Franck Labass Retowa ne vit littéralement que de la musique depuis 1990. Ce bassiste de 37 ans, père de 11 onze enfants, est le promoteur d’un studio d’enregistrement et d’un label qui a déjà remporté trois Balafon Music Award. 
Alors qu’il était lycéen Franck Labass Retowa manifeste déjà une forte inclination vers la musique, au détriment parfois de ses études. On pourrait cependant dire qu’il est tombé dedans étant petit, ainsi qu’il l’explique lui-même : «Depuis mon jeune âge j’entretenais ce rêve de devenir un jour musicien et producteur. Le mixage des sonorités et les grammes des voix m’ont toujours bercé. Pour la petite histoire, en guise de cadeaux, mes parents ne m’offraient à Noël que des instruments de musique en jouet. De là est née ma passion pour l’art de combiner les sons.»
Il fait ses premières armes dans un lycée d’Abidjan en Côte d’ivoire, où il était régulièrement inscrit. Lorsqu’il revient au Gabon cinq ans plus tard, il descend à Port-Gentil où il intègre Ondouma Système, un orchestre de la ville. Il ne s’arrêtera plus jamais. Il raconte en effet qu’il a connu la plupart des bandes musicales qui ont compté dans la capitale économique : «J’ai été sociétaire d’Ondouma Système, des Be-Pops et du groupe Mistral Classique de la ville. J’ai accompagné des dizaines de chanteurs locaux, nationaux et internationaux, et j’ai posé, en studio, des lignes de basse pour plus d’une vingtaine de chanteurs.»
Un peu comme Jimi Hendrix qui considérait la guitare comme une femme, Franck Labass Retowa est un amoureux de la guitare basse : «J’ai 22 ans de mariage avec cet instrument. C’est une guitare qui diffuse des mélancolies. Lorsque je joue de cette guitare, elle transmet ce qui est au plus profond de moi, on fusionne pour ne faire qu’une entité. Elle me fait vibrer, même à l’écoute du son produit par d’autres bassistes. C’est magique ! C’est pourquoi j’affectionne les musiques Jazz, Salsa et le folklore qui favorisent une expression très riche et variée de cet instrument.»
Fort de son expérience de baroudeur musical et voyant que de nombreux musiciens de la ville pétrolière étaient contraint de faire le voyage de Libreville pour enregistrer ou produire une œuvre discographique, Retowa se décide de créer, en 1998, un studio et, en 2002, un label qui lui permet de produire localement des artistes. Au fil des nombreux studios qu’il a fréquentés auparavant, il a accumulé de l’expérience. Il explique que le catalogue de cette structure «regroupe plus d’une quarantaine d’artistes locaux et nationaux. Je précise que lors du concours musical des Balafon Music Award, six artistes de notre label ont été nominés et parmi les six, trois ont été primés».
Mais la structure, qui compte un programmateur, deux arrangeurs, un guitariste, un ingénieur du son, un réalisateur audiovisuel et percussionniste, tous Gabonais, ne dort pas sur ses lauriers et, hyperactif, son promoteur en a multiplié les prestations : «Je produis tous les artistes musiciens et chanteurs désireux de mettre un album sur le marché. Nous faisons du pressage des disques compacts, la réalisation des clips vidéo et la sonorisation. Pour le 10e anniversaire du label, nous avons organisé un concours ouvert à tout le monde sur cinq catégories. Il s’agissait de susciter les talents pu de les repérer. Le gagnant de chaque catégorie a bénéficié d’une production de ses créations musicales.»
Bien évidemment, la vie d’artiste ne va pas sans difficultés, ainsi que le reconnait Franck Labass Retowa : «Les hommes sont là avec des très bonnes idées, mais les moyens financiers bloquent l’expansion de notre action. Je souhaite exporter la musique gabonaise sur la scène internationale comme les autres le font pour leur pays. Nous avons des talents nationaux et locaux, notre musique n’est suffisamment promue.» Où sont donc les mécènes et sponsors gabonais ? Puisse Franck Labass Retowa en être entendu. Car, on devra reconnaître que la ville de Port-Gentil a donné, ces dernières décennies, des artistes qui ont placé des tubes mémorables dans la production nationale.
