spot_imgspot_img

Dix ans déjà pour « Publiez ce que vous payez »

La plateforme internationale Publiez ce que vous payez (PCQVP), lancée pour rendre transparentes les sommes versées pour l’accès aux contrats pétroliers souffle, en deux temps, sa 10e bougie. Le mouvement indique que, 10 ans après, les avancées obtenues dans le domaine de la transparence des revenus pétroliers sont incontestables, mais les défis restent à relever également.

Le Gabon à travers ses ONG membres de la coalition anti-corruption Publiez ce que vous payez (PCQVP) emmenée par Marc Ona Essangui, prend part cette semaine à Paris et la semaine prochaine à Amsterdam, au dixième anniversaire de ce mouvement international dont l’objectif est d’obtenir que les compagnies extractives (pétrole, gaz et ressources minières) publient, de façon systématique et transparente, le montant des taxes et redevances de toute nature qu’elles versent aux États des pays dans lesquels elles sont présentes.

«Pour son dixième anniversaire, la coalition Publiez ce que vous payez a reçu de beaux cadeaux. Le premier est le pas historique franchi le 22 août par les États-Unis en publiant les règles d’application de la loi Dodd-Frank qui impose aux entreprises du secteur extractif américaines et étrangères cotées aux États-Unis de publier l’ensemble de leurs paiements aux gouvernements des pays dans lesquels elles opèrent», a affirmé Grégoire Niaudet, chargé de plaidoyer au Secours Catholique et coordinateur de PCQVP-France, relayé par le site secours-catholique.org.

Pour les partenaires africains membres de cette coalition, des progrès significatifs ont été enregistrés au cours des dix dernières années. Au nombre des résultats dont peuvent se réjouir les acteurs africains, dans le cadre de la lutte pour la transparence dans l’exploitation des ressources naturelles dans certains partis du continent, figure la possibilité désormais pour la société civile de débattre de la question des ressources, qui jusqu’à présent était tabou.

«Il y a quelques années, le seul fait d’évoquer la question du pétrole vous ouvrait directement les portes de la prison», se souvient Christian Mounzeo, coordinateur de la plateforme PCQVP au Congo Brazzaville. «Aujourd’hui, le tabou est brisé. Des acteurs aux intérêts opposés les entreprises extractives, le gouvernement et la société civile se réunissent autour d’une même table pour parler de la destination finale des revenus du pétrole. C’est une grande victoire engrangée par PCQVP», a-t-il poursuivit.

La deuxième victoire africaine et pas des moindres, a été la création en 2003, à la suite des revendications de la plateforme, de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Ce mécanisme fondé sur la base du volontariat crée un espace de dialogue et définit des règles de transparence.

«La mise en œuvre de l’ITIE dans nos pays a été d’un grand apport. Grâce aux rapports publiés sur les revenus de l’uranium, la société civile nigérienne s’est aperçu que les revenus générés par les industries extractives ne représentaient que 5,8% du PIB et moins de 10% du budget national. Ce qui est totalement incohérent au vu du nombre faramineux d’exploitations minières implantées au Niger», témoigne Ali Idrissa, coordinateur de PCQVP au Niger.

«L’ITIE a permis à la société civile de comprendre un peu comment fonctionne le cercle très fermé et opaque du pouvoir et des multinationales. Toutefois, il y a une limite de l’ITIE dans la diffusion de l’information. En effet, si ces informations sont diffusées dans un pays qui compte plus de 75% de personnes analphabètes et si une opacité dans la publication des lois persiste, alors l’ITIE ne procurera pas avancées», a expliqué Marc Ona, coordinateur de PCQVP au Gabon, qui avec ses confrères de la région Afrique regrettent par ailleurs le caractère volontaire de l’Initiative.

En effet, un État demandant à être membre de l’ITIE a plusieurs années pour répondre aux exigences de l’initiative, avant validation de sa candidature. Et si un État décide de sortir de l’ITIE, aucune sanction ne s’applique. C’est le cas du Gabon.

«Le Gabon est en train de freiner des quatre fers pour la mise en place de la transparence, alors qu’elle avait, il y a quelques années, comme challenge d’être le premier pays conforme à la norme», a indiqué Marc Ona. «L’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo est en train de bloquer le processus. Ce dernier cherche à concentrer tous les pouvoirs autour du pétrole pour avoir une sphère d’influence. Ainsi, plus aucun rapport n’a été publié depuis 2006. Le Gabon risque de sortir de l’ITIE d’ici à la fin de l’année», a-t-il poursuivit.

Initiée en juin 2002 et appuyée aujourd’hui par plus de 300 organisations non gouvernementales, la campagne Publiez ce que vous payez n’est pas sans incidences pour certains de ces membres Africains, notamment, ceux du Gabon qui ont à plusieurs fois essuyés des harcèlements, menaces et intimidations de la part des autorités du pays.

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES