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Gabon: l’opposition revoit son bilan à un mort, Ali Bongo durcit le ton

Un militant de l’UN aux prises avec les forces de l’ordre dans une rue de Libreville, le 15 août 2012. AFP PHOTO / XAVIER BOURGOIS
Le président Ali Bongo a durci le ton au lendemain des violents heurts lors d’une manifestation interdite du parti d’André Mba Obame à Libreville, alors que l’opposition a dénoncé « l’acharnement » du pouvoir et a revu son bilan des victimes de trois à un mort.

Les autorités démentent tout décès pendant la manifestation organisée par l’Union nationale (UN, dissoute) à Libreville pour réclamer une « conférence nationale » devant déboucher sur une nouvelle constitution et des élections.

Depuis le retour de Paris le 11 août du principal opposant gabonais, après 14 mois d’absence pour raisons de santé, l’UN a clairement annoncé son intention de faire partir le président Ali Bongo, parlant d’une « grave crise ».

Le pouvoir a balayé cette idée jugeant qu’il n’y avait pas de crise au Gabon et estimant que M. Mba Obame et l’UN avaient franchi les limites légales.

Jeudi soir, lors de son traditionnel discours à la veille de la commémoration de l’indépendance du 17 août, Ali Bongo a prévenu qu’il ne laisserait pas « la chienlit s’installer au Gabon. Force doit rester à la loi et force restera à la loi », a-t-il dit.

« Je ne vais pas laisser notre pays entre les mains de ceux qui, après avoir été aux affaires et s’être illustrés par la trahison, la manipulation, l’enrichissement personnel, l’intolérance et le mépris des populations, veulent aujourd’hui casser et détruire le Gabon », a ajouté le président dans une allusion claire au leader de l’UN M. Mba Obame, ancien baron du régime passé dans l’opposition à la mort du président Omar Bongo en 2009.

L’opposition qui avait donné mercredi soir un bilan de trois morts a revu celui-ci: « Toutes vérifications faites il y a bien une morte. Elle s’appelle Mwada Elizaberte », a déclaré jeudi Zacharie Myboto, président de l’UN.

Selon lui, « le ministre de l’Intérieur a communiqué pour dire qu’il n’y avait pas eu mort d’homme (…) il n’y a pas de meilleure preuve pour dire que le gouvernement a menti ».

« Lorsqu’elle était en train de fermer le box (du salon de coiffure où elle travaillait, dans le quartier de la manifestation), les agents ont lancé des gaz lacrymogènes, ça l’a touchée à la face. Ils ont commencé à la tabasser », a affirmé le frère de la victime, Gilbert Nguemadit, précisant que sa soeur, asthmatique, était morte à l’arrivée à l’hôpital.

Une source médicale sous couvert de l’anonymat a indiqué à l’AFP que la jeune femme était « couverte de sang ». « Je n’ai trouvé ni blessure ni ecchymose. Il est probable qu’elle a fait une réaction aux gaz lacrymogènes », a précisé cette source.

Le ministère de la Santé a indiqué avoir « reçu à 16H00 (mercredi) une jeune femme âgée de 22 ans déjà décédée ».

« Il n’a été constaté à l’examen aucun traumatisme (…) Il s’agit d’une mort naturelle », selon le ministère.

« L’opposition fait dans la manipulation. Ils passent maintenant de 3 morts à un mort. Il n’y a pas de mort due à la manifestation », selon une source haut placée à la présidence.

« Les dégâts occasionnés sont dûs à la volonté manifeste des membres de l’ex-UN d’organiser des troubles », a ajouté ce responsable. Le gouvernement a diffusé un communiqué « louant la réaction mesurée des forces de l’ordre ».

« Les interpellations se poursuivent pour que chacun réponde de ses actes », d’après le texte qui ne précise pas le nombre d’arrestations.

D’autre part, l’émetteur de TV+, propriété de Mba Obame, a été incendié par des hommes armés et cagoulés et la chaîne n’émet plus.

« Cet énième sabotage et cet acharnement du pouvoir contre TV+ confirment l’absence de liberté d’expression et de la presse », a estimé Frank Nguema, son directeur.

Des affrontements entre forces de l’ordre et groupuscules avaient éclaté, avant l’heure prévue de la manifestation mercredi alors que le cortège constituée de 2 à 3000 personnes était violemment dispersé.

M. Mba Obame avait contesté la victoire d’Ali Bongo à la présidentielle 2009. Il s’était autoproclamé président en 2011, avant de se réfugier plus d’un mois dans une agence onusienne de Libreville. L’UN avait alors été dissoute.

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