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Cotton Club de Libreville : 1er dérapage de la mission de lutte contre la criminalité montante

Une descente de police au night-club le Cotton Club de Libreville, dans la nuit du jeudi 31 janvier au vendredi 1er février 2013, démontre le zèle des policiers, les dérapages possibles de l’opération annoncée le 21 janvier par le ministère de l’Intérieur et l’emprunt de fausses pistes quant à lutte contre la criminalité montante au Gabon.
Il est 23h30 à Libreville ce jeudi 31 janvier lorsqu’au carrefour de Gabon-Pain, à Louis, le quartier des agapes à Libreville, un camion débarque 18 agents de police. Après un cérémonial militaire constitué de «Garde-à-vous !», «repos !», etc., la petite troupe est divisée en trois groupes : six policiers montent vers le rond-point Raponda Walker, autant descendent vers le night-club le «Bomb Afro», tandis que le reste occupe le carrefour Gabon-Pain où ils commencent aussitôt à contrôler les piétons et les automobilistes. Ceux qui n’ont pas de pièces d’identité sont immédiatement mis en état d’arrestation et contraints à s’asseoir à même le trottoir.

Les badauds les plus tranquilles comprennent qu’il s’agit là du début de l’opération de renforcement des contrôles, promise par le ministère de l’Intérieur le 21 janvier. En effet, un communiqué du ministère annonçait que «des contrôles de police seront renforcés sur toute l’étendue du territoire à compter de ce jour (lundi 21 janvier 2013 – ndlr)». Tout le monde croyait, comme de coutume, que ce renforcement des contrôles n’allait s’effectuer que sur les véhicules. Tout le monde se trompait puisqu’aux environs de 3 heures du matin, une escouade de policiers est arrivée au night-club le «Cotton Club» et s’y est engouffrée, malgré l’opposition des portiers qui estimaient qu’il s’agit d’un club privé dont ils ont la responsabilité jusqu’à ce que les clients ne décident d’en sortir.

La discothèque a donc été envahie de policiers martelant qu’ils ne faisaient qu’exécuter la mission qui leurs avaient été assignées. Les clients du night-club ont posé des questions. Aucune réponse ne leur a été donnée. Il fallait présenter sa pièce d’identité et c’était tout. Certains d’entre eux, visiblement déjà ivres, ont commencé à dénoncer l’atteinte aux libertés individuelles. Des jeunes dames ont violemment été sommées d’exhiber leur carte d’identité, mais aussi de hommes d’âges aussi variés que leurs nationalités. Le taulier s’est interposé mais rien n’y a fait. L’embarquement de quelques personnes n’ayant pas leurs papiers ou justifiant que les pièces d’identités se trouvaient dans les voitures au parking, a été freinée puis empêchée par le fait que, dehors, des policières soutenaient avoir été photographiées avec des téléphones portables. Et dans les discussions consécutives à la recherche des fameuses photos, les personnes en passe d’être amenées au poste ont été relaxées, sinon oubliées, les coups de gueules fusant ça et là ayant préoccupé les forces de l’ordre.

Le communiqué du ministère de l’Intérieur annonçant le renforcement des contrôles indiquait qu’en «dépit de la tenue régulière ces dernières années des sessions criminelles par les juridictions compétentes, le ministre de l’Intérieur constate pour le regretter et s’indigner, qu’il ne se passe pas un jour sans qu’un fait macabre ne soit perpétré par des individus sans scrupules qui sèment ainsi la peur, l’insécurité et la terreur auprès des populations». Doit-on donc penser que les night-clubs sont à l’origine de ces découvertes funèbres ? De même, peut-on se demander si le seul contrôle des véhicules en circulation est la solution idoine pour éradiquer le phénomène des crimes dits rituels. Ceux-ci se déroulent pourtant hors des zones à forte fréquentation ainsi qu’en témoignent les articles de presse, souvent plus fournis que les rapports de police. Est-ce donc en contrôlant les pièces d’identité dans les night-clubs que les «crimes rituels» seront prévenus ? Combien compte-t-on de policiers qui patrouillent dans les rues et arrières-rues des quartiers mal famés ?

Un policier un tantinet rigolard a expliqué à un automobiliste qu’il recherchait des glacières. Dans celles-ci, en effet, sont souvent transportées les fameuses «pièces détachées» (organes humains) à livrer au commanditaire. Jean François Ndongou, le ministre de l’Intérieur, préfère-t-il donc agir en aval des meurtres, puisqu’il fait rechercher des véhicules transportant de restes humains, plutôt que de traquer les criminels dans les ruelles désertes et dans les forêts de la périphérie des villes.

La descente au Cotton Club a en tous cas sonné comme du zèle, comme un dérapage ou une diversion, un moyen de faire du bruit, alors que l’opération telle que menée ne saurait mettre un terme aux crimes en séries de Libreville. Le ministre de l’Intérieur le sait, alors à quoi joue-t-il ? Ailleurs dans le monde, a-t-on seulement combattu la criminalité par le seul contrôle des pièces d’identité ? Ne fait-on pas semblant, alors qu’on sait que depuis la première opération du genre, dénommé Nguéné en 1996, aucun résultat probant n’a été noté ?

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