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Ali Bongo à Rio : «Je suis là, et je resterai là, je ne partirai pas !»

Ali Bongo, le 11 avril 2015 au carrefour Rio. © DCP-Gabo
Ali Bongo, le 11 avril 2015 au carrefour Rio. © DCP-Gabo
Est-ce démocratique de dire «je suis la, et je resterai la, je ne partirai pas» ? Les observateurs présents à la marche pour la paix ont noté que les propos d’Ali Bongo n’allaient pas dans le sens de la consolidation de la démocratie, du respect de la vérité des urnes, et que l’on se croirait à une phase de préparation d’un coup d’Etat électoral en août 2016. On imagine mal en effet un chef d’Etat de pays dit démocratique, en France ou aux Etats-Unis, tenir un tel discours.

Ce n’est pas tout à fait éberlués, surpris ou étonnés que certains observateurs ont suivi la déclaration d’Ali Bongo ! Dire devant l’opinion que «je suis là, et je resterai là, je ne partirai pas, je suis là pour développer le pays», a confirmé chez certains d’entre eux que l’hôte du palais du Bord de mer n’en démord pas : il tient à rester «coûte que coûte» au pouvoir malgré son bilan mitigé (en dehors de la route du sud et de la route Port-Gentil – Omboué qui devrait être livré en 2019, que de chantiers à l’arrêt ou tournant au ralenti, que de projets quasi abandonnés, dont celui de la Zone économique spéciale de Nkok où ne fonctionnent que la chaudronnerie et le séchoir, et dont le Champ Triomphal pourrait à lui seul symboliser l’échec du septennat en cours). Ces propos d’un chef d’Etat d’Afrique centrale -lieu de prédilection des coups d’Etat électoraux et de toutes les falsifications – ne montraient pas chez Ali Bongo une grande volonté d’accepter le verdict des urnes en août 2016 au cas où il perdrait.

D’autres observateurs ont dit leur déception. Au lieu de régler, avec son gouvernement, la crise sociale qui s’enlise au Gabon avec une administration «absente» à 80%, le chef de l’Etat pense (déjà ?) plutôt à la prochaine élection présidentielle. À lui qui aime tant citer les hommes politiques étrangers, on pourrait rappeler que l’un d’entre eux a déclaré : «les hommes politiques pensent à la prochaine élection, les hommes d’Etat pensent au pays». En tout cas, c’est la preuve, selon les commentateurs, que si dans les pays démocratiques, le vainqueur d’une élection n’est jamais connu d’avance, au Gabon, le «vainqueur» d’une élection présidentielle – un scrutin majeur généralement imprévisible – peut être connu seize mois avant la tenue du scrutin…

D’une manière générale, l’opinion porte de nombreux griefs à la gouvernance actuelle. Les scandales financiers révélés par voie de presse ces dernières semaines donnent au régime Ali Bongo une image plutôt désastreuse. Le chef de l’Etat est en effet perçu par une bonne frange de la population comme «le symbole du maintien au pouvoir d’un régime de prédation des finances publiques, d’un régime de pillage des ressources du pays», en place depuis près de cinquante ans. Un régime de «sexe, mensonges et bling bling» ! Des propos plutôt modérés de la part d’Ali Bongo auraient certainement reçu un meilleur accueil auprès de l’opinion. Hélas !

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