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Le PDG écartelé entre les décisions du congrès et celles de son président

congres-PDGDe nombreux militants ayant pris part au 10e Congrès ordinaire du Parti démocratique gabonais (PDG), les 5, 6 et 7 avril derniers, ont été surpris des décisions de l’après-Congrès. Visiblement influencé par des lobbies, le président du PDG n’a plus suivi l’esprit et la lettre du Congrès pourtant souverain dans la prise des décisions relatives aux instances et aux organes dirigeants du parti. Le premier parti du Gabon est-il voué à l’instabilité et à l’arbitraire ?

Y a-t-il eu un autre congrès du PDG après celui des 5, 6 et 7 avril ? De nombreux militants se sont posé cette question après avoir découvert, par voie de presse, des changements dans les organigrammes, l’ordre protocolaire, la désignation des membres de certains organes… Ce qui donne, à leurs yeux et à ceux de bien d’observateurs, l’impression d’une impréparation, d’une improvisation, d’une certaine indifférence ou une volonté manifeste d’ignorer les textes en vigeur, alors que ce congrès avait été préparé «minutieusement», avait-on dit, pendant plusieurs semaines par la présidence de la République. D’abord un Comité d’organisation conduit par Pacôme Moubele Boubéya, directeur de cabinet du président du parti, et ensuite par le bureau du Congrès dirigé par Michel Essonghé, Conseiller politique du chef de l’Etat, une personnalité reconnue pour son sens de l’ordre et de l’organisation. De plus, pendant le congrès, toutes les commissions ont été dirigées par des «hommes et femmes du Président», à savoir Chrystel Limbourg, secrétaire générale adjointe du Conseil des ministres, à la tête de la Commission des Femmes, Ali Akbar Onanga Y’Obégué, secrétaire général adjoint 2 de la présidence de la République, à la tête de la Commission des Statuts, Ernest Mpouho, à la tête de la Commission de la Gouvernance, et Désiré Guédon à la tête de la Commission des Jeunes, ainsi qu’Eric Dodo Bounguendza comme Rapporteur général. Que s’est-il alors passé après le 7 avril, date de la fin du congrès ordinaire, pour que l’esprit et la lettre de ces assises ne soient pas respectés ?

Les décisions du Congrès et les contre-décisions du »Distingué Camarade »

Selon les textes qui régissent le fonctionnement du PDG, le Congrès est «souverain». Les congressistes se sont séparés le 7 avril sur les termes du rapport général, mal lu, il est vrai, par Eric Dodo Bounguendza. Premier couac, premier acte de non-respect des résolutions du congrès : le Rapport général soulignait que le Secrétaire général du PDG serait dorénavant assisté de deux adjoints. Cette résolution fut approuvée par acclamation. Et Faustin Boukoubi fut nommé avec ses deux adjoints, Jean-Marie Koumba Souvi et Léandre Nzué. Depuis samedi, sans que les congressistes n’aient été consultés, un 3e SGA a été désigné, en la personne de Dieudonné Dibadi Mayila. Deuxième couac : le poste de Trésorier du parti n’apparaissait pas dans le document final du congrès. Le samedi 13 avril, on découvre la nomination, comme comptable central du parti, de Mademoiselle Prisca Amaheba Koho, fille de Paulette Koho. Par cette décision, elle devient la 5e personnalité du Secrétariat exécutif. Pourtant, la Commission permanente de révision des textes ne s’est pas réunie depuis la fin du Congrès. Par quel mécanisme, a-t-on pu créer un troisième poste de secrétaire général adjoint et un poste de comptable central au sein du sein du secrétariat exécutif ?

Concernant l’ordre protocolaire des dirigeants des organes du PDG, alors que le Congrès avait approuvé la désignation des membres du Comité permanent du Bureau politique dans l’ordre suivant : pour l’Estuaire, Paul Biyoghé Mba et Laure-Olga Gondjout ; pour le Woleu-Ntem, René Ndemezo’Obiang et Francis Nkéa. Depuis samedi, Laure-Olga Gondjout et Francis Nkéa arrivent dorénavant en tête de l’ordre protocolaire dans ces deux provinces. Par cet inversement de l’ordre protocolaire, qu’a-t-on voulu signifier à Paul Biyoghé Mba et à René Ndemézo’Obiang ? Le PDG place dorénavant un ancien Premier ministre après un haut fonctionnaire, un ancien ministre après un membre d’une profession libérale.

Par ailleurs, des personnes qui n’apparaissaient ni dans le Bureau politique, ni dans le Conseil consultatif des Sages ont été nommées. C’est le cas d’Emmanuel Nzé Békalé, de Charles Mvé Ellah, de Michel Mboussou, Jeanne Mbagou, Chantal Sino, de Jean-Marie Ogandaga et de bien d’autres. Le Bureau Politique du PDG compte aujourd’hui 210 membres, et ce n’est pas fini car il est prévu la nomination d’autres membres. Dans la nouvelle commune d’Akanda, par exemple, les trois membres du Bureau politique désignés appartiennent non pas seulement à la même ethnie, mais à la même famille. Il y a dans cette localité d’autres ethnies, d’autres clans, d’autres familles bien ancrées dans le pédégisme. Les noms de René Radembino Coniquet, Marcel Doupamby Matoka, Marcel Sandougout, Marcel Eloi Chambrier Rahandi, Rose Francine Rogombé, Barrys Ogoula et d’autres n’avaient pas été cités et donc approuvés par le congrès pour le Conseil Consultatif des Sages. Ces personnalités en sont membres depuis le samedi 13 avril. Par ailleurs, lors du Congrès, Chrystel Limbourg avait été désignée par acclamation «présidente de l’UFPDG» ; dans le document publié samedi, elle n’apparaît plus que comme «Déléguée nationale» (le titre qu’avait son prédécesseur). Quant à Jean-François Ntoutoume Emane, il avait été désigné Responsable de ce Conseil des Sages. Depuis samedi, l’élu de Lalala apparaît comme un simple membre de cet organe. Est-ce parce que la présidence de la Commission permanente de discipline a échu à un originaire de sa province, Emmanuel Nzé Békalé ? Cet ensemble de questions révèle un problème de méthode.

Question de méthode

Il est vrai que le Congrès a laissé toute latitude au président du parti de nommer qui il veut et où il veut dans le parti «entre deux congrès», mais il a manqué la méthode à ceux qui ont écrit le texte publié par voie de presse samedi. Ils auraient du publier les décisions du congrès et préciser que, conformément aux textes, le «Distingué Camarade» a pris d’autres mesures depuis dimanche soir. Ces mesures auraient du faire l’objet d’un autre texte, ces «ajustements» devaient être indiqués dans un autre document. Parce que, selon des militants du PDG, et non des moindres, «quand le congrès, organe souverain, a décidé, il a décidé», on doit respecter l’esprit et la lettre des décisions de cet organe souverain. Un autre document devait venir compléter les décisions du congrès. Présenté comme cela a été fait tend à faire croire que c’est le congrès qui en a décidé ainsi. Cela comporte aussi le risque que les personnes choisies par le Congrès pour conduire les destinées des instances ou des organes du PDG peuvent être renvoyées à leurs chères études, «à tout moment».

Le PDG pourrait alors apparaître comme un parti instable. Mais au-delà de toutes les décisions publiées par voie de presse, celle qui a le plus de mal à être digérée est la nomination d’un troisième secrétaire général adjoint du parti, en dehors de toute procédure, de tout texte, et sans que la Commission de révision des textes ne se soit réunie. Un manquement qui n’honore pas le premier parti du Gabon.

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