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Dégringolade des cours du pétrole :Le gouvernement doit réagir

Formation-petroleDéjà confronté à une situation politique et sociale tendue, le Gabon fait partie des pays les plus fragilisés par la baisse du cours du pétrole, parce que les recettes pétrolières constituent près de 60% du budget de l’Etat. Daniel Ona Ondo doit prendre des mesures destinées à faire face à cette situation qui peut déstabiliser les fondements économiques et budgétaires du pays.

La chute brutale des cours du pétrole s’est imposée à nos économies il y a six mois, mais qui aurait pu imaginer que le prix du baril de pétrole, alors à 100 dollars, tomberait sous la barre symbolique des 50 dollars, comme c’est le cas depuis le 5 janvier dernier ? Cette tendance baissière s’est poursuivie dans la journée d’hier. Certains économistes n’hésitent plus à envisager des cours tombant à 40 dollars dans les prochains mois. «Tout se conjugue en effet pour maintenir la pression à la baisse – tout d’abord l’offre reste surabondante, ensuite l’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial du brut, veut faire plier l’Iran en maintenant le statu quo, et enfin, l’Amérique du Nord produit plus de pétrole de schiste».

Pendant ce temps, en France, le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, estime que, pour son pays, 2015 sera une bonne année parce que «tout est objectivement réuni pour que l’embauche et l’investissement repartent» grâce non seulement aux décisions prises par le gouvernement Valls qui sont, d’après lui, d’une ampleur inédite sous la Cinquième République, mais aussi à «un meilleur contexte extérieur, avec la baisse de l’euro face au dollar, la faiblesse des taux d’intérêt et le repli des cours du pétrole». Ce repli des cours du pétrole est donc destinée à ne profiter a priori qu’aux économies occidentales. Ce qui veut dire qu’il est soutenu par les puissances économiques mondiales.

S’adapter pour faire face

Il reste donc au Premier ministre et à son Gouvernement à avoir des trésors d’imagination pour permettre au Gabon de garder la tête hors de l’eau. On le sait déjà : «avant même d’avoir été promulguée, la loi des finances 2015 adoptée par les deux chambres du Parlement il y a seulement quelques jours, s’avère inexécutable». Après avoir tablé sur un baril à 96,6 dollars, puis à 65 dollars, les experts du Gouvernement se doivent de se remettre à l’ouvrage. Ils doivent adapter les données à la nouvelle situation causée par cette chute vertigineuse du prix du baril. Des mesures draconiennes devraient être prises pour faire face à cette situation qui, il est vrai, est d’abord exogène.

Mais pourtant, ce ne sont pas les occasions d’un retour rapide à l’orthodoxie qui ont manqué. Selon Emmanuel Ntoutoume Ndong, économiste et inspecteur général des Finances, «dès février 2013, le Fonds monétaire international (FMI) recommandait fermement au Gouvernement gabonais de mettre en oeuvre une politique budgétaire plus prudente ; le FMI pointait comme point négatif les difficultés d’accès des PME aux financements et la trop forte dépendance à l’égard du pétrole». «Toujours en 2013, poursuit cet ancien élève de l’ENA de Paris, l’agence de notation Standard and Poor’s attribuait au Gabon la note BB- avec perspectives négatives, justifiant cette décision par la mauvaise gestion des finances publiques, et estimant que le Gabon n’avait pas encore fait ses preuves en matière budgétaire et en matière de culture de paiement, et qu’il demeure trop dépendant des revenus pétroliers». Cette agence qui avait prévenu que la situation pétrolière mondiale serait «aléatoire» à partir de mars-avril 2014 avait aussi pointé du doigt le mauvais climat des affaires, la corruption, et la faiblesse de l’institution judiciaire,…

Des dépenses incompatibles avec la réalité des recettes perçues

Emmanuel Ntoutoume Ndong ajoute que «malgré ces mises en garde émanant de deux des plus grandes institutions de la planète, malgré les rappels à l’ordre récurrents de la Cour des Comptes, le Gouvernement a maintenu une politique budgétaire absurde, fondée sur des hypothèses macroéconomiques irréalistes, le tout couronné par une gestion catastrophique des finances publiques» au lieu de se préparer à cette chute des cours du pétrole qui se profilait à l’horizon. L’économiste en conclut : «on sait ce qu’il en est advenu, notre pays paie aujourd’hui le prix de cette désinvolture budgétaire qui a conduit le gouvernement à engager des dépenses incompatibles avec la réalité des recettes perçues». Pour lui, «la mauvaise gouvernance financière dénoncée sous le père par des observateurs s’est aggravée sous le «fils» avec, en prime, une politique économique chaotique qui ne semble avoir ni tête, ni queue». Même si certains hauts fonctionnaires du ministère de l’Economie sont loin de partager ce constat qualifié de «sévère», il reste que le niveau atteint par le prix du baril depuis le 5 janvier fait frémir certains opérateurs économiques gabonais qui ont conclu des marchés avec l’Etat.

Mettre en œuvre des mesures pour enrayer les effets de la crise due à la chute des cours du pétrole

Dans tous les cas, avec l’effondrement prévisible des recettes et son incidence sur les ressources globales de l’Etat, Daniel Ona Ondo, «la perle rare», et son Gouvernement se trouvent à un moment crucial de l’histoire de notre pays. Aujourd’hui, ils doivent pouvoir assurer le maintien des équilibres macroéconomiques et la persistance d’une croissance forte. Le chef du Gouvernement a toujours dit que le Gabon disposait de suffisamment d’atouts pour faire face à des crises. Il doit à présent prendre des mesures destinées à enrayer les conséquences que ne manqueraient pas de subir les recettes globales du pays. Il doit surtout tirer les leçons de la précédente crise financière qu’a vécue le Gabon au milieu de la décennie 80.

Le Gabon avait mis huit ans pour se relever de la dernière crise financière à laquelle il a été confronté -celle de 1986 marquée, elle aussi, par une baisse du cours du pétrole dont le Gouvernement de l’époque n’avait pu anticiper la survenance.

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