Quelques heures après l’annonce du décès d’André Mba Obame, l’escalade que beaucoup craignaient n’a malheureusement pas pu être évitée. Alors que les leaders de l’Union nationale (UN), à l’instar de Zacharie Myboto et de nombreux acteurs de l’opposition gabonaise ont convergé vers la demeure de l’aîné du disparu, sise au premier arrondissement de Libreville, au siège du parti politique dont André Mba Obame était l’un des chefs de file, se déroulait une toute autre activité. Celle-ci était diamétralement opposée à la sérénité et au calme observés au lieu de la veillée mortuaire : une dizaine de jeunes gabonais a décidé de fermer le boulevard Léon Mba, au niveau du carrefour de l’Ancienne Sobraga. Une bien curieuse façon d’exprimer leur chagrin.
Interrogés sur les raisons de ce mouvement, la dizaine de jeunes initiateurs semblait parfaitement consciente mais ne mesurait pas l’impact de leur manifestation qui n’a pas tardé à déraper. «Nous manifestons pour exprimer notre colère après l’assassinat d’André Mba Obame par le pouvoir en place», a justifié l’un d’eux, se réclamant d’un mouvement de jeunes de l’opposition. Pour ce jeune qui a dit manifester contre «un pouvoir détenu par des étrangers, qui tue chaque jour des citoyens gabonais, aussi bien pour des besoins fétichistes que pour les écarter en tant qu’adversaires», le décès de l’ancien secrétaire exécutif de l’UN devrait interroger chaque Gabonais. Et un autre de lancer : «Ce n’est pas une manifestation de colère initiée par les jeunes de l’UN mais plutôt par la jeunesse gabonaise qui en a marre !»
Visiblement plus déterminé, le premier, avant d’aller à l’assaut d’un véhicule qui tentait de forcer les barricades sur la voie, a déclaré : «Désormais, plus aucun étranger, notamment les ressortissants béninois, n’aura de répit dans ce pays. Ils devront tous rendre des comptes, en commençant par le gourou d’Ali Bongo, son directeur de cabinet, Maixent Accrombessi, qui a contribué à l’assassinat d’AMO». Un discours qui est loin de cadrer avec l’appel au calme lancé par Zacharie Myboto et d’autres leaders de l’opposition, tentant d’éviter l’escalade et toute forme de récupération.
Une autre manifestation s’est déclarée au quartier dit Derrière-l’Ecole-Normale où le bâtiment à un niveau abritant l’ambassade du Bénin au Gabon a été incendié par des quidams en colère. Les pompiers arrivés sur les lieux n’ont rien pu sauver des flammes, la chancellerie était déjà partie en fumée. Le quartier a été ensuite bouclé par les forces de l’ordre et les manifestants s’étaient déjà évanouis dans la nature. Cette furie contre la représentation diplomatique du Bénin était visiblement liée à une aversion de Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président de la République, d’origine béninoise, que l’on affuble de tous les péchés d’Israël.
