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L’environnement social et naturel d’Olam, expliqué par H. Kamonomono

kamonomono_OlamHermann Kamonomono est le coordinateur général des projets agricoles à Olam Gabon, à la faveur d’une descente de la presse sur la plantation d’Awala près de Kango, il a été interrogé sur les relations de la multinationale singapourienne avec les populations gabonaises et l’environnement. Petite synthèse sur les usages coutumiers, les zones à haute valeur de conservation et la gestion de la faune des parcs nationaux.
Gabonreview : A la périphérie de la plantation d’Awala où nous sommes actuellement, se trouvent des populations «autochtones». Quels types de rapports Olam entretient-il avec celles-ci ?

Hermann Kamonomono : Olam a mis en place un programme pour les populations qui sont impactées par nos projets. Vous verrez que sur des villages qui n’étaient pas éclairés, nous avons posé un certain nombre de lampadaires à panneaux solaires, et la nuit ils éclairent ces villages comme s’il y avait de l’électricité au même titre que des villes bénéficiant de cette infrastructure. Nous avons aussi un vaste programme de développement de l’agriculture vivrière, parce que nous avons pensé que le développement des plantations peut entraîner une baisse de l’activité agricole autour des villages impactés par nos projets. Pour éviter qu’il y ait donc une certaine insécurité alimentaire qui pourrait naître du développement de nos plantations, nous avons initié ce programme qui consiste à appuyer les populations, à les inciter à développer des activités agricoles dans le domaine du maraîchage et voire de l’élevage. A Kango, ce programme a été lancé depuis l’année dernière et il marche si bien qu’il va être étendu à d’autres sites tels que celui de Mouila et celui de Bitam, en l’occurrence.

En quoi consiste ce programme ? Est-ce de l’accompagnement ? Si oui, dans quel sens ? Formez-vous ces populations ?

Nous les formons d’abord aux pratiques agricoles dans le secteur qu’ils auraient choisi. Pour ceux qui veulent faire le maraîchage, la culture de tomate par exemple, nous avons des partenariats avec des organismes ayant une bonne expérience dans le domaine, tel que l’IGAD [Institut gabonais d’appui au développement – ndlr] qui nous appuie dans cette initiative. Nous formons donc d’abord les populations impactées par le projet, ensuite nous les aidons dans la phase pratique, de même que le financement est assuré par Olam Gabon. Nous allons aussi engager un suivi lorsque ces activités seront complètement développées. Puisque nous pensons que ces initiatives ne seront pas uniquement destinées à la consommation, nous nous proposons, en tant que société, de racheter les produits issus du travail de ces populations. Ainsi, si les populations n’arrivent pas à écouler les produits issus de leurs plantations individuelles, nous nous proposerons de racheter leur surplus de production.

Il ne s’agit peut-être pas ici à Kango de la même culture, mais quand Olam s’est implanté dans la province du Woleu-Ntem pour l’hévéaculture, il y a eu des problèmes avec les terres dites ancestrales, les terrains de chasse, les forets dites sacrées et autres usages coutumiers : des problèmes qu’on n’a pas enregistré à l’Estuaire. Comme cela s’est-il passé ?

Je crois que les problèmes sont partout pratiquement les mêmes. Je peux même dire que nous avons utilisé partout la même démarche. Une démarche qui d’abord été celle de la réalisation d’études d’impact et de la réalisation de la cartographie sociale. Ainsi, la cartographie de la zone de Kango s’est réalisée avec le concours des populations, et au terme de celle-ci nous n’avons pas constaté une forme de réclamation. Nous n’avons donc pas été confrontés aux mêmes difficultés sur le site de Kango qu’ailleurs parce qu’il y avait certainement une facilité dans la réalisation de la cartographie sociale, puisque celle-ci, rappelons-le, est très déterminante.

Vous savez, ce qui se passe le plus souvent quand la cartographie sociale est faite, et que dans le processus il y avait, par exemple, des cimetières dont l’existence n’avait pas été déterminée dès le départ, si neuf mois plus tard on se rend compte qu’il y avait effectivement un cimetière dans le périmètre du site d’exploitation, cela peut poser des problèmes par la suite. Je pense, pour ma part, que lorsque la cartographie sociale est réussie, on se rend compte qu’après le travail, il y a beaucoup moins de situations de réclamations sociales.

Vous vous installez tout de même sur leurs zones de chasse, violant ainsi leurs pratiques coutumières. Que leur laissez-vous alors comme espace pour poursuivre leurs pratiques ?

Vous avez dû le remarquer sur le site de Kango, nous avons des zones à haute valeur de conservation. Mais encore, entre la route principale et la plantation, nous avons conservé une certaine distance, 5 à 7 kilomètres, pour permettre aux populations de continuer leurs pratiques coutumières.

Vous dites conserver des zones à haute valeur de conservation et respecter une certaine distance entre les exploitations et la vie des populations. Il est pourtant rapporté que la plantation de Kango est proche d’un parc forestier. Comme comptez-vous gérer cette cohabitation, notamment avec les animaux ?

Le fait que nous ayons consacré plus de la moitié des 20 000 hectares qui nous reviennent à la conservation, représente déjà une forme de garantie pour nous-mêmes. Cette garantie est d’avoir créer un espace où les espèces qui pouvaient être menacées par le développement intensif de nos plantations pourront trouver refuge à l’intérieur de celles-ci. De plus, nous faisons l’effort d’impliquer d’autres organismes qui sont dans les parcs nationaux, tout cela avec le souci d’améliorer notre programme de conservation.

Qu’adviendra-t-il si ces animaux deviennent une menace pour vos plantations, pour les palmerais notamment qui, en l’occurrence, exerce une certaine attraction sur les éléphants ?

Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore été confrontés à cette situation. Mais nous savons que les études qui ont été faites au préalable ne nous font pas penser à un danger imminent de dévastation de nos plantations par des éléphants.

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