nkoana-Mashabane, qui exercerait des pressions autour de l’Afrique pour obtenir les votes nécessaires. Ce comité était composé de plus de 100 personnes.

4. La fin première élection abouti à une impasse. Mais l’Afrique du Sud met plus de pression encore

Pour la première élection, aucun des 2 candidats ne put obtenir les 2/3 de la majorité nécessaire pour être élu. Une autre élection est fixée 6 mois plus tard. L’Afrique du Sud décide de ne rien laisser au hasard. Pour s’assurer que tout le monde comprenne qu’il est sérieux, le gouvernement sud-africain publie une déclaration qui dit: «Nous croyons que nous ne devrions pas reculer, c’est au tour de l’Afrique australe et nous devons tout faire pour veiller à ce que nous réussissions. » Ce message est clair, incisif et sans ambiguïté. Tout le monde est mis en demeure sur le fait que l’Afrique du Sud va remuer ciel et terre pour réussir.

5. L’Afrique du Sud se donne tous les moyens pour gagner le second tour comme elle avait prévu de faire: mission accomplie!

Lorsque le Gabon, un pays qui ne pratique pas la démocratie ou la compétition électorale, se risqua d’affirmer que l’Afrique du Sud ne devrait pas avoir proposé un candidat en raison de la règle non écrite que les grands pays ne devraient pas diriger l’organisation, la réponse de l’Afrique du Sud fut sans équivoque: «l’invocation de règles non écrites qui empêchent les grands états de rivaliser pour la première position de l’UA ne devrait pas écraser les principes de la compétition et de la compétence». Fin du match; le Gabon n’avait plus qu’à tout simplement fermer sa gueule! Vous voyez, chers lecteurs, le Gabon est un pays dans lequel la culture de résultats prédéterminés dans le processus décisionnel, en particulier en ce qui concerne les postes clés, est monnaie courante. L’Afrique du Sud quant à elle, pratique la démocratie. Lorsque la démocratie et non pas des arrangements en coulisses, fut appliquée à l’Union africaine, Jean Ping perdit et Mme Dlamini-Zuma gagna. Le Gabon et Ali Bongo mordirent la poussière et l’Afrique et l’Afrique du Sud remportèrent la victoire.

Chers lecteurs, sous nos yeux, l’Afrique du Sud vient de nous donner une leçon de détermination de gens libres. La France et les Etats-Unis voulaient que Ping soit réélu, M. Ban Ki Moon lui-même le soutenait ouvertement, quand il ne faisait pas campagne pour lui. Mais l’Afrique du Sud ne s’en souciait pas. Les sud-africains savaient qu’ils étaient des Africains et que la décision serait prise par des Africains. Ils ont fait pression sur des états africains et ils ont gagné de manière juste et carré. Pas d’excuses, pas de «si» ni de «mais», juste une détermination d’acier. Par conséquent, pour nous, peuple gabonais; nous devrions similairement être centrés sur l’objectif à atteindre qui est de chasser Ali Bongo et nous donner donc tous les moyens d’y parvenir. Aucune excuse ne devrait être acceptée. Le temps des résultats prévisibles et prédéterminés des élections au Gabon devrait s’arrêter avec le départ d’Ali Bongo. Si nous voulons la liberté, Ali Bongo doit partir !

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