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Dénonciation de la «grande braderie» de Jeanne Ebori

jeanne-eboriDans une lettre ouverte à l’adresse du président de la République, les agents hospitaliers de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) dénoncent et expriment leur indignation face à ce qu’ils taxent de mépris du gouvernement envers les travailleurs et citoyens gabonais qu’ils sont. Le matériel médical, les portes, fenêtres, tables, chaises, climatiseurs et ordinateurs de la Fondation Jeanne Ebori ayant été éparpillés, dans l’informel total, par le directeur de l’institution.

Les Syndicats Hippocrate, des médecins, pharmaciens, biologistes et chirurgiens-dentistes de la CNSS, le Syndicat autonome du personnel de la CNSS sont montés au créneau, à travers une lettre ouverte au président de la République à forte tonalité vindicative et dénonciatrice.

«Nous avons l’honneur de vous saisir afin d’exprimer notre indignation absolue quant au mépris qu’inflige votre gouvernement aux travailleurs et citoyens gabonais que nous sommes». Telle est l’entrée en matière de ces syndicats avant d’en arriver au dossier houleux de la Fondation Jeanne Ebori, en pleine démolition alors qu’aucune solution de réintégration des anciens employés n’a encore été déclinée.

«Beaucoup d’entre nous avons consacré une partie de nos vies à la CNSS en l’ayant vu naître et grandir, en nous dépassant pour que nos établissement hospitaliers fussent, jadis, cités en exemple sur le continent et en nous y investissant d’autant que nous avons mécaniquement toujours honoré nos occasions», déclare le collectif auteur de la note commune.

«Nous avons, à plusieurs reprises, exprimé aux Premiers ministres successifs, notre désarroi et notre perplexité devant la décision de recycler toutes les unités médicales de la CNSS dans le secteur public hospitalier réputé pour ses carences apparemment insolubles. Malgré les objections techniques que nous avons exprimées avec insistance en tant que professionnels, malgré le fait que cette décision n’a été motivée par aucune politique officielle ni aucune motivation stratégique déclarée, malgré les irrégularités, voire les illégalités de formes que nous avons relevées sur lequel le Conseil d’Etat n’a pas encore statué, le gouvernement, méprisant la procédure légale qui suspend sa décision par le fait dudit recours, s’acharne à liquider le patrimoine sanitaire de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale», ont-ils dénoncé avant de faire un retour dans l’histoire pour relever que : «Vous n’ignorez pas que 50 milliards de FCFA ont été alloués à la réhabilitation des hôpitaux de la CNSS, entre 2006 et 2009. Mais force est de constater qu’il s’agit bel et bien de leur liquidation. En effet, le 3 mai 2013, la Fondation Jeanne Ebori s’est transformée en une grande braderie : son matériel médical et ses portes, fenêtres, tables, chaises, climatiseurs et autres ordinateurs ont été, de manière informelle, distribués par le directeur de la FJE qui, interpelé à ce sujet, a affirmé que le matériel était transféré à l’hôpital de Melen et que de toutes façons, il n’avait pas de compte à rendre au personnel».

Au regard de ce contexte tumultueux de dénonciation, les agents des hôpitaux de la CNSS indiquent au chef de l’Etat que le concept de l’Emergence qu’il prône depuis son accession à la magistrature suprême en 2009, ne «restera une vaine incantation tant que les droits de l’homme ne seront pas respectés».

«L’émergence que vous prônez restera une vaine incantation tant que les droits des citoyens ne seront pas respectés. Il n’y aura pas d’émergence tant que le système de santé sera précaire dans notre pays et que seuls les très riches pourront se faire soigner à l’étranger», ont-ils écrit avant de souligner que «pour avoir pratiqué les dirigeants successifs de notre organisme, nous sommes conscients que c’est le pillage de la CNSS qui, seul, justifie la liquidation de ses hôpitaux et que la santé des Gabonais, ainsi que nos carrières –à propos desquelles on ne nous dit rien au terme du congé technique improvisé du personnel de la FJE- sont sacrifiées pour protéger les coupables».

Ces médecins, pharmaciens, biologistes, chirurgiens, entre autres, achèvent leur courrier par un questionnement soumis à la méditation du président Ali Bongo Ondimba.

«L’émergence que vous prônez ne restera qu’un vain slogan tant que notre pays présentera l’image d’un système où les lois ne sont pas respectées, où les Gabonais ne sont pris en compte ni dans leurs aspiration, ni dans leur génie. A notre époque où l’Histoire peut basculer très vite, aucun investisseur sérieux ne peut s’implanter dans un Etat qui a pour seul acteur, seul décideur, seule voix, seule intelligence, seul partenaire, seul justicier, seul existence publique réelle, un petit groupe d’individus qui n’a pas encore intégré, voire qui s’oppose à la nécessité de gouvernance participative, matérialisation concrète de la souveraineté du peuple. Combien de temps considèrerez-vous encore les pères, mères et grands-parents que nous sommes comme de grands enfants immatures, incapables de penser notre pays, de tracer l’avenir de nos enfants et qu’il faut tenir à la chicotte en cas de divergence? Combien de temps encore les travailleurs et les citoyens supporteront-ils d’être les serfs soumis au bon vouloir et aux caprices des seigneurs?», ont-ils interrogé.

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