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Emergence : le diagnostic pessimiste de «La Lettre du Continent»

chantiers-emergenceDepuis l’élection, en 2009, du président Ali Bongo, le Gabon se remue, fouille et cherche les voies et moyens pour accéder, à l’orée 2025, à l’émergence économique. La mise en pratique de ce concept, littéralement devenu une mode en trois ans, n’est pourtant pas efficiente, à en croire La Lettre du Continent, média confidentiel, qui vient de titrer : «Emergence, le riche concept qui ne paye pas».

L’arrivée au pouvoir en septembre 2009 d’Ali Bongo a été accompagnée d’une nouvelle rhétorique, portant sur des «piliers» et des mesures drastiques axées autour de la notion d’«Emergence». Le concept, bien plus qu’un «slogan publicitaire» comme l’indique Joël Té-Léssia du site Teranga.com, est la vision d’un homme d’Etat soucieux d’amener son pays à la prospérité. Mais, le constat, au regard de nombreux chantiers aux délais de livraison interminables, laisse plus d’un Gabonais pantois. Un état des choses que corrobore, dans une certaine mesure, La Lettre du Continent qui s’est penchée sur trois secteurs pour démontrer la difficulté au décollage de l’émergence à la gabonaise : les infrastructures publiques, le secteur énergétique et les perspectives pétrolières.

Selon les indications de La Lettre du Continent, si sur le papier le Gabon macroéconomique annonce des résultats satisfaisants avec «plus de six mois de réserves de change», «un endettement extérieur modéré et un PIB par habitant de 10 000 dollars US», il n’en demeure pas moins que nombreux sont les chantiers qui, jusqu’alors n’ont pas réellement connu leur épilogue. Pour la lettre à abonnement, «l’Etat gabonais, à cours de cash, dispendieux et mal géré, peine à financer la plupart des projets. Le stade de la faisabilité est rarement dépassé, ce qui confère au chef de l’Etat le sobriquet de ‘’président des maquettes’’. A cela s’ajoute un climat d’affaires défavorable, qui contraint actuellement nombre d’entreprises à réduire la voilure. Quand elles ne menacent pas de quitter le pays.»

Sous l’intertitre «Réveil douloureux après la CAN», la lettre d’information indique que l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations de football de 2012 a prouvé «les profondes carences de l’Etat dans la gestion des finances publiques». N’en déplaise à Christian Kerangall, Haut-commissaire du Comité d’organisation de la CAN 2012 pour qui le bilan de l’évènement sportif ne souffre d’aucun aspect négatif, « les entreprises nationales de BTP n’ont toujours pas recouvert la totalité de leurs créances». L’ardoise dépasserait 100 milliards francs CFA, contraignant ainsi plusieurs opérateurs locaux (Entraco, Socoba-EDTPL, etc.) à la diète.

De même, note la Lettre, l’Etat gabonais peine à trouver une véritable solution au problème du secteur énergétique : la SEEG, punching-ball du gouvernement, de la presse et des populations gabonaises aurait, elle aussi, des choses à reprocher à l’Etat. «La SEEG attend quelque 12 milliards de francs CFA correspondant au forfait de distribution gratuite d’eau prise en charge par l’Etat. Un échéancier a été signé début avril 2013 avec le gouvernement, mais les autorités refusent de l’honorer». D’autres sociétés n’ont pas plus de chance : après la construction de la centrale thermique d’Alénakiri (70 MW), «l’israélien Telemania rechignerait à assurer l’entretien de ladite centrale à cause de l’ampleur de ses créances.»

De plus, si l’on admet volontiers que «la croissance qui aujourd’hui devrait s’établir à 5,5% pour 7,2% en 2012, contre 2% en moyenne sous l’ère Omar Bongo», ce qui attribue de bons points aux gouvernements de l’Emergence depuis 2009, le secteur pétrolier gabonais, stratégique pour le développement du pays, connaît aussi, d’après la Lettre, ses problèmes, à tel point que certains investisseurs étrangers se sentant lésés intentent des procès à l’Etat : «le Gabon s’apprête à connaître un retentissant procès devant la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), à Paris, pour avoir réquisitionné en 2012 le champ d’Obangue opéré par Addax ».

Un contexte de méfiance qui expliquerait en partie la baisse des résultats de Total Gabon. «Le groupe français affiche au premier trimestre un repli de son chiffre d’affaires (- 6%, à 390 millions de dollars US) et de son résultat net (- 4%, à 73 millions de dollars US)», note de La Lettre du Continent avant d’indiquer que Petro-Gabon, lui, «menace de ne plus approvisionner certaines centrales suite à des impayés». Un ensemble de difficultés qui laisse perplexe sur l’atteinte des résultats escomptés par la politique de l’Emergence soutenue par le président Ali Bongo.

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