En présence de Jean Todt, président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), de l’ambassadrice mondiale de la sécurité routière, Michelle Yeoh, et de bien d’autres personnalités, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, a inauguré, le 16 avril à Libreville, l’Automobile club du Gabon (ACG), association déjà affiliée à la FIA. Certains indices laissent penser que le Gabon pourrait, dans l’avenir, se doter d’un circuit de course automobile.
Il y avait du beau monde le 16 avril au stade de l’Amitié dans le Nord de Libreville, où s’est tenue la cérémonie d’inauguration de l’Automobile Club du Gabon, créé en partenariat avec la Fédération internationale de l’Automobile (FIA). Ancien copilote de rallye et directeur de Peugeot Talbot Sport de 1982 à 1993, le président de la FIA, Jean Todt, était accompagné du visage officiel de la marque Guerlain : l’actrice Michelle Yeoh, surnommée «la Jackie Chan au féminin», qui était là dans son rôle d’ambassadrice de la FIA pour la sécurité routière. Le maître de cérémonie de cette soirée à laquelle assistaient le Président Ali Bongo, le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, et les ministres Magloire Ngambia et Séraphin Moundounga, n’était autre que Estelle Denis, présentatrice d’émissions sur TF1 et compagne de Raymond Domenech, ancien joueur et sélectionneur national de l’équipe de football de France. On notait également la présence de nombreuses personnalités du monde des affaires, à l’instar de Christian Kerangall, PDG de la Compagnie du Komo.
Si la rencontre visait l’officialisation de l’Automobile Club du Gabon (ACG), l’essentiel des interventions a porté sur la sécurité routière et le lancement d’une nouvelle campagne de sensibilisation à ce sujet. En effet, si elle est surtout connue pour sa gestion des plus importantes épreuves de course automobile mondiales, la FIA a étendu son action sur d’autres aspects autour de l’automobile. Notamment, les routes, la mobilité, l’environnement et la sécurité routière, devenue une de ses grandes priorités. C’est à cet effet qu’elle a lancé une campagne mondiale dénommée «Action for Road Safety» pour éduquer les piétons, appeler à une conduite plus responsable, amener à la construction de routes et de véhicules plus sûrs.
La première action de l’ACG porte donc sur cette campagne d’affichage que nombreux Gabonais ont déjà remarqué sur les grands panneaux publicitaires, avec des images fortes qui interpellent résolument tout le monde. Notamment, celle où l’on voit une fillette en larmes avec l’accroche «Papa ne rentrera pas ce soir».
Jean Todt qui a plaidé pour que la sécurité routière devienne la priorité absolue, a laissé entendre qu’«avec 250 000 morts par an, l’Afrique subsaharienne détient le triste record du plus haut taux de mortalité sur les routes dans le monde. C’est près de 20% du total mondial alors que l’Afrique ne représente que 2% du parc automobile mondial […] Si rien n’est fait, les choses ne peuvent qu’empirer avec le décollage économique et l’augmentation du nombre de véhicules. Le nombre de morts a déjà augmenté de 40% ces 15 dernières années. On estime qu’il pourrait augmenter de 80% d’ici 2020 […] La route tue déjà deux fois plus que la tuberculose, autant que le paludisme et à peine moins que le virus du sida. Si rien ne change on estime qu’elle tuera près de 2 millions de personnes par an, c’est à dire plus que toutes les grandes pandémies actuelles». Au Gabon, on enregistre plus de 200 morts chaque année sur le réseau routier national, approximativement un mort par jour.
Le président Ali Bongo qui a rappelé l’objectif du Gabon de construire 3 000 km de route avant la fin de son septennat en 2016, a décliné les principales causes des accidents de la circulation pour déboucher sur l’annonce du projet «100 Passerelles pour l’avenir». Ce projet consistera à ériger des passerelles pour piétons, au dessus des routes, sur l’ensemble du territoire en des points identifiés comme dangereux. Le chef de l’Etat n’a pas manqué d’interpeller le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, afin qu’il s’attaque à trois points cruciaux dans cette lutte pour la sécurité routière : le renforcement de l’apprentissage dans les auto-écoles, les conditions d’obtention du permis de conduire, et l’éventuelle mise en place d’un permis de conduire à points.
À l’annonce du lancement officiel de l’ACG, nombreux ont pensé qu’il serait question de la construction du circuit de course automobile ayant alimenté bien de commérages et d’articles de presse ces derniers temps. Il n’en a pas été question, même si on peut penser que la création de l’ACG n’est qu’une première étape vers la construction de ce circuit de course.
Interrogé après la cérémonie, le président de la FIA a indiqué, au sujet du projet présenté par le Gabon et accepté par son organisation, que celle-ci allait intervenir dans «la formation des officiels, l’aide à l’aménagement des infrastructures et la participation à des programmes sur la sécurité routière». Amené à donner plus de précisions sur cette «formation des officiels», Jean Todt a expliqué : «les officiels ce sont les gens qui participent à animer des épreuves nationales.» La FIA va donc former des Gabonais qui pourront animer des courses nationales. Un peu plus loin au sujet du sport automobile en Afrique, il a indiqué qu’il fonde «fonde beaucoup d’espoir pour que des programmes puissent être développés dans les prochaines années. Mais il appartient à chaque fédération sportive nationale de présenter des programmes et la FIA s’efforcera de les guider, de les accompagner.» Auparavant, durant son allocution de circonstance, le président Ali Bongo a révélé la promesse de Jean Todt de venir, la prochaine fois, au Gabon avec Michael Schumacher, détenteur de sept titres de champion du monde de Formule 1 et de 91 victoires en Grand Prix de Formule 1. Ce qui peut être perçu comme la prochaine étape dans l’avancement du projet de circuit de course automobile, tant scruté. Sinon, pourquoi avoir créé l’Automobile Club du Gabon, le pays pouvant réaliser, sans aide extérieure, une campagne pour la sécurité routière.
