Le jeudi 27 juin dernier, le Comité conjoint de la commission de l’Union africaine (UA) et celui de l’Association des banques centrales africaines (ABCA), se sont réunis dans la capitale algérienne dans le but d’examiner la seconde mouture de création d’une Banque centrale africaine (BCA) en vue de concrétiser l’intégration monétaire des pays du continent.
La réunion qui visait principalement à examiner la seconde mouture des documents stratégiques de la BCA dans la perspective de la création d’une monnaie unique africaine, ainsi que l’ont relayé plusieurs médias à travers le monde, a eu lieu à Alger, le mois dernier. Le Comité conjoint de la commission de l’Union africaine (UA) et celui de l’Association des banques centrales africaines (ABCA) étaient les principaux acteurs de ladite rencontre. Une monnaie unique sur le continent ! L’idée ne date pas d’aujourd’hui. Pourtant elle n’a, jusque-là, jamais connu sa mise en pratique. En effet, plusieurs réunions ont déjà été tenues pour examiner ces différents projets dont celle de Dakar, en février 2013, et celle d’Abuja, le 19 juin dernier sont les plus récentes.
A en croire Samuel Menanga, secrétaire exécutif de l’ABCA, les projets sont sur la bonne voie. Même si certains experts africains et internationaux voient d’un mauvais œil cette «grandiose» ambition chérie par les deux institutions panafricaines.
En effet, pour Njoh Elombo, enseignant vacataire à l’Université Jean Moulin de Lyon-3 et par ailleurs, expert-consultant International à Maxwell & Stamp/PLC Abbot’s Court, le projet est «gigantesque». Mais pour sa réalisation, il est primordial de répondre à un certain nombre de questions essentielles : «Une seule banque centrale commune à tous les Etats de l’Afrique, y compris ceux du Maghreb et l’Afrique du sud ? Si c’est le cas: mesurez-vous la complexité du «Mécanisme de Compensation des Paiements» d’une banque centrale comme celle-ci ?», s’est interrogé l’expert avant d’ajouter, «Les Africains veulent-ils mettre sur pied des structures originales découlant du fruit de la réflexion des experts africains ou alors veulent-ils mettre sur pied des structures expéditives comme habituellement, calquées sur une zone Euro ?». Il apparaît donc que l’idée d’une monnaie unique en Afrique importe la prise en compte de facteurs plus importants qu’il n’y paraît aux yeux de ses initiateurs qui perçoivent l’idée comme un «enjeu» majeur pour le continent et la sauvegarde de son économie face à la concurrence des autres devises telles que le dollar US ou l’Euro.
Dans cette optique, Mohamed Laksaci, président de l’ABCA et gouverneur de la banque d’Algérie, a estimé, pour sa part, à l’ouverture des travaux du comité, que l’intégration monétaire africaine a pris un tournant «décisif» avec l’élaboration d’un programme concret pour atteindre l’objectif d’une véritable entité financière africaine regroupant toutes les autres pour l’adoption, à terme, d’une seule et même monnaie pour les Africains. «Cet enjeu est lié, d’une part, au retard de développement de l’Afrique et, d’autre part, au consensus sur le potentiel de l’intégration économique et monétaire à stimuler la croissance», a-t-il indiqué.
