Comme l’année dernière autour de la tenue à Libreville du New York Forum Africa, les membres du mouvement «Ça suffit comme ça» ont entrepris d’organiser un nouveau «Forum national des indignés du Gabon», du 7 au 9 juin, alors que la manifestation de Richard Attias devrait se tenir du 14 au 16 juin prochain.
Estimant que «les problèmes soulevés lors de la première édition restent entiers ; et la situation sociopolitique, économique et environnementale, au lieu de s’améliorer, se dégrade davantage», les organisateurs du Forum des Indignés au Gabon ont décidé de récidiver en organisant, 7 au 9 juin prochain, de nouvelles assises alors même que la deuxième édition du New York Forum Africa devrait se tenir à Libreville, du 14 au 16 juin 2013.
On se souvient en effet qu’en juin 2012, alors que se tenait le grand raout au Gabon de Richard Attias, les Indignés du Gabon avaient organisé un contre-forum qui n’avait pu se tenir, les forces de l’ordre ayant investi, tôt dans la matinée du 8 juin 2012, le collège Bessieux où devait se tenir la manifestation. Ce qui avait débouché sur l’interpellation de ses organisateurs.
Cette fois, le lieu de la manifestation annoncée n’a pas été indiqué dans le document diffusé par les organisateurs. Le programme, étalé sur deux jours, annonce notamment une série de communications portant «sur la face cachée des projets du gouvernement», sur les crimes rituels, sur «le scandale foncier au Gabon», sur «les erreurs et négligences médicales au Gabon suivi de témoignages», sur la «situation générale de la démocratie et les élections au Gabon depuis 1990» ainsi qu’une série de déclarations : des étudiants de l’UOB, des déguerpis de Libreville, «des populations du Woleu-Ntem, de la Ngounié et de l’Ogooué-Maritime autour des projets d’Olam», des agents de l’État privés de salaire, des anciens travailleurs de Comuf, des consommateurs sur les problèmes récurrents d’eau et d’électricité, de la délégation du Front de Gauche et de la Convention de la diaspora gabonaise (CDG).
Revenant sur le New York Forum Africa, les Indignés du Gabon affirment que «le régime d’Ali Bongo Ondimba entend également, dans le même temps, organiser la deuxième édition du New York Forum for Africa. Cette opération de communication, qui n’a jamais trompé personne, ne s’inscrit pas dans la recherche des solutions aux problématiques qui assaillent chaque jour la vie des Gabonais. Elle ne vise qu’à donner l’impression au monde entier que le Gabon est un pays où stabilité et démocratie font bon ménage et où les investisseurs étrangers pourraient, en toute assurance, venir faire de juteux placements. Le Forum des Indignés du Gabon sera donc dans ce contexte, en sa deuxième mission, un contre New York Forum for Africa.»
Pour ce qui est de leurs objectifs, les organisateurs du contre-sommet indiquent qu’ils ne sont pas si différents de ceux de l’année dernière : «Mobiliser et sensibiliser tous les indignés de la République autour de cette cause ; Recueillir les témoignages des victimes des destructions massives de biens, des victimes des expropriations de terres, des victimes de la répression estudiantine, des victimes des crimes rituels, etc. ; Mobiliser les confessions religieuses pour qu’elles se joignent à la cause des indignés ; Mobiliser le maximum de compatriotes pour qu’ils prennent leur responsabilité afin de nous réapproprier notre souveraineté et d’imposer qu’elle soit respectée.» Au terme de ces deux jours de manifestation, ponctuée de prestations artistiques, un mémorandum devrait être publié qui «exigera clairement la réforme des institutions» et une «grande marche pacifique sera organisée en direction de l’Assemblée nationale».
Les Indignés du Gabon semblent ne pas se faire d’illusion sur une plausible interdiction de leur manifestation. À ce sujet, ils mentionnent : «Lors de la première manifestation des Indignés en 2012, le pouvoir avait usé de la force en empêchant manu militari la tenue d’une manifestation dont il avait, au préalable, refusé l’autorisation. Il est fort à parier qu’il usera du même procédé car, tout récemment, il n’a pas donné son accord pour la marche pacifique que l’association de lutte contre les crimes rituels entendait organiser à partir du quartier Rio, le samedi 13 avril 2013 dernier».
